Du 9 au 11 novembre derniers, s’est tenu à
Toulouse le 45e congrès du Syndicat des avocats de France. Organisé
autour de la formule « Chantiers interdits
au public : occupons-les ! », le syndicat n’a pas manqué de s’exprimer sur
les grands sujets qui concernent aujourd’hui la profession, avec, dans le
viseur la réforme de la justice, contre laquelle il était mobilisé le 15
novembre dernier.
C’est au cœur de la ville rose que le Syndicat des avocats de France
(SAF), créé en 1974, a attiré mi-novembre plus de 300 personnes réunies dans le cadre du 45e congrès de
l’organisation. Sous le regard du bâtonnier de Paris Marie-Aimée Peyron ;
de Jean-Luc Forget, vice-président du CNB ; du président de la Conférence des
bâtonniers, Jérôme Gavaudan ; et des avocats venus de toute la France et
des responsables associatifs et syndicaux, la présidente du SAF, Laurence Roques,
s’est exprimée, prenant part aux débats qui animent actuellement le monde de la
justice. « Cette année, je l’avoue, le choix du thème de notre 45e
congrès s’est imposé à nous comme une évidence » a-t-elle déclaré.
Dans son
allocution de bienvenue, Sonia Plazolles, présidente de la section du SAF de
Toulouse, est elle aussi revenue sur la thématique de ce congrès : « Quoi
de plus logique, dans ce contexte, que ce congrès soit consacré aux chantiers
de la justice ! Au pluriel, bien entendu. » Critique quant à la
réforme de la justice, celle-ci est notamment revenue sur le budget de la
justice en France : « Le budget alloué à la justice place la
France en pied de page du classement des pays du Conseil de l’Europe, et ce
sans même parler de la question, pourtant essentielle, de la répartition de ce
budget, consommé à près de 40 % par l’administration pénitentiaire » a-t-elle déploré.
Le bâtonnier et le vice-bâtonnier de Toulouse, Nathalie Dupont et érick Boyadjan, sont également
intervenus, avant de laisser la parole à Thomas Andrieu, directeur des Affaires
civiles et du Sceau et représentant à cette occasion la ministre de la Justice,
Nicole Belloubet.
Aussi, via
cette thématique, le SAF affirme en effet ne s’exclure d’aucun sujet et
souhaite faire entendre sa voix. Se plaçant au cœur des débats des chantiers de
la justice – pour ne pas dire des « désordres », comme le
définit l’organisation syndicale –, le SAF, a réaffirmé dans son rapport moral,
et de concert avec les instances représentatives, ses positions sur la réforme
de la justice, mais pas seulement.
Le numérique, les cages de verre dans les salles d’audience ou encore la
défense de l’accès au droit sont autant de sujets pour lesquels le syndicat se
mobilise.
Contre le
projet de loi de programmation 2018-2022
Engagée
contre la réforme de la Justice « dont la philosophie générale de
dérèglementation et de déjudiciarisation participe de la casse du service
public », soulignait le SAF dans un communiqué, sa présidente a
dénoncé la « logique libérale et autoritaire » de cette
réforme et redoute que celle-ci participe à « la casse du service
public ». Craignant la privatisation de la justice, elle s’est
insurgée en résumant le projet en ces termes : « Privatiser la justice
pour juger moins, moins bien et pour moins cher ! » C’est
pourquoi le SAF, qui se dit mobilisé contre la « philosophie générale
de dérèglementation et de déjudiciarisation » de ce projet de réforme,
s’est rassemblé le 15 novembre
dernier devant l’Assemblée nationale – et dans toute la France – « pour
défendre une justice partout pour toutes et tous ». En préambule de
son discours, Madame Laurence Roques a ainsi regretté l’absence de la ministre
de la Justice qu’elle n’a rencontrée qu’à une seule reprise, en septembre 2017,
malgré ses multiples interpellations.
Des
craintes quant à l’utilisation du numérique
Autre sujet qui mobilise le SAF : la digitalisation de la justice.
« À qui profite la soi-disant simplification ? » a ainsi
questionné la présidente dans son discours. À l’occasion de son congrès annuel,
« Le SAF a rappelé aux politiques et aux représentants de la profession
que le numérique doit rester un outil transparent, gratuit, au service du
justiciable et non une fin au profit des sociétés privées (GAFAM) et qu’une
alternative doit être impérativement maintenue » a précisé le
syndicat. Dénonçant une « fausse modernité », l’organisation
syndicale s’est ainsi interrogée sur les outils numériques adaptés au service
des causes qu’elle défend.
À l’issue du
congrès, ont été adoptées plusieurs motions, avec, pour éternel souci la place
du justiciable au cœur d’une justice « plus démocratique, de qualité
égale pour tous, proche des citoyens et garante des droits et libertés
publiques et individuelles ».
Constance Périn