Le 14 mars dernier a été
dévoilé le palmarès de la 32e édition du prix Turgot du meilleur
livre d’économie financière, sous l’égide de Bruno Le Maire, ministre de
l’Économie. La cérémonie était animée par Jean-Louis Chambon, président du prix
Turgot et ancien élève de l’IHFI (Institut de Haute Finance), en présence de
Jean-Claude Trichet, gouverneur honoraire de la Banque de France, Philippe
Dessertine, directeur de l’IHFI, de Sylvie Faucheux, directrice de l’IFG
Executive Education, et de nombreuses personnalités du monde économique,
financier et universitaire.
« Cette nouvelle édition du prix Turgot organisée comme chaque
année par l’association des anciens élèves de l’Institut de Haute Finance
valide plus que jamais la mission que nous nous sommes donnée, celle de
contribuer à ce combat contre l’inculture économique et financière »,
a déclaré Jean-Louis Chambon dans son discours d’ouverture de la 32e
édition du prix Turgot.
« Ce grand rendez-vous annuel de la littérature et de la
pédagogie économique met à l’honneur des personnalités de notoriété mondiale,
des auteurs confirmés et de nouveaux talents très prometteurs pour relever les
défis du “Nouveau Monde” et lutter contre la pauvreté et les
inégalités », indique un communiqué de l’IFG (Institut Français de
Gestion).
La sélection
des ouvrages à récompenser n’a pas été une tâche facile pour les membres du
jury. En effet, pas moins de 150 ouvrages d’économie ont été chroniqués en vue de la présélection,
a précisé le président du prix Turgot.
Bien que
présentant des facteurs communs – la digitalisation, les nouvelles
technologies, l’écologie –, les ouvrages sélectionnés étaient très divers.
« Je
suis très frappé de voir à quel point nous avons des livres qui abordent des
problèmes économiques sous des angles extrêmement différents », a
ainsi commenté Jean-Claude Trichet, gouverneur honoraire de la Banque de
France, chargé d’annoncer les résultats.
Le palmarès en détail
Cette année, le prix Turgot 2019 a été remis
à Guillaume Pitron pour son livre La guerre des métaux rares (Éditions
Les liens qui libèrent). « Cet ouvrage révèle qu’après le charbon au
XIXe siècle et le pétrole au XXe siècle, les métaux rares
utilisés dans les équipements électroniques deviennent progressivement la
ressource stratégique du XXIe siècle. Le cri d’alarme est
géopolitique : le monde a de plus en plus besoin de métaux rares pour son
développement numérique et donc, pour toutes les technologies de l’information
et de la communication. Ces métaux sont chers à extraire et à purifier. Leur
extraction et leur recyclage sont polluants. Les gouvernements occidentaux, les
COP et les ONG doivent se pencher dans l’urgence sur les externalités de cette
nouvelle transition énergétique » a précisé le jury du prix Turgot
dans un communiqué de l’IFG déjà cité.
Un premier
trophée a été remis à Guillaume Pitron par Laurent Mignon, président du groupe
BPCE, et président en exercice du Cercle Turgot.
« Ce livre traite de la transition
énergétique qui est un sujet indispensable, mais complexe. Bravo pour votre
travail, bravo pour la profondeur d’analyse et d’investigation que vous avez
eue. Félicitations pour ce très beau livre », a déclaré ce dernier.
Un deuxième
trophée a ensuite été remis au lauréat par le président du grand jury
Jean-Claude Trichet. Il s’agissait d’une sculpture réalisée et conçue comme
chaque année par l’artiste sculptrice Isabelle Béné.
Le Grand
Prix du jury a lui été remis à Gilles Dufrenot (récompense remise par Vincent
Remay, Viel & Cie) pour son ouvrage Les pauvres vont-ils révolutionner
le XXIe siècle ? (Éditions Atlande).
« Un
texte marquant qui montre la voie d’une économie collaborative, plus respectueuse
de chacun et de notre environnement. Un texte qui donne les armes pour que tous
tirent le meilleur des nouvelles technologies. Un roman vrai de la pauvreté et
des moyens de la combattre » ont indiqué les membres du jury.
Trois mentions d’honneur ex-aequo ont été attribuées à Jean-Pierre
Estival (prix remis par Jean-Claude Lelang, président fondateur d’Argan) pour La
malédiction des comptes extérieurs de la France ; Bernard Raffournier
pour Théorie de la comptabilité financière (remis par Hubert Rodarie, DG
délégué de SMA) ; puis Marie-Anne Valfort et Stéphane Carcillo pour Les
discriminations au travail (prix remis par Sylvie Faucheux, directrice de
l’IFG Executive Education et Loïc Le Mene).
De nombreux
prix spéciaux ont également été attribués lors de cette cérémonie.
• Le prix
Turgot du jeune talent a été remis à Sylvestres Frezal, pour son livre Quand
les statistiques minent la finance et la société (Éditions L’harmattan).
• Le prix
Turgot des ouvrages collectifs a été remis à l’ouvrage dirigé par André-Paul
Bahuon et Jean-Jacques Pluchart Le financier, le juriste et le geek (Éditions
Maxima).
• Le prix des
directeurs financiers DFCG – Turgot a été décérné à Pierre-Antoine Donnet, pour
son livre Quand la Chine achète le monde, aux Éditions Piquier ;
avec une Mention spéciale attribuée à Bernard Raffournier, en plus de la
mention d’honneur, pour Théorie de la comptabilité financière aux
Éditions Economica.
• Le prix
Turgot de la pédagogie économique a lui été remis à Alain Bergeaud, Gilbert
Cette et Rémy Lecat pour Le bel avenir de la croissance : leçons du 20e
siècle pour le futur (Éditions Odile Jacob).
• Enfin le prix FFA – Forum francophone des
affaires a été remis à Bruno Mettling pour son ouvrage Booming Africa :
le temps de l’Afrique digitale, aux Éditions Débats publics. Deux
mentions spéciales FFA ont également été attribuées à Monsieur l’Ambassadeur
Moïse Tchando Kerekou pour son livre Union africaine et processus
d’intégration, aux Éditions L’Harmattan et à Hillel Rapoport, pour son
ouvrage intitulé Repenser l’immigration en France (Éditions Rue d’Ulm).
Le grand prix d’honneur de la 32e
édition
Très
exceptionnellement, lors de la cérémonie du prix Turgot, un grand prix
d’honneur est parfois attribué à une haute personnalité du monde économique
pour l’ensemble de son œuvre. Pour cette 32e édition, c’est Monsieur
le gouverneur Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI, auteur de
l’ouvrage Vers le Monde de 2050, ce que l’avenir nous réserve (Éditions
Fayard) qui a été récompensé.
Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de
l’Économie et des Finances, lui a remis son prix, non sans évoquer ses
multiples qualités : « Vous êtes un de ces rares esprits capables
d’expliciter la complexité, les grands défis du monde en quelques phrases »,
a affirmé la ministre.
Par
conséquent, « il nous apparaissait assez évident de saluer votre
trajectoire, mais aussi vos dernières œuvres », a-t-elle déclaré.
La cérémonie
du 32e prix Turgot s’est achevée sur l’allocution de Monsieur Michel
Camdessus. Après être revenu sur son parcours, celui-ci a abordé un thème qui
lui tient à cœur : les inégalités de richesses dans le monde. Sujet selon
lui essentiel, mais « très peu fréquemment abordé ».
À cette
occasion, il a ainsi fait part à l’assemblée de sa nouvelle mission
internationale auprès du ministre de l’Économie et des Finances, et du
président de la République, au sommet du G7 2019 en août
prochain.
Emmanuel
Macron, en tant que président du « Groupe des sept », a en effet
affirmé fin 2018 qu’il allait
consacrer la prochaine réunion à la question des inégalités mondiales et
chercher ensemble des solutions.
« La
France doit réussir ce sommet. Et je suis tellement heureux d’être appelé à y
participer », a confessé Michel Camdessus.
« L’enjeu
est immense. (…) Je voudrais inviter chacun ici à prendre conscience de ce
problème et d’user de toute son influence et de toute sa conviction pour que
cette nouvelle contribution de notre pays au bien commun de l’humanité soit un
succès », a-t-il conclu.
Maria-Angélica Bailly