Dans le
cadre de l’édition digitale du Salon international du Patrimoine culturel, du
29 au 31 octobre derniers, un Forum du patrimoine a été organisé par Ateliers
d’Art de France et le magazine Atrium, avec le
soutien de la Fondation France Bois Forêt pour notre Patrimoine. Lors de
ce forum, des conférences en ligne ont été animées par des acteurs phares du
secteur qui ont abordé de multiples sujets au cœur de l’actualité du
patrimoine. L’une d’entre elles était intitulée « Impact de la crise
sanitaire sur le patrimoine français ».
La 26e édition
du Salon international du Patrimoine culturel
devait initialement se dérouler au Carrousel du Louvre. 315 exposants et
partenaires s’y étaient inscrits. C’est finalement autour d’une version
numérique que les acteurs du patrimoine se sont retrouvés, du 29 au 31 octobre, à la Cité de l’architecture et du patrimoine, au Palais de Chaillot, à
Paris.
« Cette alternative a
pour objectif de soutenir, valoriser et rendre visibles les acteurs du
patrimoine et la richesse de leurs savoir-faire. Une visibilité qui fait défaut
aujourd’hui, dans un contexte où les annulations en chaîne de nombreux
événements et foires privent le secteur de la rencontre avec les acheteurs,
partenaires et passionnés », soulignent les organisateurs sur le site Internet de l’évènement.
L’Édition digitale du Salon international du Patrimoine culturel s’est
articulée autour de quatre axes :
•
rencontre des exposants : le salon a fait découvrir le savoir-faire de nombreux
artisans d’art, professionnels des métiers du patrimoine, collectivités,
institutions, associations ou organismes de formation via une sélection
de portraits et de visites d’ateliers, enrichie par des contenus vidéos ;
• visites
de chantiers et de monuments : l’occasion de découvrir, au travers de
vidéos, divers projets autour du patrimoine, bâti ou non bâti, portés par des
exposants, ainsi que des visites virtuelles de monuments ;
• forum
du patrimoine : l’édition digitale a proposé une série de conférences en
ligne animées par les acteurs nationaux liés au secteur. Plusieurs webinaires
organisés par l’association Sites et Cités sont également venus enrichir la
réflexion autour des enjeux liés au secteur du patrimoine ;
• remises
de prix : au terme de l’évènement, les lauréats des prix habituellement
remis lors du salon ont été dévoilés, parmi lesquels : le Prix du Patrimoine
paysager et écologique de la Fondation Etrillard, une des quatre lauréates du
Prix de la Jeune Création Métiers d’Art Ateliers d’Art de France, le lauréat
national catégorie «
Patrimoine » du concours Ateliers d’Art de
France, le Prix VMF/AAF « Métiers d’art et patrimoine bâti », etc.
Nous revenons ci-dessous sur une des conférences qui a eu lieu lors du
Forum du Patrimoine :
« Impact
de la crise sanitaire sur le patrimoine français ». Le débat a réuni sept associations reconnues
d’utilité publique, un syndicat professionnel et une fondation. Chaque
intervenant a livré son expérience de la crise, a fait des propositions ou
donné des conseils pour affronter cette période très difficile que vivent les
acteurs du patrimoine.
DES INSTITUTIONS TRÈS
DYNAMIQUES POUR LA SAUVEGARDE DE NOTRE PATRIMOINE
Comme l’a rappelé Alexandre Giuglaris, directeur des Affaires publiques à
la Fondation du Patrimoine, lors de son intervention, le patrimoine représente
500 000 emplois en France. Et si l’on élargit le spectre au
tourisme, c’est deux millions d’emplois. Le secteur est donc très dynamique
en France. Quant aux associations, elles jouent un rôle de premier plan dans la
sauvegarde du patrimoine.
Président de Vieilles Maisons Françaises (VMH), Philippe Toussaint est
ainsi à la tête d’une association qui regroupe plus de 17 000 personnes dont la moitié est propriétaire de bâtiments, protégés ou non par le statut Monuments historiques.
L’autre moitié est constituée de passionnés de patrimoine.
Olivier de Lorgevil est lui président de l’association Demeure Historique.
Il s’agit d’une association, créée en 1924, qui accompagne et conseille les
gestionnaires et propriétaires de monuments historiques. Reconnue d’utilité
publique en 1965, elle compte 3 000 adhérents.
Une des occupations essentielles de Demeure Historique consiste à
organiser des activités touristiques et économiques (ATE) pour les monuments
ouverts.
L’association relaie aussi
régulièrement les grandes campagnes de
communication institutionnelles. Cet été, par exemple, dans les départements et
les régions, Demeure Historique a soutenu le hashtag
#CetEtetJeVisiteLaFrance.
Présidente d’Ateliers d’Art de France qui regroupe 6 000
ateliers sur l’ensemble du territoire, à travers un réseau de 130 associations,
Aude Tahon précise : « Nous sommes des
acteurs de la vie locale et territoriale, nous travaillons avec un ensemble de
régions. Nous possédons des savoir-faire spécifiques et des techniques précises
longues à acquérir. » Ateliers d’Art de France couvre en effet les 16
domaines d’activité reconnus dans les textes législatifs (céramique, textile, broderie, soufflage de verre…).
Pour Aude Tahon, les métiers d’art sont attractifs et correspondent à des
valeurs de la société que la crise a révélées. Des valeurs de durabilité et de
proximité.
Julien Lacaze est lui président de Sites & Monuments. Créée en 1901,
et reconnue d’utilité publique, l’association est également agréée pour la
protection de l’environnement. Son objectif est de protéger le patrimoine
paysager, le patrimoine bâti et le patrimoine mobilier.
Olivier Lenoir, délégué général de l’Union Rempart, a ensuite présenté son
association qui, en plus d’être une institution de patrimoine, est également une association d’éducation populaire.
Union Rempart est en effet constituée d’un réseau de 180 associations locales qui ont pour ambition de faire
du patrimoine la sphère de tous, de rendre les citoyens acteurs de la
restauration, de la mise en valeur
et de la transmission du patrimoine.
« Le patrimoine est un fait de société. Un fait qui
concerne l’ensemble des citoyens »
a-t-il assuré.
Vice-présidente de Patrimoine Environnement, Christine Bru-Malgras a
expliqué que sa Fédération était issue de la fusion de deux associations : la ligue urbaine et rurale et la Fnassem (Fédération
nationale des
associations de sauvegarde et des sites et des ensembles monumentaux).
« Nous fédérons des associations locales, régionales, départementales,
mais aussi des particuliers confrontés à différentes atteintes au patrimoine »
a-t-elle précisé.
Olivier de Rohan est pour sa part président de La Sauvegarde de l’Art
Français. L’association, fêtera ses 100 ans
l’an prochain, a été créée pour faire face à la crise qui touchait le
patrimoine au lendemain de la Première Guerre mondiale. « Donc dès l’origine, nous avons existé pour répondre à des crises » a déclaré le président de l’institution. Celle-ci
est également devenue une fondation il y a deux ans.
L’association gère ainsi des patrimoines immobiliers et mobiliers, et
organise également des actions
éducatives. Sa préoccupation quotidienne
consiste à préserver l’histoire des territoires : « chaque village de France, chacune de ses églises, de ses lavoirs, de
ses calvaires… toutes ces pierres racontent l’histoire d’un peuple, d’un lieu.
Nous nous devons de les faire vivre, si nous voulons que notre histoire ne
disparaissent pas et nous avec, car un peuple sans histoire n’existe plus » a-t-il
proclamé.
L’autre préoccupation de la fondation, c’est celle de la
beauté, a ajouté Olivier de Rohan : «
qu’est-ce qui peut attirer les gens plus que de vivre dans de beaux lieux ?
»
Président de Maisons Paysannes de France, Gilles Alglaves dirige une
association qui va fêter ses 55 ans. Reconnue d’utilité publique, celle-ci
agit sur le terrain du patrimoine rural, en tentant de sensibiliser à la qualité
de ce patrimoine qui doit être transmis dans de bonnes conditions.
Pour le président, en effet, le patrimoine rural, s’il est bien géré, est
une source de développement et d’avenir.
L’association comprend 80 délégations dans chaque département. Celles-ci
militent, organisent des ateliers, des sorties découvertes, des lectures, etc.,
et essaient de tisser des partenariats avec des institutions d’importance.
L’association gère aussi un centre de formation. Les formateurs sont des
experts et des professionnels qui ont mis au point un catalogue de formations
(que l’association va essayer de vendre) consacrées à la transmission des
savoir-faire.
Enfin, Alexandre Giuglaris est directeur des Affaires publiques au sein de
la Fondation du Patrimoine.
Comme ce dernier l’a rappelé, la Fondation du Patrimoine est un organisme
particulier, car il a été créé à l’initiative du législateur. Depuis
25 ans, celle-ci se mobilise et essaie d’en faire de même avec les acteurs
du patrimoine pour financer la restauration et la valorisation du patrimoine,
en particulier le patrimoine non protégé, de proximité, ou rural.
Durant toute son existence, la Fondation a accompagné plus de 30 000
projets, grâce à l’importance du bénévolat. 80 % de ses actions concernent des communes de
moins de 2 000 habitants.
« Le patrimoine,
c’est toute une histoire, des valeurs qui forment le corps d’un pays – et Dieu
sait qu’on a besoin de ce genre de valeur en ce moment –, mais c’est aussi un
outil économique très important » a affirmé Philippe Toussaint lors de son
intervention.
La crise de la Covid-19 a cependant porté un coup rude à notre patrimoine,
à cet ensemble que des millions de touristes viennent normalement visiter
chaque année.
