Les derniers chiffres de la Fédération des
entreprises d’insertion (FEI) illustrent la dynamique ascendante de cet acteur
désormais majeur au sein du paysage économique français. Forte de ce succès, la
FEI lance néanmoins un appel au gouvernement en lui adressant neuf propositions
fortes.
« Elles étaient 99 390 en 2023. Nous
pouvons donc prédire que les entreprises d’insertion franchiront en 2024 le cap
des 100 000 personnes insérées, dont un tiers de bénéficiaires du RSA et 26 % de
demandeurs d’emploi de très longue durée ». Cinq ans après le
lancement du Pacte d’ambition
pour l’Insertion par l’Activité Économique (IAE), la FEI peut se targuer de franchir
un cap symbolique.
Les « entreprises d’insertion » (EI),
ce sont ces structures qui favorisent la réintégration de demandeurs d’emploi
de longue durée, d’allocataires de minima sociaux, de jeunes sans qualification
ou encore de seniors, au marché du travail classique. Soumises aux mêmes règles
fiscales, économiques et juridiques que toute TPE/PME, bénéficiant de
contributions de l’État pour leur mission d’inclusion, les EI proposent des
contrats de travail de droit commun d’une durée maximale de deux ans, le but
étant avant tout d’aider le salarié à retrouver la marché
« classique » du travail, après un accompagnement réussi. En 2023, le
secteur des entreprises d’insertion a réalisé un chiffre d’affaires de 1,7
milliards d’euros.
Des chiffres en hausse et une diversification
des activités
Communiquées à l’occasion d’un point presse en
ligne organisé le 21 mars dernier, les dernières statistiques mettent également
en évidence que 81 % des personnes insérées ont un niveau de formation
inférieur au bac.
Si les contrats qui leur sont proposés peuvent
durer jusqu’à deux ans, « les CDDI que nous utilisons
s’arrêtent en réalité autour de 11 mois : dès que les freins à l’embauche
sont levés, le salarié quitte l’entreprise d’insertion pour aller vers le monde
du travail ou emprunter une autre voie. Aujourd’hui, 64 % d’entre eux connaissent
une sortie positive : 47 % en CDI ou CDD et 17 % en formation ou vers un
autre dispositif de l’emploi » a indiqué à cette occasion Luc de
Gardelle, le président de cette fédération qui rassemble aujourd’hui plus de
800 structures, sur un total de 2177
entreprises d’insertion conventionnées par l’État.
En hausse de 7 % depuis 2022 et de 43 % en
cinq ans, la remise à l’emploi direct des salariés illustre donc, pour la FEI, l’efficacité
de cet outil, mais également les résultats du pacte d’ambition scellé en 2019.
« Ces chiffres ont été rendus possibles grâce à l’investissement
conjoint de l’État et des acteurs de l’IAE » a de son côté commenté
Matthieu Lorphelin, délégué général. « Les entreprises d’insertion ont
connu un développement sans précédent, avec 760 structures supplémentaires en
cinq ans. On note aussi une diversification importante de leurs activités ».
Officiant dans les services et transports, la gestion
des déchets ou le BTP, le réseau profite par ailleurs de l’impulsion d’autres
secteurs témoins de la tendance actuelle, tels que l’économie circulaire ou le
numérique.
De l’importance d’une simplification
administrative à différentes échelles
Si elle qualifie les récents résultats « d’historiques »,
la FEI attire toutefois l’attention sur les faiblesses du système administratif
actuel imposé aux EI. Des difficultés que Nadia Landry, sa vice-présidente, a
illustrées par des exemples concrets lors du point presse : « On
note une grande disparité administrative au niveau des départements. En
Moselle, les dossiers de conventionnement prennent 5 pages, en Gironde, 50 ».
Réclamant une harmonisation des démarches, la
vice-présidente a également rappelé le besoin urgent de dématérialisation des
dossiers et la nécessité d’un interlocuteur unique dans le cadre de la
formation des salariés, pour leur éviter « d’étouffer sous la lourdeur
des démarches administratives ».
Plus largement, la Fédération exhorte à un
« véritable choc de simplification », afin d’accélérer l’impact
et le développement des entreprises du réseau. Réunies au cœur de neuf
propositions, ces suggestions de simplification sont défendues par la FEI dans
le cadre de la loi « Simplification de la vie des entreprises » qui doit être
présentée par le Ministère de l’Economie à l’automne.
Confirmant la prise de position relative à
l’emploi des réfugiés
de la Fédération, le dernier volet de ces préconisations appelle à simplifier l’accès
des étrangers détenteurs de carte de séjour à l’IAE. « Ces personnes
participent à l’effort de construction de la nation. Et quand bien même elles
retourneraient dans leur pays ensuite, cette possibilité serait moins néfaste
pour elles que de simplement attendre. Nous sommes aussi des sas de montées en
compétences » a expliqué Luc de Gardelle.
Dans un contexte politique soumis aux
restrictions budgétaires, les représentants de la Fédération ont, in fine,
insisté sur l’importance de l’augmentation des contributions de l’État dans les
deux prochaines années. « Chaque euro qu’il investit dans les entreprises
d’insertion lui permet d’économiser à minima un euro supplémentaire en dépenses
sociales. Il a donc tout intérêt à renforcer son soutien et à conventionner
plus de postes chaque année » a souligné Matthieu Orphelin. En écho, Nadia
Landry a insisté : « Investir dans l’IAE, c’est faire des
économies ! ».
Laurène
Secondé