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Revue Justice & Cassation 2024 : le verdissement du droit dans le viseur

Revue Justice & Cassation 2024 : le verdissement du droit dans le viseur
Publié le 10/12/2024 à 14:30

Droits des générations futures, implantations d’éoliennes ou encore espèces protégées, la Revue Justice & Cassation de cette année, consacrée à l'environnement, parcourt un champ multidimensionnel. Preuve que le droit « se saisit des enjeux environnementaux », comme l'a souligné François Guy Trébulle, auteur des conclusions de ce travail présenté jeudi 28 novembre. 

Une édition très « verte ». Le 28 novembre dernier, Thomas Lyon-Caen, président des avocats au Conseil d'état et à la Cour de cassation, a présenté le vingtième numéro de la revue Justice & cassation, consacré au thème de l'environnement et paru le 3 octobre dernier, dont il a par ailleurs rédigé l'édito. Ce, en présence des auteurs et avec le concours du professeur François Guy Trébulle, auteur des conclusions de ce travail collectif et professeur à l'école de droit de la Sorbonne.

Chaque année, l’Ordre des avocats aux conseils publie en effet, aux éditions Dalloz, une revue porteuse d’un dossier thématique offrant, « à travers un ensemble d’articles écrits par des membres du Conseil d’État, des magistrats de la Cour de cassation, des professeurs de droit et des avocats aux conseils, un regard transversal sur des notions centrales du droit » et présentant une sélection de décisions des Cours suprêmes ayant marqué l’année écoulée, éclairées par des conclusions de rapporteurs publics, des rapports et des avis d’avocats généraux.

Parmi les sujets abordés cette année, le devoir de vigilance environnementale des entreprises, le contentieux climatique, les droits des générations futures ou encore l’éolien étaient au cœur du vaste panorama couvert par ce nouveau cru.  

« Le droit de l'environnement se déploie partout »

Pour Thomas Lyon-Caen, les coauteurs ont tenté « de saisir le phénomène de verdissement du droit ». Un thème quotidien extrêmement porteur qui « ignore les frontières entre le droit public, le droit privé, le droit pénal », note-t-il.

François Guy Trébulle observe une triple crise environnementale qui cumule le réchauffement climatique, la pollution et la perte de biodiversité. Le droit « se saisit des enjeux environnementaux », constate-t-il, et compte au nombre des moyens de lutte contre cette crise protéiforme. « Le droit de l'environnement n'est pas d'ici. Il se déploie partout, dans tous les pays, dans toutes les matières et il est une matière sensible au dialogue des juges et, par-delà le dialogue des juges, au dialogue des droits. »

Cette matière, en plus de la connaissance juridique, fait appel à la physique, la chimie, la climatologie, la biologie, la médecine, la géographie, la sociologie, et bien d’autres domaines. Elle amène à considérer des risques identifiés, d’autres soupçonnés qu’il faut prévenir. Les dommages peuvent concerner les hommes, les animaux, la nature, ou encore ses ressources. Le professeur en déduit que « l'environnement est porteur de menaces existentielles pour tous les intérêts envisageables ».


François Guy Trébulle et Thomas Lyon-Caen

La nature connait des frontières aux interactions complexes. Elles entrainent des questions juridiques, pour la plupart, assez récentes. Cela nécessite parfois la mise en place de nouveaux outils pour assurer une forme d'harmonie entre l'homme et son environnement.

Notre quête vertueuse conduit à des transformations, notamment de l'entreprise, à des obligations. « Être une entreprise aujourd'hui n'est plus la même chose que ce que cela signifiait hier », remarque le professeur. Le contrat aussi évolue, il s’adapte aux enjeux maintenant compris, liés à l’environnement.

Carence de l'Etat

Les affaires citées dans la revue rappellent la carence de l'État en matière de climat. La durabilité interroge sur la manière de conduire les institutions publiques, les sociétés et leurs activités. Pour François Guy Trébulle, elle nous suggère « l'obligation de moyens placés dans une dynamique spatiale, une dynamique temporelle, une dynamique de performance ».

La principale leçon de la jurisprudence administrative sur le sujet est formulée par une exigence de cohérence. « Pourquoi l'État est-il condamné ? […] Parce qu'il n'est pas cohérent entre ce qu'il a dit et, finalement, ce qui n'est pas fait », retient le professeur avant de conclure par un triptyque chronologique sur l’environnement.

Tandis que le passé a des conséquences considérables et implique des responsabilités, le présent demande à chacun de faire preuve de vigilance dans son comportement pour ne pas hypothéquer l’avenir, résume François Guy Trébulle. Quant au futur, il doit déployer le principe de prévention pour se saisir des risques avant qu’ils ne se réalisent et préserver les générations suivantes.

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