Repéré
pour la première fois dans le Sud-Est de la France en 2004, le moustique tigre se
répand depuis dans l’Hexagone. Comme toute l’Île-de-France, le département des
Hauts-de-Seine n’est pas épargné et fait l’objet de mesures.
En réponse à la découverte
d’un cas de dengue à Colombes, et après une première intervention menée fin août,
une nouvelle opération de démoustication aura lieu au sein de la commune,
secteur Léon Bourgeois, le 6 septembre, selon les informations
délivrées par la ville.
Le 21 août 2023, l’Agence
régionale de santé (ARS) avait reçu le signalement d’un cas de dengue chez une
personne de retour d’un voyage hors de France, domiciliée en dehors
d’Île-de-France mais ayant séjourné à Colombes, durant sa période de virémie, comme
l’Agence le précise dans un communiqué.
A la demande de l’ARS
Île-de-France, l'Agence régionale de démoustication (ARD), opérateur privé
spécialisé dans la détection et l’élimination de moustiques en Île-de-France, a
« mené une enquête entomologique » et mis en œuvre des mesures
de réduction des gites larvaires et de sensibilisation de la population, « avant
d’intervenir par un traitement à base d’insecticide visant les lieux de repos
du moustique tigre (buissons, bosquets, feuillages etc.) dans un périmètre de
150 mètres de rayon ».
Apparu en France
métropolitaine depuis bientôt 20 ans, le moustique tigre sévit chaque année du
printemps à l’automne et colonise de plus en plus le territoire. Le département
des Hauts-de-Seine ne fait pas exception, et une intervention dans d’autres communes
est envisagée, comme à Rueil-Malmaison. Dans le reste de l’Île-de-France, une
opération a été menée à Paris, dans le 13e arrondissement, en parallèle
de celle menée à Colombes.
Invasif et plutôt coriace, l’insecte
est difficile à éradiquer. Dans la mesure où il véhicule des maladies
potentiellement dangereuses pour l’homme, son expansion est considérée comme un
problème de santé publique.
Un insecte sans adversaire
Tout le monde connaît le bon
vieux moustique commun dont le bourdonnement perturbe les nuits d’été, le
trouble-fête des barbecues, celui dont les piqûres rappellent son passage
plusieurs heures après. Ce n’est pas franchement un ami, mais il n’est pas plus
dangereux que ça. En quoi son cousin le moustique tigre, diurne et silencieux,
est-il plus nuisible?? Le problème est qu’il appartient une espèce originaire d’Asie
qui ne rencontre pas de frein à son développement dans notre environnement. En
effet, comme beaucoup de colonisateurs, il a été déplacé de son milieu natif, l’Asie
du Sud-Est, et introduit par accident en France métropolitaine. Dans l’écosystème
de notre territoire, sa population n’est pas régulée naturellement, en raison
de l’absence de prédateurs, d’où sa prolifération.
Le risque principal encouru
par l’homme est la transmission de maladies «?exotiques?», la plupart du temps
absentes du territoire, et potentiellement dangereuses. Les trois virus les
plus portés par ce diptère tropical sont la dengue, le chikungunya et le zika.
Que dit la loi ?
Premièrement, l’inconfort et
le mécontentement des habitants ne suffisent pas pour entraîner une action des
pouvoirs publics. L’évènement déclencheur est le cas d’une transmission avérée d’une
maladie à un humain par le moustique, et donc d’une menace pour la santé
publique. Toutefois, toute demande d’autorisation effectuée par le Conseil
Départemental peut être examinée.
Après validation de la zone à
couvrir, des agents des services publics ou d’organismes spécialisés sont
affectés à l’application et au suivi des traitements visant l’éradication du
moustique tigre du secteur. Les opérateurs peuvent pour cela accéder à tout
lieu public ou privé, après en avoir préalablement informé la population. Les
propriétaires, locataires et occupants, particuliers ou professionnels, ont
alors le devoir de tout mettre en œuvre pour faciliter l’intervention. Ils ont
également l’obligation de respecter les directives, à commencer par l’entretien
de leurs divers points d’eau. Si des travaux sont nécessaires et qu’ils ne sont
pas réalisés dans un délai de deux mois, le personnel habilité est en droit de
les exécuter d’office, aux frais du contrevenant.
Les pouvoirs publics misent
sur la veille citoyenne
Le moustique tigre vit à
proximité de l’homme, en extérieur, et se déplace peu. Normalement, il dispose
de tout pour survivre et se reproduire (nourriture, habitat pour les œufs,
ombre) dans un espace limité. Apercevoir des spécimens signifie donc qu’un lieu
de ponte est forcément alentour.
Bien que la réglementation ne
l’impose pas, les citoyens sont invités à signaler, dans l’intérêt général,
toute apparition de ces insectes. En effet, les insecticides et répulsifs ne suffisent
pas à circonscrire leur présence. Une partie de la solution passe par la
prévention, en particulier la suppression des lieux de ponte, dans les eaux
stagnantes. A ce titre, l’entretien régulier de son jardin réduit les espaces
de repos utilisables par le moustique. Ces gestes du quotidien, à la portée de
chacun, peuvent contribuer à limiter la prolifération de l’espèce.
Nathalie Le Brusq
Bérengère Margaritelli