Nommé jeudi, l’ancien
négociateur du Brexit avait participé au projet de Constitution de l’Union
européenne. En 2021, pourtant, il souhaitait instaurer un « bouclier institutionnel »
permettant de détourner les institutions communautaires.
Presque deux mois après le
second tour des élections législatives et 51 jours après la démission du
gouvernement Attal, la France a
enfin un Premier ministre, en la personne de Michel Barnier. Adhérent à
droite dès l’adolescence, il a fait partie de l’Union des démocrates pour la
République (UDR, aujourd’hui les Républicains).
Contre la peine de mort en
1981
En 1978, il est élu député de
la Savoie. Durant son premier mandat (il en fera cinq, entre 1978 et 1993), il
vote avec son parti contre la fin de la discrimination de l’âge du consentement
entre rapports homosexuels et hétérosexuels, proposée et adoptée par la gauche
en 1981. La même année, il se positionne contre la ligne de son groupe politique
et vote, avec dix autres députés du RPR, l’abolition de la peine de mort.
Très engagé dans la construction
européenne, après un passage au ministère chargé des Affaires européennes entre
1995 et 1997, il est désigné le 14 décembre 2001 coreprésentant de la
Commission européenne au sein du Présidium de la Convention sur l’avenir de l’Europe,
convention chargée d’élaborer une proposition de Constitution pour l’Union
européenne. La première ébauche est dévoilée en juin 2003, et sera en grande
partie reprise dans le traité de Rome, finalement jamais appliqué après le
rejet par référendum.
En 2016, après le référendum
britannique actant le Brexit, il devient négociateur en chef pour l’Union
européenne. Dans ce cadre, il participe à la création d’un tribunal d’arbitrage
indépendant appelé à se prononcer en cas de désaccord.
Pendant la primaire de la
droite, une volonté de détourner les institutions européennes
Il est de retour en politique
nationale en 2021, où il brigue l’investiture des Républicains pour la
présidentielle. Dans ce cadre, il fait plusieurs propositions qui vont choquer
Bruxelles. Le 9 septembre, il annonce souhaiter instaurer par référendum « un
bouclier constitutionnel » afin que la France retrouve « sa
souveraineté juridique » et de pouvoir durcir les textes sur l’immigration,
notamment la limitation drastique du regroupement familial, la facilitation des
expulsions et la fin des « régularisations massives de sans-papier ».
Un bouclier qui doit permettre d’éviter que les dirigeants français ne soient «
menacés en permanence d’un arrêt ou d’une condamnation » en
provenance d’institutions communautaires.
« Nous avons affaire
depuis une vingtaine d’années à une accumulation de jurisprudences européennes
(la Convention européenne des droits de l’homme, la Cour de justice) et nationales
(le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État) qui peuvent nous interdire de
prendre les mesures dont nous avons besoin », plaide-t-il lors d’un
débat.
Il assure par ailleurs que « la
Constitution [française] est supérieure » aux traités européens :
« Il n'y a pas de traités européens ratifiés en France en contradiction
avec la Constitution. Et quand il y a une contradiction, on change la
Constitution. »
De telles idées pourraient être
compatibles avec l’obtention de la confiance de l’Assemblée nationale ?
Réponse très prochainement : la rentrée de la chambre basse doit avoir lieu le 1er
octobre.
Alexis
Duvauchelle