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Succession : la liste des indignités successorales rallongée

Succession : la liste des indignités successorales rallongée
Publié le 31/08/2020 à 17:07

Selon le Code civil, certaines personnes ne sont pas dignes d’hériter, et la liste des indignités successorales a été rallongée le 1er août 2020, avec notamment les condamnés pour viol et violences volontaires envers le défunt.

 

En France, le droit des successions prévoit des cas dans lesquels des individus, qui devraient en principe pouvoir hériter, sont exclus par le jeu de l’indignité successorale. Depuis le 1er juillet 2002, l’article 727 du Code civil dispose que peuvent être déclarés indignes d’une succession :

« 1° Celui qui est condamné, comme auteur ou complice, à une peine correctionnelle pour avoir volontairement donné ou tenté de donner la mort au défunt ;

2° Celui qui est condamné, comme auteur ou complice, à une peine correctionnelle pour avoir volontairement commis des violences ayant entraîné la mort du défunt sans intention de la donner ;

3° Celui qui est condamné pour témoignage mensonger porté contre le défunt dans une procédure criminelle ;

4° Celui qui est condamné pour s’être volontairement abstenu d’empêcher soit un crime soit un délit contre l’intégrité corporelle du défunt d’où il est résulté la mort, alors qu’il pouvait le faire sans risque pour lui ou pour les tiers ;

5° Celui qui est condamné pour dénonciation calomnieuse contre le défunt lorsque, pour les faits dénoncés, une peine criminelle était encourue.

Peuvent également être déclarés indignes de succéder ceux qui ont commis les actes mentionnés aux 1° et 2° et à l’égard desquels, en raison de leur décès, l’action publique n’a pas pu être exercée ou s’est éteinte. »

La loi n°2020-936 du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales, entrée en vigueur le 1er aout 2020, a rallongé la liste des indignités successorales prévues à l’article 727, avec l’ajout par exemple des condamnations pour viol et violences volontaires envers la personne qui vient de mourir. Sera donc désormais privé de succession :

« 2° bis Celui qui est condamné, comme auteur ou complice, à une peine criminelle ou correctionnelle pour avoir commis des tortures et actes de barbarie, des violences volontaires, un viol ou une agression sexuelle envers le défunt ».

Tous ces actes entraînent automatiquement une indignité successorale, sans recours possible, que la peine soit criminelle ou correctionnelle : un enfant condamné pour avoir frappé un de ses parents ; un parent condamné pour viol ou abus sexuel sur son enfant, un conjoint condamné pour avoir battu l’autre membre du couple (cette disposition ne concerne que les couples mariés, car seul le mari ou la femme est un héritier légal).

Le rajout qui a été fait le 1er aout 2020 devrait donc rendre plus fréquente cette sanction d’indignité qui était plutôt rare autrefois. Avant cette modification, une personne condamnée pour avoir violé ou battu sa femme ou son mari sans l’avoir tué(e) pouvait hériter si celle-ci ou celui-ci mourait avant elle, et ne pouvait même pas être écartée de la succession par testament. Il reste que le défunt peut autoriser la personne exclue de la succession pour indignité à recevoir sa part d’héritage en « relevant » l’indignité. Pour cela, il doit formuler sa volonté dans son testament, après avoir eu connaissance des faits.

Maria-Angélica Bailly

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