DROIT

Première vice-présidence de la Conférence des bâtonniers : trois candidats pour « redorer » l’Ordinalité

Première vice-présidence de la Conférence des bâtonniers : trois candidats pour « redorer » l’Ordinalité
Publié le 03/06/2023 à 10:00

Le 23 juin prochain, les bâtonniers seront appelés à élire le nouveau vice-président de la Conférence parmi Bruno Carriou, Jean-Raphaël Fernandez et Olivier Fontibus, pour une prise de fonction le 1er janvier 2024. Le JSS fait le point sur leurs ambitions respectives.

Les élections à la première vice-présidence de la Conférence des bâtonniers arrive à grands pas, l’occasion de faire un point sur la profession de foi des trois candidats en lice, à savoir, par ordre alphabétique, les avocats Bruno Carriou (barreau de Nantes), Jean-Raphaël Fernandez (barreau de Marseille), et Olivier Fontibus (barreau de Versailles).

Ces derniers se verront départagés par les bâtonniers lors des prochaines élections qui se dérouleront le 23 juin, afin de succéder à l’actuel président Bruno Blanquer, le 1er janvier 2024.

Bruno Carriou : instaurer une consultation régulière des bâtonniers

Parmi le trio de candidats à l’élection pour la première vice-présidence de la Conférence des bâtonniers, l’on retrouve donc Bruno Carriou.

Avocat spécialisé en droit du travail au barreau de Nantes depuis 1996, ce dernier a multiplié les casquettes en occupant notamment la fonction de bâtonnier en 2019 et 2020 avant de devenir membre du bureau de la Conférence nationale des bâtonniers l’année suivante. Une expérience qui lui a donné l’envie « de proposer un projet pour [la] Conférence pour les années 2024-2025 » explique-t-il dans sa profession de foi.

À ce titre, Bruno Carriou souhaite que la Conférence continue de défendre l’ordinalité, sa « boussole », lui qui prône que « La Conférence doit être le moteur du dynamisme ordinal et accompagner celui des barreaux. » Pour ce faire, le candidat souhaite instaurer une consultation régulière – et numérique - des bâtonniers afin de recueillir les positions de chaque Ordre, la Conférence étant leur porte-parole. Il indique également vouloir être vigilant quant à l’équilibre de l’institution tout en renforçant sa place au sein des organes techniques de la profession, notamment en accentuant le travail collaboratif avec l’Union nationale des CARPA (UNCA) et la CNBF (Caisse nationale des barreaux français), entre autres, afin que les Ordres disposent d’outils performants et de services utiles. Bruno Carriou entend également améliorer la communication de la Conférence sur les actions entreprises au sein des Ordres.

Par ailleurs, le candidat ambitionne de faciliter les missions des bâtonniers, ce qui passerait par un accompagnement renforcé de la part de la Conférence, mais aussi par un éclaircissement du travail des commissions, afin de « mieux répondre aux besoins d’informations » et de proposer un accès dédié aux ressources de l’institution.

Bruno Carriou mise aussi sur un renforcement du « partage des expériences et connaissances ». Il s’engage à mettre à disposition, en concertation avec les commissions, des outils « permettant à chaque bâtonnier qui le souhaite de respecter plus facilement les obligations qui lui incombent ». L’avocat dit s’engager en outre à être plus attentif à l’organisation de formations sur l’ensemble du territoire afin de « susciter des vocations » et de recruter plus d’avocats, les effectifs étant en déclin. C’est pourquoi il souhaite accompagner au mieux les mutation pour éviter des vagues de démissions de la part des avocats, « faute d’avoir trouvé les moyens de s’épanouir [dans la profession] ».

Jean-Raphaël Fernandez : « défendre le périmètre de l’avocat »

« Pour faire face [aux nouveaux] défis, nous devons nous rassembler et agir ensemble pour faire front commun. Nous devons veiller à la qualité de nos services en renforçant notre attractivité, en protégeant nos intérêts et notre indépendance. » Tels sont les termes employés en guise de propos liminaires par le second candidat à la vice-présidence Jean-Raphaël Fernandez, avocat au barreau de Marseille depuis 2002, spécialisé en droit routier et du droit immobilier. En 2021, ce dernier a été élu bâtonnier du barreau de Marseille. Durant ce mandat, il a assuré en parallèle ses fonctions de président de la Conférence régionale des bâtonniers du Grand sud-est et de la Corse.

L’avocat propose un plan axé autour de six thèmes primordiaux, dont l’humanité et l’Ordinalité. Il souhaite en particulier, annonce-t-il, fédérer la profession, en organisant par exemple des événements ponctuels qui rassembleraient les bâtonniers. Il indique vouloir également que le partage d’expérience soit plus fluide en adaptant la profession aux nouveaux enjeux technologiques notamment, estimant qu’« aucun barreau ne doit subir de fracture numérique ».

Pour cela, le candidat envisage d’améliorer l’intranet pour faciliter les recherches, mais aussi faciliter la mise en commun des projets. Mais il préconise surtout la préservation de l’unité de la conférence en réorganisant les évolutions des usages et des technologies dont elle est dotée (Barreau Data system, Juris prédis).

Il s’engage également à « défendre le périmètre de l’avocat » face aux nouveau concurrents, tout en protégeant la déontologie, via la mise en place de solutions d’autorégulation et d’autodiscipline plus soutenues, ainsi que par un accompagnement des bâtonniers sur le terrain « dans le combat contre les braconniers du droit », et projette également une constitution de partie civile systématique à leurs côtés. Il affirme par ailleurs que « La Conférence doit être moteur dans la protection et le soutien des avocats » pour assurer et renforcer leur sécurité.

Face à la crise de l’engagement ordinal, Jean-Raphaël Fernandez propose d’ « investir les universités et toutes les écoles où le droit est enseigné pour faire savoir que la profession d’avocat a des atouts », et de promouvoir auprès des avocats les perspectives d’avenir, mais aussi de renforcer la formation des ordinaux, avec l’édition d’un guide du membre du conseil de l’Ordre (MCO), par exemple. Quant aux professionnels déjà installés, il souhaite lui aussi favoriser la collaboration entre les élus via des espaces de dialogues et de travail en commun. Dans le même sens, il préconise la création d’une interconnexion entre les groupes de travail pour renforcer les échanges périodiques.

Olivier Fontibus : mettre en place un véritable « statut de l’élu »

Parce « [s]on engagement ordinal [l]’a conduit à connaitre [les] institutions et à assumer un nombre de responsabilités locales et nationales », le doyen du trio Olivier Fontibus soumet lui aussi sa candidature à la vice-présidence.

En effet, l’avocat au barreau de Versailles depuis plus de 35 ans entend « faire vivre, défendre et promouvoir » la Conférence des bâtonniers à travers un mandat qu’il remportera peut-être en juin 2023.

S’il est élu, l’avocat spécialiste en droit social et membre du CNB depuis 2018 veut rendre l’Ordinalité plus attractive, « les vocations ordinales se raréfi[ant] ». Il indique vouloir lui redonner du sens en mettant en place un véritable « statut de l’élu ». Des travaux sont actuellement en cours et seront, il l’espère, « très riches d’enseignements ». Le candidat entend aussi simplifier le mode électoral, notamment en ce qui concerne l’instauration du système du « binôme » qui, estime-t-il, « a rendu encore plus difficile pour [ses] confrères le passage à l’acte que représente une candidature à une élection », préconisant l’instauration d’un système des deux collèges.

De plus, Olivier Fontibus souhaite mieux associer et former les membres du Conseil de l’Ordre ainsi que les avocats honoraires volontaires auprès des bâtonniers. En ce sens, il compte rendre les formation plus simples et accessibles à tous, certains Ordres ne pouvant prendre en charge les frais afférents aux déplacements de leurs confrères. Une question d’autant plus importante pour les confrères ultra-marins précise-t-il. C’est pourquoi il propose un système de prise en charge des frais liés aux formations ordinales, mais aussi en les développant à distance, les formations décentralisées actuelles étant d’ailleurs « appréciées à leur juste valeur ».

En outre, développer de nouveaux outils pour permettre aux Ordres « d’assurer pleinement et plus facilement leurs missions » fait partie des ambitions du candidat, qui souhaite inciter les Conférences régionales à prendre des initiatives en ce sens et donner de la visibilité au logiciel BarOtech, outil destiné à faciliter la vie des bâtonniers, que l’avocat estime être « une excellente initiative ».

Sur la question de l’accès au droit, Olivier Fontibus affirme qu’il sera vigilant quant à la préservation de l’accès au droit pour tous, tout en menant le combat « pour une aide juridictionnelle de qualité qui ne doit pas se développer au détriment de l’avocat ».

Allison Vaslin

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