La
finale du concours international d’éloquence de l'université Paris 1
Panthéon-Sorbonne s’est tenue mercredi 24 avril au soir, au Panthéon. Au cours de cette
sixième édition parrainée par le dramaturge Alexis Michalik, huit candidats se sont
illustrés avec des discours engagés sur le thème de la démocratie.
«
Je suis sûr que vous êtes brillants et que vous avez écrit de brillantes
plaidoiries, mais il ne suffit pas de les écrire, il faut les transmettre. Il faut que les gens au fond
vous entendent, il faut écouter le public, parce que si le public s'endort, on
le perd, et c’est très important de le garder avec nous : s’il rit, s’il
réagit, il est toujours avec nous. Réchauffez-nous, je compte sur vous. » Le
24 avril au soir, l’acteur et metteur en scène Alexis Michalik – connu pour sa
pièce Edmond (2016) – a endossé le costume de parrain de la sixième
édition du concours international d'éloquence de l'université Paris 1
Panthéon-Sorbonne.
Alors
que les huit finalistes s’apprêtent à s’affronter sous la coupole du Panthéon, le
dramaturge leur donne un ultime conseil. « Je vais citer Jouvet [Louis
(1887-1951), comédien, star du Quai des orfèvres (1947) et directeur de
théâtre], qui disait que, quand il joue, un acteur doit penser à trois
spectateurs. Lesquels ?, s’interroge Alexis Michalik. Un qui ne voit
pas, un qui n'entend pas, et un qui ne parle pas français. Si ces trois
spectateurs sont satisfaits à la fin du spectacle, vous avez bien fait votre
travail. »
Le
thème de la soirée : la démocratie. « Moi, la démocratie, vous savez,
c’est une affaire de longue date : c’est en sixième que j'ai découvert la
démocratie, annonce Baptiste, l'un des candidats. Mon premier discours pour être délégué et
élu en sixième, élu en cinquième, en quatrième, en troisième, en seconde, en
première, en terminale… Bref, [j’ai] une très longue histoire avec la
dictatu… La démocratie. » L’auditoire rit à l’unisson : la pièce est
réchauffée – de quoi valoir à Bastien le prix de la révélation.
Des
interventions engagées
Puis,
la blague laisse place au plaidoyer, lors d’une soirée marquée par des prises
de parole politiques. « On est tous des métisses quelque part : on n’est pas
que la race, on n’est pas que le continent, on doit cultiver ce cosmopolitisme
en nous, qui nous rend citoyen du monde et pas esclave d’une race », affirme
Mystère, 21 ans, étudiant à l’université catholique de Yaoundé, au Cameroun. Une
manière de rappeler que le vivre ensemble, la diversité et la tolérance sont le
ciment des démocraties. Le prix du public lui est remis.
L’empathie
entre humains – ou plutôt son absence – c’est aussi la trame de la prise de parole
de Jade, 31 ans, étudiante en master 1 de droit privé, gendarme en reconversion.
Violée par ses anciens collègues dans un commissariat, elle fait le deuil d’une
vie empêchée et appelle à la solidarité. « Cette histoire, c’est l’histoire
d’une jeune femme [...].Elle avait tout un chapitre encore à écrire et des
pages à tourner ; que d'aventures et d'épisodes à réaliser », relate l’étudiante,
qui dédie son discours aux autres femmes victimes de viol, en gendarmerie et
ailleurs. « Il est temps d'ouvrir les yeux et de protéger ces
femmes qui, malheureusement, sont dans un système qui a un peu de mal à avancer
», affirme-t-elle. La trentenaire repartira avec le prix de l'inspiration de
l’Agence universitaire de la Francophonie.
Même
s’il n’a pas gagné, Niels, 21 ans, en deuxième année de double licence de
droit, se réjouit. « Au-delà de la plaidoirie, ce concours était toute une
expérience, livre-t-il, enthousiaste. Quand on devait se préparer, on
était absolument seuls dans le Panthéon, on a pu répéter dans la crypte :
c’était vraiment trop bien. » Même sourire chez Alexis Michalik : s’il
a déjà refusé de participer à plusieurs concours d’éloquence, il est ravi
d’avoir accepté cette invitation. « J’ai trouvé que les candidats étaient
très talentueux, qu'ils avaient tous un axe vraiment original et pertinent,
parfois drôle, parfois touchant, assure-t-il. Mais, de manière générale,
une chose se dégage : au final, on retient ceux que l’on a écouté. Si on les a
écoutés, c’est que le message est passé. »
Floriane Valdayron