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Unbottled, la nouvelle marque zéro déchet décalé

Unbottled, la nouvelle marque zéro déchet décalé
Publié le 28/05/2020 à 09:59


Unbottled, la nouvelle marque zéro déchet décalée, lauréate de Réseau Entreprendre Seine-Saint-Denis 2020

Unbottled s’est donné un objectif, pour ne pas dire un combat : libérer nos salles de bain du plastique et nos corps de produits chimiques – le tout avec le sourire. La marque propose des produits d’hygiène solides, vegan, made in France et biodégradables ainsi qu’une nouvelle vision de l’écologie plus positive et moins anxiogène. Rencontre avec sa co-fondatrice, lauréate de Réseau Entreprendre Seine-Saint-Denis 2020.


Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Sarah Pouchet, j’ai 31 ans et je suis la co-fondatrice d’Unbottled.co. Je fais partie de cette génération Y qui rêve à la fois d’indépendance et de sauver le monde. J’ai eu un parcours académique et professionnel assez classiques jusqu’à mes 30 ans, et puis tout a basculé : je me suis rendu compte que gravir les échelons de la grande entreprise pour laquelle je travaillais ne me faisait pas du tout rêver. La crise de la trentaine sans doute ? 

Alors, après six ans d’expérience en marketing dans l’univers de la beauté, j’ai décidé de prendre mon destin en main et de voler de mes propres ailes. Mais je ne savais absolument pas par où commencer pour me lancer dans le vaste monde de l’entrepreneuriat. C’est pourquoi je suis d’abord partie en voyage à la rencontre de créateurs d’entreprises que j’ai interviewés dans le cadre d’un podcast (Jump). Pendant six mois, j’ai descendu le continent du Nord au Sud et je me suis nourrie et inspirée de toutes les initiatives que j’y ai vues. 


Quand et comment est né Unbottled ?

Pendant mon voyage, j’ai découvert de nombreux projets engagés dans l’écologie et l’économie circulaire. À titre personnel, j’ai aussi pris conscience de tous les produits d’hygiène que j’achetais et jetais à chaque nouvelle destination. Alors à mon retour, c’est tout naturellement que j’ai décidé de m’attaquer à l’industrie cosmétique que je connais très bien et dont l’impact en termes de pollution est considérable – on parle de 80 milliards de bouteilles en plastique jetées chaque année dans les salles de bain. Ça paraît aberrant mais je me suis aussi aperçue que les produits cosmétiques solides sans emballage avaient encore assez mauvaise réputation, considérés comme moins efficaces, moins agréables à utiliser et moins pratiques que leurs homologues liquides. C’est pourquoi avec Benjamin, mon associé, on a décidé de lancer Unbottled, pour faire mentir toutes ces idées reçues ! 


Quels cosmétiques proposez-vous et comment vos produits sont-ils conçus ?

Nous proposerons, à partir de juin 2020, trois produits (un shampoing solide, un nettoyant pour le corps et un nettoyant pour le visage) vendus sur notre site Internet www.unbottled.co. Nous avons longuement travaillé sur les formules pour qu’elles soient aussi efficaces et agréables à utiliser que des produits en bouteille, le plastique et les produits chimiques en moins. Nous avons donc veillé à ce que nos trois produits moussent beaucoup, sentent très bon et n’assèchent ni la peau ni les cheveux. Les parfums 100 % naturels ont été développés par un parfumeur expert. Par ailleurs, nous parlons de nettoyant et non de savon, car ce sont des formules au pH neutre qui respectent au mieux l’équilibre de la peau. Nos produits sont fabriqués dans le Sud de la France à partir de matières premières dont nous garantissons la qualité et la traçabilité. 


Quelle est votre principale cible ? 

Nous nous adressons à un consommateur engagé mais exigeant. Nos produits sont universels (tous types de peaux et de cheveux) et mixtes. Nous ciblons donc toutes celles et ceux qui ont envie de progressivement changer leurs habitudes pour la planète, sans être prêts pour autant à tous les sacrifices possibles. Celles et ceux qui font leurs courses dans des sacs en tissu, possèdent peut-être une gourde ou une brosse à dent en bambou, préfèrent le train à l’avion mais accordent tout de même de l’importance à la performance et à l’expérience d’un produit cosmétique. Notre marque a par ailleurs pour mission de renouveler le discours sur l’écologie de manière plus positive et moins anxiogène. Nous refusons le marketing de la peur et souhaitons au contraire éduquer et faire réagir par l’humour. 


Vous avez récemment reçu le prix Réseau Entreprendre 93. De quoi s’agit-il ? Quelle aide avez-vous reçue ? 

Le Réseau entreprendre est un réseau national d’entrepreneurs qui a des antennes dans chaque département. C’est avant tout un réseau d’entre-aide pour échanger entre créateurs d’entreprises sur des problématiques communes. Cela permet de se sentir moins seuls dans ses galères, et, sur le plus long terme, d’accompagner des nouveaux projets. Nous avons reçu un prêt d’honneur qui va nous permettre de recruter et d’investir pour notre développement dans les prochains mois.


On estime à 75 000 tonnes le poids des emballages de produits cosmétiques et d’hygiènes jetés chaque année en France (IPSOS, mars 2010). Comment expliquez-vous que le virage écologique peine encore à se mettre en place ?  

Le problème des questions environnementales, c’est qu’elles semblent lointaines et qu’elles nous touchent tous en tant que communauté, mais pas (encore) à l’échelle individuelle. On peut donc facilement se dire que quelqu’un va s’en occuper à notre place et/ou qu’on est trop petit pour faire la différence tout seul. Par ailleurs, les enjeux sont tels qu’ils requièrent des changements à très grande échelle et une coopération approfondie entre les pays qui, on le voit, est très compliquée à mettre en place. À l’avenir, beaucoup de secteurs économiques vont devoir complètement revoir leur manière d’opérer ou même disparaître, ce qui évidemment ne les arrange pas. Mais heureusement, la société civile s’empare de plus en plus de ce sujet, alors il y a fort à parier que l’offre va devoir s’adapter à la demande… Unbottled en est la preuve !

Toutefois, certaines initiatives sont à noter : depuis le janvier 2020, les cotons-tiges en plastique ne sont plus commercialisés en France. Quelles autres actions souhaiteriez-vous voir apparaître ? 

Le plus important pour nous, c’est la fin du plastique à usage unique qui a été votée à l’horizon 2040. C’est loin, mais c’est mieux que rien. L’autre question est évidemment celle de l’énergie et des transports. Des taxes sur les énergies les plus polluantes comme le kérosène par exemple nous semblent être inévitables. Et à l’inverse, des subventions pour les entreprises qui font des efforts pour réduire leur empreinte carbone seraient également bienvenues, car ces changements ont un coût ! 


Savon solide, gant de toilette, rasoir réutilisable… Après une vague de plastique envahissant nos salles de bain, nos habitudes hygiéniques ne sont-elles pas, en 2020, en train de redevenir ironiquement celles de nos grands-mères ? 

Oui et non ! Certes on abandonne l’usage unique pour des produits réutilisables, mais on voit par exemple qu’on ne revient pas au savon de Marseille non plus. On développe aujourd’hui des formules sans emballage mais plus douces pour la peau et les cheveux. Idem pour les rasoirs : les nouveaux rasoirs réutilisables n’ont rien à voir en termes de design et de sécurité avec ceux de nos grand-mères. Et il y a également des innovations, par exemple pour les protections périodiques, les cups en silicone sont beaucoup plus écologiques et n’existaient pas il y a quelques années. Les industriels ont fait beaucoup pour nous convaincre que le plastique jetable était la meilleure solution, mais il existe aujourd’hui des alternatives pour le remplacer sans trop de sacrifices, ni d’un point de vue performance produit, ni d’un point de vue praticité.


Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaiteraient mettre en place une salle de bain « zéro déchet » ?

Le premier conseil, c’est évidemment de passer aux produits solides sous la douche ! Ensuite, les autres étapes très faciles à mettre en place sont : la brosse à dent en bambou et les cotons démaquillants réutilisables ou l’éponge de konjac. Après, il y a bien sur d’autres types de produits solides (déodorant, dentifrice…) ou même les produits maison qu’on fabrique soi-même et dont la popularité est grandissante.


Enfin, quels sont vos projets à moyen et long terme ? 

Dans un premier temps, nous souhaitons faire d’Unbottled la référence en matière de cosmétiques solides et proposer une large gamme de produits. Nous envisageons ensuite d’ouvrir nos propres boutiques et d’y proposer des produits en vrac et des matières premières brutes pour fabriquer ses produits soi-même, ainsi que des ateliers.



Propos recueillis par Constance Périn 



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