Jacques Potdevin, président du réseau de cabinets
d’expertise comptable JPA international, a donné sa traditionnelle conférence
de rentrée fiscale et sociale, le 24 janvier dernier, avec les membres de son
équipe. Sont intervenus à cette occasion Charlotte Parrot, avocate diplômée
spécialiste de droit social et de responsabilité sociétale ; Hervé Puteaux,
directeur général international et président de la société d’audit légal du
groupe JPA ; et Damien Potdevin, président de JPA groupe et de JPA
association.
Charlotte Parrot a commencé
son propos par les mesures d’urgence.
Le pass vaccinal a été
adopté le 24 janvier et le protocole sanitaire a été mis à jour. Depuis le
2 février, le télétravail n’est plus obligatoire mais recommandé. Il appartient
aux entreprises de définir son niveau d’usage en concertation avec les
partenaires sociaux. Pour faire face à la pandémie, l’état d’urgence sanitaire
a été prolongé jusqu’au 31 juillet 2022. Les entreprises peuvent continuer à
mobiliser le mécanisme d’activité partielle et celui d’activité partielle
longue durée. Le gouvernement est habilité jusqu’à fin juillet à les adapter
par voie d’ordonnance. Dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité
sociale, l’employeur a la possibilité de compléter les indemnités versées aux
salariés en activité partielle et ce en exonération de charges sociales et
d’impôt dans certaines conditions. La loi de finances a pérennisé des
dispositifs comme la prise en charge des heures supplémentaires structurelles,
ou celle, par exemple, de salariés qui ne sont pas soumis à la durée du travail
(journaliste, pigiste, contrat de professionnalisation…). Deuxième type de
mesures, les aides au paiement des cotisations patronales. Ainsi, les aides
Covid 2 et Covid 3 peuvent être imputées sur les cotisations sociales qui
seront dues à compter de 2022. On retrouve également, pour les salariés qui
seraient atteints par la Covid, des arrêts maladie dérogatoires pris en charge
sans délai de carence avec un complément de salaire versé par l'employeur. Pour
les salariés handicapés, l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des
personnes handicapées (AGEFIPH) prolonge les aides exceptionnelles jusqu’à la
fin du mois de février 2022. Dans le cadre des mesures « coup de
pouce » à destination des salariés, les entreprises peuvent distribuer des
aides. Elles ont la possibilité de verser 250 euros de chèques cadeaux aux
salariés en exonération de charges sociales et d’impôt. Jusqu'à la fin du mois
de février, les salariés peuvent continuer à utiliser leur chèque restaurant, y
compris les jours fériés et les dimanches à hauteur de 38 euros par jour. La
loi de finances prévoit une mesure en faveur des salariés en contact direct
avec la clientèle et qui pourraient percevoir des pourboires. Concernant ces
pourboires versés en 2022/2023, si le salarié a une rémunération inférieure à
1,5 fois le SMIC, ils sont exonérés de charges sociales et d’impôt. Enfin,
jusqu'à la fin du mois de mars 2022, il est possible de verser la prime de
pouvoir d'achat (1 000 euros ou 2 000 euros) en exonération
de charges sociales et d'impôts pour les salariés qui touchent moins de 3 SMIC
par an. Pour les entreprises, jusqu'à fin juin, l’aide à l’embauche des
apprentis ou des contrats de professionnalisation est maintenue à hauteur de
8 000 euros pour un salarié majeur, et de 5 000 euros pour
un mineur. Un dispositif particulier a été adapté avec Pôle emploi pour les
demandeurs d'emploi âgé de moins de 30 ans jusqu'à la fin de l'année. Les
entreprises peuvent également recourir aux emplois francs qui permettent
l'embauche en CDD ou CDI de salariés, soit demandeurs d'emploi, soit résidant
dans les quartiers prioritaires de la ville. Cette aide peut aller jusqu'à
15 000 euros sur trois ans. Par souci de stabilité, la loi de finances
maintient jusqu'à la fin de l'année 2023 les dispositifs zonés de soutien aux
territoires en difficulté.
Les secteurs les plus
touchés, S1, S1 bis (hôtellerie, restauration, traiteur, événementiel, agence
de voyage, discothèque) bénéficient toujours d’aides pour compenser les
obligations de fermeture, et de jauge. Celles-ci font en sorte que les manques
à gagner en matière de chiffre d'affaires soient compensés par le soutien de
l'État alors que les charges fixes restent à payer quoi qu'il en soit.
L’ensemble de ces dispositifs nécessitent de considérer quelques critères. Il
s’agit de comparer les données par rapport à celles de 2019, avant crise, et de
tenir compte de l'ancienneté de la société. D'une manière générale, les
dispositifs concernent les entreprises de moins de 250 salariés. Les
entrepreneurs éligibles peuvent faire leur demande jusqu’au 6 mars 2022. Le
prêt garanti par l’État (PGE) a été reporté d'un an pour permettre le
remboursement en avril 2022. Cependant, pour les petites entreprises en
situation grave de tension de trésorerie, un allongement des délais de
remboursement est envisageable, le faisant passer de six à dix ans. Il faut
passer par la médiation du crédit avec sa banque pour réclamer cette
prorogation. Les associations employeurs connaissant des difficultés de
paiement peuvent profiter des mêmes facilités.
Fiscalité des particuliers
« 2022,
année d'élection présidentielle, la loi de finances se montre assez modeste »
constate Jacques Potdevin. Comme tous les ans, les tranches du barème sur
l’impôt sur le revenu (IR) augmentent. La revalorisation est de 1,4 %,
inférieure à l'inflation. S’agissant des dirigeants, la cession est facilitée.
Existait
un abattement total de plus-value lors du départ à la retraite d’un dirigeant
sur les cessions de société inférieures à 300 000 euros ; ce seuil
est maintenant passé à 500 000 euros. De plus, est instaurée une
exonération partielle pour les cessions entre 500 000 euros et 1 million.
Autre point, pour les dirigeants partis à la retraite entre le 1er janvier
2019 et le 31 décembre 2021, un allongement d’un an de la période de
transmission (normalement de deux ans) a été décidé.
Évidemment,
tout ce qui concerne les actifs numériques, en cas de plus-values, n’échappe
pas aux impôts. Soit il s’agit de plus-values occasionnelles et elles sont
assujetties à la flat tax, comme des actions. Le taux forfaitaire (BIC) s’élève
alors à 30 % composé d'impôt pour 12,8 % et pour le reste de CSG et
de CRDS, sauf en cas de régime progressif. Soit les plus-values ont un caractère
professionnel et sont taxées au titre des bénéfices non commerciaux (voir notre
article p.12). Les activités professionnelles, comme pour les actions, se
conçoivent en cas de commerce régulier de crypto-actifs. Les crédits d'impôt
sont reconduits, notamment en ce qui concerne les financements et les prêts à
taux zéro (PTZ). Les plafonds pour travaux liés à la protection de
l'environnement sont passés de 30 000 à 50 000 euros, et tous ces
systèmes sont prolongés jusqu'au 31 décembre 2023. Beaucoup de régimes de
faveur ont été prorogés. Les entreprises de presse bénéficient d'un report
d'échéance pour les réductions d'impôts, idem pour les locations meublées non
professionnelles, les investissements Denormandie, les impôts sur les dons, les
investissements Pinel en Bretagne… tous ces dispositifs sont repoussés soit à
fin 2022, fin 2023 ou 2024. La suppression de la taxe d'habitation ne concerne
que les résidences principales. Tout le monde devrait être exonéré en 2022. En
cas de plus-values pour des sociétés solidaires à prépondérance immobilière –
c'est-à-dire celles qui correspondent à la dimension d'utilité sociale, qui ont
des activités de maître d'ouvrage, qui répondent à l'intérêt général pour les
personnes défavorisées –, ces dernières seront traitées comme celles de cession
de titres et non plus comme une structure à prépondérance immobilière (système
à échelonnement de la plus-value en fonction de la durée de détention). Dans la
mécanique de la digitalisation de tout le système déclaratif, la déclaration de
succession sera elle aussi télédéclarée. Ceci permettra évidemment des
recoupements automatiques avec d'autres déclarations comme l’IFI. La
transformation de la communication de ces informations apporte à
l'administration fiscale une meilleure connaissance du patrimoine des
particuliers.
Fiscalité des entreprises
Damien Potdevin note que
malgré le « quoiqu'il en coûte », la perspective de la diminution
d'impôt n'a pas été entamée. Le taux est bien de 25 % depuis le 1er
janvier 2022. Reste un léger point, le relèvement du seuil du taux de
15 %. Autrement dit, les PME avec un chiffre d’affaires jusqu’à
10 millions bénéficient de ce seuil au 1er janvier 2021,
initialement le seuil était fixé à 7 600 000. De 33 %, le taux
est effectivement passé à 25 % en quelques années, soit 8 points de moins,
ce qui n’est pas négligeable. Rappelons que la PME a un effectif inférieur à
250 personnes, un chiffre d'affaires au-dessous de 50 millions d’euros et un
total bilan de moins de 43 millions d’euros.
Un régime temporaire voit
le jour, sur le principe de non déductibilité des amortissements pour les fonds
de commerce. Depuis quelques années, on pouvait amortir un fonds de commerce,
notamment ses éléments incorporels, de manière comptable. Cela n’occasionnait
pas de déduction fiscale, mais permettait d’ôter un actif incorporel
volumineux. Dans le régime temporaire, tous les fonds commerciaux acquis entre
le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2025 donneront la
possibilité de déduire fiscalement l'amortissement. Les amortissements sur tous
les actifs incorporels achetés dans la période sont déductibles des impôts. Peu
importe le mode d’achat, crédit vendeur, emprunt, fonds propres, le dispositif
est valable pour toutes les entreprises, globalement soumises à l’IS dont les
résultats relèvent des BIC et les fonds agricoles. Il ne concerne pas les
artisans et entreprises relevant des BNC. Bien entendu, le fonds commercial
doit être amorti en même temps. Ce processus intéressant favorise l'acquisition
et la transmission d'entreprise. On ne relève pas de changement sur les taux
d’imposition pour la cession de fonds de commerce. Remarque : au-delà des
deux ans, il y a amortissement considéré à court terme, à hauteur des
amortissements pratiqués notamment sur les incorporels.
Pour le cédant d’une
entreprise soumise à l’IR, il faut distinguer plus-values à court terme et à
long terme. Concernant les entreprises soumises à l'IS, la cession de fonds de
commerce devient moins taxée puisque passée de 33 % à 25 %. Pour le
cessionnaire, les droits ne sont pas très importants, entre 3 % et
5 % (autrefois 20 %). Évidemment, restent à faire dans le mois des
déclarations sur les mutations, des droits d'enregistrement à régler selon la
valeur du fonds. Au-dessus de 23 000 euros, un taux progressif s’applique.
Des exonérations existent pour la vente de marchandises neuves. Si elles
subissent la TVA, elles ne sont pas sujettes à ses droits d'enregistrement.
En cas de location-gérance,
la transmission de l’activité et la cession à titre onéreux pour un départ à la
retraite bénéficie des schémas d'exonération totale et partielle (0,5 et
1 million d'euros), alors qu’auparavant, il fallait que l'activité soit exercée
depuis au moins cinq ans au moment de la mise en location, et que la transmission
ou cession se fasse au profit du locataire. Un assouplissement apparaît donc
sur cette deuxième condition. La cession peut maintenant intervenir au profit
d’une autre personne que le locataire.
Crédits d’impôt
Hervé Puteaux rappelle que le crédit d’impôt formation
permet habituellement au dirigeant de TPE, dans la limite de 40 heures, une
prise en compte sur la base du SMIC horaire. Le niveau de ce dispositif est
doublé au titre de l'année 2022. S’agissant de crédit d'impôt, le sujet de
l'attractivité française revient régulièrement avec celui prévu pour la
recherche. Son obtention se heurte à des difficultés en matière de
documentation et de justifications à produire. Le crédit d'impôt dans
l’ensemble est maintenu dans la loi de finances 2022. Pour la collaboration de
recherche, beaucoup de difficultés étaient liées non pas à la définition d’une
assiette de crédit d'impôt sur la base interne d'une société, mais souvent
quand elle faisait appel à des sous-traitants compliqués à qualifier
fiscalement. C’est pourquoi, en 2022, un accent est mis sur la dimension de la
collaboration de recherche, notamment en vue de clarifier les modes de
fonctionnement à la fois avec les organisations privées agréées, mais aussi
avec les organismes publics. L’intention est d’encourager les partenariats
publics-privés. Le crédit d'impôt innovation dédié aux entreprises qui
travaillent sur des prototypes est maintenu. Il permet, dans un cadre plafonné
à 400 000 euros, d’imputer un crédit d'impôt maximum de 80 000 euros
pour des dépenses éligibles. En 2023, le taux imputable aux charges éligibles
sera porté à 30 % en métropole et 60 % en outre-mer. Le dispositif
durera jusqu'au 31 décembre 2024. Autre sujet, les jeunes entreprises
innovantes (JEI) détenues au moins à moitié, directement ou indirectement par
des personnes physiques. Jusqu'alors, ne pouvaient prétendre aux
caractéristiques de JEI que des entreprises qui existaient depuis 8 ans. Ce
seuil a été porté à 11 ans. Il faut que l'activité de ces entreprises soit
dédiée dans une part d'au moins 15 % des dépenses engagées à des actions
de recherche. Fiscalement, l’avantage se concrétise en 50 % d'exonération
IS sur l'ensemble de la période qualifiée (11 ans). Pour tout ce qui relève des
taxes locales CFE, CVAE, taxe foncière, il est possible d'être exonéré et
éventuellement, il est possible d’être exonéré des plus-values de cession de
parts ou d’actions. Enfin, l’utilisateur du dispositif de crédit impôt
recherche peut en toucher la restitution immédiate. Il faut en effet rappeler
que le CIR est imputable sur de l’IS payé, or les JEI font peu de bénéfice en
général. En matière sociale, notons l’exonération de charges patronales sur les
assurances sociales, sur les salaires individuels avec des rémunérations
individuelles plafonnées environ à 7 200 euros mensuels, et sur la base
d'un plafond annuel de cotisations sociales d’un peu plus de
200 000 euros.
TVA
En matière de TVA, les
évolutions de ces dernières années étaient souvent liées à des transpositions
successives de directives européennes. Avec l'internationalisation des flux,
les informations véhiculées par la TVA offrent en effet d’excellentes mesures
sur les entreprises. Concernant la vente de biens, jusqu'alors, la TVA était
exigible à partir du moment où les biens étaient livrés. Désormais, quand il y
a des acomptes, l'exigibilité intervient à l’encaissement. Depuis le 1er janvier
2022, la dimension d’acompte encaissé sur livraison de biens doit être prise en
compte, identifiée pour être déclarée. Autre sujet, pour les bons à usages
multiples, typiquement les chèques cadeaux utilisables pour différents produits
ou services, les entreprises qui les mettaient en place étaient soumises à TVA
à partir du moment où les bons étaient utilisés. Depuis le 1er janvier
2022, la TVA est exigible à partir du moment où les bons sont transférés aux
bénéficiaires, sur la base de la valeur monétaire indiquée dessus. Les bons à
usages multiples concernent la France en général, et parfois aussi plusieurs
pays de l'Union européenne, ce qui implique de tenir compte du taux de TVA
étranger applicable selon le cas. Dans l'agroalimentaire, pour l'alimentation
destinée à la consommation animale, le taux réduit est à 10 %, et pour les
boissons, produits alimentaires, destinés à l'alimentation humaine, le taux
réduit est de 5,5 % depuis le 1er janvier 2022. Dans le
domaine de la santé, pour le handicap notamment, l'ensemble des équipements
utilisés, le taux réduit est à 5,5 %. Sur certains produits de diagnostic
de test, la TVA est réduite à 2,1 %.
La déclaration d'échange de
biens (DEB) a une utilité statistique pour tracer les flux intracommunautaires
à l’échelle européenne. Elle permet également de valoriser les flux commerciaux
et fournit des éléments en termes de balance du commerce extérieur. Depuis le 1er janvier
2022, elle se divise en deux approches complémentaires. La première, similaire
à l'ancienne DEB, consiste en un état récapitulatif au premier euro des flux.
La seconde est une déclaration à partir de 460 000 euros de statistiques
périodiques. Le numéro de TVA intracommunautaire des contreparties devient ici
incontournable.
L'autoliquidation
de TVA est généralisée. Automatique pour les flux intracommunautaires, il
fallait auparavant, pour les flux extracommunautaires, faire une demande d’éligibilité
à l'auto liquidation. Désormais, l’autoliquidation est applicable
automatiquement pour toute importation de toute provenance géographique.
Rappelons que le défaut de traitement de l’autoliquidation est très durement
sanctionné (5 % du montant de la TVA concernée) et peut entrainer une
amende importante sur une longue période (jusqu’à trois ans).
RSE
En termes de RSE, les
sociétés vont devoir publier de l’information extra financière. Dans les deux
ans, cette obligation concernera les sociétés de moins de 250 salariés, idem
pour le bilan carbone, en particulier pour les entreprises répondant à la
commande publique. Charlotte Parrot cite la définition du développement
durable : un mode de développement qui répond aux besoins des générations
présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à
leurs propres besoins. En 2015, l’ONU a adopté 17 objectifs de développement
durable visant 169 cibles. Le plan « Agenda 2030 », pousse les
entreprises à participer au projet. En 2021, la commission européenne a adopté
le green deal qui fixe des réglementations et des mesures. La taxonomie définit
les activités contributives à la durabilité et impose des informations sur le
thème de l'économie circulaire, de la biodiversité, de la pollution, etc. Le sustainable
financial disclosure and regulation (SFDR) implique une transparence sur
les thèmes environnementaux, sociétaux et de gouvernance (ESG). À compter du 1er janvier
2023, les entreprises non cotées de plus de 250 salariés, contractuellement
500 salariés, avec 40 millions de chiffres d'affaires, 20 millions de total
bilan, devront établir des rapports de durabilité. Ils prendront la suite de la
déclaration de performances extra financières. Les sociétés cotées sur un
marché européen de plus de dix salariés seront également concernées. Les autres
entreprises sont encouragées à publier des informations simplifiées. Le SFDR
rendra obligatoire un audit des informations autour de l’ESG. La loi PACTE de
2019 a complètement changé le modèle des sociétés. Elle marque un tournant dans
la démarche RSE. Chacune doit être gérée dans son intérêt social en tenant
compte des enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux de ses activités. Les
entreprises sont appelées à prendre en compte les interactions entre leur
activité économique et leurs parties prenantes. Les parties prenantes se
conçoivent comme internes (salarié, actionnaire, dirigeant), externes (client,
fournisseur, investisseur). La norme ISO 26000 accompagne Cette démarche. RSE
et ESG prennent une place grandissante : réponse à un appel
d’offres ; contracter un emprunt ; recruter.
La France s’est engagée
dans une trajectoire de neutralité carbone à l'horizon 2050, notamment en
réduisant ses émissions de CO2 de 40 % entre 1990 et 2030. Les entreprises
anticipent ce futur. Pour établir un bilan carbone, il existe un outil de
comptabilisation qui identifie les éléments à l'origine des plus grosses
émissions et évalue le niveau de dépendance aux énergies fossiles. Pour qu’un
bilan soit complet, il faut sonder trois domaines, faire trois scopes. Le scope
1 observe les émissions directes de l'entreprise. Le scope 2 intègre ses
émissions indirectes (consommation d’énergie…). Le scope 3 regarde ses
émissions indirectes en amont et en aval (fourniture, transport, déchet…).
Depuis l’été dernier, la
loi impose aux entreprises de plus de 50 salariés de prendre en compte les
enjeux environnementaux qui sont liés à son activité. Le comité social et
économique doit s’informer des conséquences environnementales des décisions de
l’employeur, cela dans le cadre de consultations récurrentes. Cela implique que
la base de données à la disposition du CSE ouvre une nouvelle section, celle
des données économiques, sociales et environnementales. Le législateur a prévu des
formations pour les membres du CSE et pour les syndicalistes. La transition
écologique devra dorénavant être intégrée dans les négociations de branches
d'entreprise pour la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
Gestions diverses
Les salariés, lorsqu'ils
se rendent au travail, utilisent leur trottinette, le covoiturage et d’autres
modes vertueux de déplacement. L’employeur peut souhaiter participer au
financement de ces usages moins polluants. Il faut pour cela soit un accord
d’entreprise, soit une décision unilatérale qui encadre le montant de la prise
en charge et ses modalités. Le remboursement est exonéré de charges sociales et
d’impôt jusqu'à 500 euros. Si le salarié cumule l’usage de son vélo et celui
des transports en commun, le remboursement va jusqu’à 600 euros. En 2000, un
nouveau titre mobilité apparaît sur le même format que les titres restaurant
pour simplifier cette gestion.
Le SMIC horaire a été porté
au 1er janvier à 10,57 euros brut, soit 1 603 euros
sur la base de 35 heures. Autre changement : dans la présentation du bulletin
de paie, doit apparaître de manière claire, en gras, la mention du montant
imposable du salaire ainsi que le montant net des heures complémentaires, des
heures supplémentaires versées en exonération de charges sociales.
Les repas d’affaires
peuvent constituer des frais professionnels exclus de la base des cotisations
sociales à partir du moment où ils remplissent quatre conditions cumulatives :
ils sont effectués dans l'intérêt de l'entreprise, ils sont justifiés, ils
présentent un caractère exceptionnel, et le montant ne doit pas être considéré
comme abusif. Dans le Bulletin officiel de la Sécurité sociale (BOSS), depuis
le 1er août, on considère que l’abus manifeste s’apprécie en
fonction de la mission du salarié, de la part que peuvent représenter la
prospection et la représentation dans ses activités, et de la validation des
justificatifs présentés. Pour l’administration, rembourser au salarié plus d’un
repas par semaine ou plus de cinq repas par mois, indique un risque d’abus.
Auquel cas, les montants seront retraités en avantages en nature. Le BOSS
considère par ailleurs que lorsque l'employeur ou le CSE organise une fois par
an un événement festif (fin d’année, anniversaire…), il ne s’agit pas d’avantage
en nature, mais bien de frais professionnels. Néanmoins, si la société organise
plusieurs manifestations dans l'année, il faudra prouver le caractère
professionnel de la dépense pour engager des frais professionnels et non des
avantages en nature.
Généralement, les régimes
de prévoyance, de retraite, de mutuelle… sont mis en place dans l'entreprise
pour une catégorie objective de salariés. Très fréquemment, les notions de
collèges cadres et non cadres servent à définir le régime de protection sociale
applicable. Un accord de prévoyance de 1947 était utilisé comme référence pour
définir les collèges. Les partenaires sociaux ont signé un accord national
interprofessionnel sur la prévoyance des cadres en 2017. Dorénavant, pour
définir des collèges cadres et non cadres, il faut se référencer à cet accord.
Les entreprises ont jusqu'à la fin de l'année 2024 pour revoir leur
documentation juridique par rapport à cette réglementation. Attention, la
notion d’assimilé cadre disparaît, pour continuer à l’utiliser, il faut signer
un accord ou une convention avec un agrément de l’APEC.
Dans une entreprise
familiale où le conjoint participe à l’activité professionnelle, trois régimes
de protection sociale sont disponibles : ceux d’associé, de salarié, ou de
conjoint collaborateur. Depuis le 1er janvier, la loi de
financement de la Sécurité sociale a souhaité limiter dans le temps
l’application du statut de conjoint collaborateur. Il peut être utilisé pendant
cinq ans. Ensuite, le conjoint opte pour le statut d’associée ou de salarié.
Une période transitoire de cinq ans est prévue pour les personnes déjà dans ce
régime afin de faire leur choix. En matière de retraite progressive, une
personne âgée d’au moins 60 ans ayant cotisé 150 trimestres pourrait liquider
une fraction de sa pension tout en réduisant son activité professionnelle. En
2022, ce système s’ouvre à de nouveaux bénéficiaires justifiant d’une baisse
d’activité : les personnes dont la durée du travail est définie en heures
ou en jours ; les mandataires sociaux, assimilés à des salariés sociaux
pour la Sécurité sociale. Attention, si la personne reprend une activité à
temps complet, la pension sera carrément supprimée et non pas simplement
suspendue.
La loi de financement de
la Sécurité sociale a souhaité améliorer la situation des proches aidants et
des parents d'enfants malades, victimes d’un handicap ou d’accident grave. Elle
n’exige plus de prouver la gravité de la maladie pour bénéficier de congés. Les
salariés peuvent anonymement donner des jours de congés aux personnes dans ces
situations. De plus, il est envisagé que les aides sociales soient revues
courant 2022.
Fin 2021, visant à
accélérer l’égalité économique et professionnelle, le gouvernement a énoncé des
dispositions pour féminiser les instances dirigeantes des entreprises. Les
entreprises de plus de 50 salariés doivent publier chaque année leur index
égalité homme-femme. Dorénavant, il faudra également publier des indicateurs
constitutifs de l’index. Si la note est inférieure à 75 (sur 100), il faut assurer
une communication externe et interne des mesures correctrices mises en place
pour traiter l’inégalité. La base d’informations du CSE est enrichie de ces
indicateurs. Dans le cadre de la lutte contre les violences, il est désormais
obligatoire de verser le salaire d’un salarié sur un compte bancaire ou postal,
dont il est titulaire ou co-titulaire.
Les entreprises doivent
envisager la mise en place du télétravail pour les femmes enceintes.
Tous les deux ans, les
sociétés mènent un entretien professionnel avec leurs employés et dressent un
bilan tous les six ans. La pandémie a désorganisé ce calendrier. Attention,
dans les entreprises de plus de 50 salariés, lorsque les entretiens n’ont pas
eu lieu et si des salariés n’ont pas bénéficié d'une formation non obligatoire
au cours des six dernières années, alors l’entreprise est pénalisée et doit
verser un abondement correctif sur le compte personnel de formation de chaque
salarié concerné à hauteur de 3 000 euros. Ces versements interviennent
avant le 1er avril 2022.
La loi
santé du 2 août 2021 renforce la prévention en entreprise, améliore les
conditions de suivi médical des salariés, lutte contre la désinsertion
professionnelle et revoit les services rendus par les instances de santé,
d'ailleurs renommés services de prévention et de santé au travail. Toutes les
entreprises sont appelées à établir un document unique des risques (DUR). Il
répertorie l'ensemble des risques professionnels et assure une traçabilité
collective des expositions. Il traite des risques liés à l'organisation du
travail. Il est établi en lien avec le CSE, les salariés compétents, et
éventuellement le service de prévention santé. Une entreprise de moins de
50 salariés, sur la base de ce constat, doit mener des actions de prévention et
de protection consignées dans son document unique des risques. Avec plus de
50 salariés, il convient de concevoir un programme annuel de prévention des
risques, d'amélioration des conditions de travail, d’envisager des modalités de
suivi et de fournir les ressources pour l’assurer. Le document unique des
risques doit être conservé pendant 40 ans au moins pour permettre aux
travailleurs actuels, aux anciens salariés partis en retraite, à toute personne
intéressée, notamment dans le cadre d'une instance, de pouvoir accéder à ces
informations. Toute mise à jour du document doit être transmise au service de
prévention et de santé. À compter du 1er juillet 2023, le DUR
sera déposé sur un portail numérique. Les entreprises de moins de 250 salariés
ne seront concernées qu’en 2024. Des formations sont prévues pour les membres
du CSE et les salariés en charge des activités de protection et de prévention.
Un passeport prévention va voir le jour avant le 1er octobre
pour recenser toutes les attestations, les certificats, les diplômes, des
salariés. La négociation annuelle obligatoire avec les partenaires sociaux
aborde dorénavant des questions de qualité de vie, et de conditions de travail.
Un suivi post exposition des salariés va être assuré par la médecine du travail
en lien avec leur médecin traitant.
Au sujet du harcèlement
sexuel, le Code du travail a été harmonisé avec la définition du Code pénal.
Sont interdits les comportements à connotation sexuelle ou sexiste. Les
règlements intérieurs et les affichages obligatoires de la société doivent mis
à jour en conséquence.
Autres nouveautés
Dans le secteur associatif,
la taxe sur les salaires a été revalorisée au niveau des seuils et non pas des
taux.
Par
ailleurs, la faculté de transmettre des titres de sociétés gratuitement de
manière irrévocable à une fondation reconnue d'utilité publique (FRUP) est
annulée. La structure qui transfert sera maintenant imposée sur la plus-value
au nom de la fondation le jour où celle-ci cédera. Même si la fondation n'a pas
d'activité lucrative, cette plus-value sera imposée à l’IS. L'entreprise qui
donne ces titres en retire un avantage fiscal. Elle doit déclarer dans l'annexe
du résultat de l'exercice le montant de la plus-value calculée (valeur vénale
de transfert - prix comptable). Tout défaut de production de ce document est
sanctionné d’une amende d'environ 5 % des sommes.
Les
entreprises ont l'obligation d'émettre, transmettre et réceptionner des
factures sous forme électronique entre professionnels assujettis à la TVA établis
régulièrement en France pour la livraison de biens, la prestation de service,
mais aussi pour les ventes aux enchères publiques. En juillet 2024, toute
société doit être en capacité de recevoir des factures électroniques.
L’émission est échelonnée de juillet 2024 pour les grandes entreprises à
juillet 2025 pour les ETI et juillet 2026 pour les autres. Par ailleurs, la
transmission de données électroniques auprès de l’administration visant à
donner des informations en matière de TVA doit être mise en œuvre suivant le
même calendrier.
La
liasse fiscale compte une nouvelle case à cocher dénommée examen de conformité
fiscal. C'est une attestation fournie par l’expert-comptable, l’avocat
fiscaliste, le commissaire aux comptes, le conseil, etc. En cas de redressement
fiscal au-delà de 100 000 euros, avec des majorations de 40 %,
l'administration fiscale avait l'obligation de transmettre au parquet. L’examen
de conformité fiscale par un professionnel devrait permettre de l’éviter en cas
d'erreur manifeste. C’est une façon de sécuriser la déclaration fiscale. Cette
procédure exclut les pénalités et les intérêts de retard en cas de compte rendu
de mission valide. La mission scrute dix points d'audit. Le prestataire a six
mois pour rendre son rapport au fisc. L’examen de conformité fiscal et le
rapport qui en découle est réalisé par le professionnel mais adressé par
l'entreprise.
C2M