Du 25 au 27
septembre, la prochaine édition du congrès de la profession comptable entend
placer l’expert-comptable « au cœur
des flux, qu’ils soient financiers, humains, de données, dématérialisés,
virtuels, réels ou physiques », et réserve toute une série d’espaces et d’ateliers
innovants – digital workplace, ateliers « ikigai », etc. – aux
quelque 6 000 congressistes attendus.
À l’occasion d’une conférence de presse,
jeudi 12 septembre, Charles-René Tandé, président de l’Ordre des experts-comptables,
a fait un point sur le prochain congrès de la profession, qui se déroulera du
25 au 27 septembre à Paris.
Une 74e édition qui s’annonce « encore
plus importante que d'habitude, car tous les records seront battus »,
s’est-il réjoui. En effet, pas moins de 6 000 congressistes et 220 partenaires
ont répondu présents pour ce rendez-vous donné – peut-être – pour la dernière
fois à la porte Maillot, puisque le président de l’Ordre envisage de déplacer
l’événement porte de Versailles dans les années à venir, afin de faire face à
une affluence toujours plus grande.
Charles-René Tandé s’en est félicité : cette
présence massive est un « signe de vitalité de la profession, toujours en
croissance ; dynamique, prête au changement ». En effet, le président de l
’Ordre l’a martelé : ce ne sont pas l’automatisation, la dématérialisation, le
numérique qui vont faire baisser l’activité de l’expertise comptable !
« Au contraire, l’étape que nous vivons va
permettre de continuer notre croissance sur d’autres activités, à plus forte
valeur ajoutée », a-t-il affirmé, tenant à mettre un terme à l’idée d’une «
mort annoncée de la comptabilité ». Et les chiffres parlent d’eux-mêmes
: si la profession comptait 12 500 membres il y a 35 ans, aujourd’hui, il n’y a
pas moins de 20 500 experts-comptables en France. Une croissance qui ne tarit
pas : 1 113 étudiants ont été diplômés en expertise-comptable en 2018. De quoi
« assurer le renouvellement », a certifié Charles-René Tandé.
LES FLUX, « MATIÈRE PREMIÈRE
» DE L’EXPERT-COMPTABLE
Alors que plus de 2 millions d’entreprises
sont conseillées par un expert-comptable, cette année, l’événement annuel de la
profession donne un coup de projecteur à « l’expert- comptable au cœur des
flux », « car les données, les flux, sont sa matière première », a
souligné le président de l’Ordre.
En effet, « les clients des experts- comptables
évoluent de plus en plus dans un environnement où la technologie et les
interactions avec le monde réel s’intensifient, et dans un univers stigmatisé par
des échanges de flux importants, le plus souvent numérisés », rappelle le
Conseil supérieur de l’Ordre, organisateur de l’événement. Pour autant, précise
ce dernier, la thématique du congrès « ne peut être abordée par le seul prisme
numérique des flux », sous peine de ne pas « prendre en compte d’autres
natures de flux qui ne sont pas directement liés à la technologie, au numérique,
à la dématérialisation ou encore à l’informatique. Le 74e congrès n’est pas un congrès
dont la thématique centrale est le numérique. Il porte sur l’humain avant tout et
place l’expert-comptable au cœur des flux, qu’ils soient financiers, humains, de
données, dématérialisés, virtuels, réels ou physiques. La technologie est donc
abordée comme un outil et un moyen et non comme une fin en soi. L’expert-comptable
est placé au cœur des flux, car ce n’est pas la technologie qui est au cœur des
hommes ni les flux qui sont l’épicentre des cabinets ».
DES ATELIERS INNOVANTS POUR
BOOSTER LES SOFT SKILLS
Limitée à trois formats (1h30, 1h et 30
minutes) et sept types de séminaires (plénières et ateliers), cette nouvelle
édition se veut optimisée pour permettre à ses participants de « rentabiliser
au maximum [leur] participation ».
Sanaa Moussaid, rapporteure, vice-présidente
du Conseil supérieur en charge de la stratégie numérique, a précisé, à
l’occasion de la conférence de presse, que le Conseil s’était donné pour
mission de mettre en place des « ateliers innovants », « afin
d’ouvrir le champ de compétences de l’expert-comptable vers les soft skills
». Parmi les nouveautés au programme, des ateliers sur la qualification, pour «
apprendre de façon ludique », ou encore des ateliers « ikigai »
(en référence au concept japonais du même nom, qui peut se traduire par « la
joie de vivre », « la raison d’être » ; source de motivation pour atteindre
un objectif), destinés à « accompagner les experts-comptables pour qu’ils
trouvent du plaisir dans leur travail », a indiqué Sanaa Moussaid.
« Il y aura également beaucoup de
nouveautés sur les espaces », a promis la rapporteure, à l’instar d’un «
bureau du futur », qui accueillera des start-up, d’une « conference room
», qui permettra une retransmission en direct ou en différé des ateliers,
ou encore d’un espace de coworking « pour que les confrères puissent
se retrouver, échanger entre eux, ailleurs que dans les couloirs », où un
animateur orientera les discussions sur plusieurs grandes thématiques telles
que l'attractivité, le recrutement, etc.
Autre innovation mise en avant : le « digital
workplace », qui « permettra à une trentaine de jeunes experts-comptables
de faire des démonstrations d’outils et de logiciels qu’ils maîtrisent – comme
Slack – auprès de leurs confrères plus confirmés, qui n’ont pas forcément eu le
temps de s’y mettre », a informé Fabrice Heuvrard, expert-comptable et
commissaire aux comptes. « Jamais nous n’avons eu autant d’innovation dans
notre métier, a estimé ce dernier. Nos confrères ont besoin d’être aidés
dans leur choix de logiciels. Nous en avons beaucoup à disposition, mais
pendant longtemps, nous n’avions aucune grille de lecture. » D’où
l’objectif de ce « digital workplace » qui est de proposer une grille de
lecture, afin que les professionnels puissent analyser les logiciels
disponibles et les choisir à bon escient.
Le congrès répondra par ailleurs à diverses
problématiques autour de la blockchain et de l’intelligence
artificielle, « mais avec une appréhension de l’humain et pas seulement de
la technologie pure », a nuancé Dominique Perier, président du Comité
technologique du Conseil supérieur ; notamment sur leur impact sur la
profession et l’humain.
L’événement sera en outre « axé sur la
relation client, pour rappeler aux confrères que nous ne sommes pas que des
techniciens », a-t-il ajouté.
FACTURE ÉLECTRONIQUE,
HONORAIRES DE SUCCÈS… RETOUR SUR LES CHANTIERS ET AVANCÉES
Le président de l’Ordre des
experts-comptables a également profité de la conférence de presse pour évoquer
les chantiers qui attendent la profession, et qui « correspondent à l’axe
présenté par le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin »
; à l’instar de la généralisation de la facture électronique à l’horizon 2020.
Cette facture électronique qui est,
rappelons-le, une facture ou un flux de factures créé(e), transmis(e), reçu(e)
sous forme électronique, quelle qu’elle soit, et qui doit garantir
l’authenticité de l’origine, l’intégrité du contenu et la lisibilité, présente
« trois grands avantages », a souligné Charles-René Tandé. D’abord, une
diminution des coûts administratifs pour l’entreprise, « car le coût de
traitement d’une facture électronique est cinq fois moins important que le coût
de traitement d’une facture manuelle » ; ainsi qu’une réduction des délais
de paiement. Un avantage également pour l’État, comme outil de lutte contre la
fraude à la TVA. En effet, en termes de fraude, « Il est fait état de
plusieurs milliards », a pointé le président de l’Ordre. Enfin, ce dernier
a ajouté qu’il était rassurant pour la profession de savoir que les
enregistrements comptables sont fiables, car la dématérialisation des factures
est une automatisation pour que l’information rentre dans les systèmes
comptables.
« On est certains que les écritures
comptables qui sont passées automatiquement par facture électronique sont
justes, que la facture existe, qu’elle est vraie. À partir du moment où on a la
dématérialisation de la récupération des données bancaires et la
dématérialisation des factures, on va pouvoir avoir en continu l’information et
restituer à nos clients les éléments du tableau de bord, au quotidien, en temps
réel. C’est très pratique pour améliorer les performances des entreprises »,
a jugé Charles-René Tandé, qui a d’ailleurs précisé qu’une présentation de
cette plateforme serait proposée lors du congrès, afin de mettre les
experts-comptables présents au parfum.
Le président de l’Ordre a également évoqué la
loi PACTE et les différents décrets attendus par la profession, rappelant que «
l’ensemble des propositions faites au gouvernement ont été retenues et
votées par le parlement », et qu’il était nécessaire de « s’emparer de
ces dispositions pour qu’elles aient un impact significatif ». Charles-René
Tandé a ainsi souligné que le législateur avait entendu élargir les missions de
la profession, notamment via le mandat de règlement, « un point important
» qui va permettre au chef d’entreprise de déléguer au cabinet comptable
l’ensemble de la chaîne administrative, puisque l’expert-comptable pourra avoir
en délégation le règlement des factures des clients, sur le compte bancaire de
l’entreprise.
Le président de l’Ordre s’est également dit «
satisfait » de la reconnaissance des honoraires de succès. En effet, la
loi PACTE permet désormais aux cabinets d’expertise comptable de percevoir des
rémunérations complémentaires « liées à la réalisation d'un objectif
préalablement déterminé », dans le cadre de toute mission, hors les
missions comptables exercées à titre principal et celles participant à la
détermination de l'assiette fiscale ou sociale du client, et sans compromettre
l’indépendance du cabinet en question.
Charles-René Tandé s’est en outre réjoui du
développement des missions de conseil et de la mise en place de compétences
spécialisées.
« Le but est que nous gardions cette image
de généralistes habituelle, mais que le marché nous identifie aussi comme des
spécialistes dans un certain nombre de domaines », a-t-il affirmé. Dernier
point : la loi PACTE a ouvert l’accès à un nouveau statut, celui
d’expert-comptable en entreprise ; « une revendication que nous avions
depuis plus de 20 ans », a appuyé le président de l’Ordre. Pour ce dernier,
il s’agit en effet d’un « outil important en termes d’attractivité ». « On
va pouvoir savoir, identifier, que tel dirigeant d’entreprise, tel directeur
financier, est un expert-comptable en entreprise. On valorise mieux le diplôme,
et on obtient une communauté d’échanges professionnels plus riches. Cela évite
d’avoir une carrière bêtement rectiligne, et permet plus de souplesse pour
qu’un expert-comptable passe d’un système à un autre. En bref, cela donne plus
d’opportunités », a conclu Charles-René Tandé.
Bérengère Margaritelli