Bien que la justice immédiate et
portable au plus près de chaque individu reste une utopie, le citoyen attend la
rénovation qui lui redonnera confiance en elle. Les reproches ne manquent pas :
alambiquée, lointaine, chère, déconnectée… et les moyens alloués ne suffisent
pas à fournir la qualité espérée. Chantal Arens invite les juges à changer de
regard pour redéfinir un « modèle dépassé » : « Magistrats et fonctionnaires, accompagnés
par les avocats, j’en ai la conviction, doivent changer ensemble de paradigme !
». Il importe de revoir le rôle des juridictions en fonction des besoins de l’usager
qui, en particulier, souhaite anticiper une décision probable et rapide. Pour
en rétablir l’autorité publique, la rédaction de son énoncé, de sa motivation
doit s’adapter à une diffusion étendue aux néophytes. Une réflexion sur l’office
du juge, plus de collégialité entre eux, ou encore, revoir la collaboration des
fonctionnaires avec les magistrats paraissent, aux yeux de la Première présidente,
comme autant de sujets à travailler pour améliorer le système global.
Après avoir abordé les mouvements
sociaux récents et l’activité qu’ils ont générée pour le ministère public,
Catherine Champrenault a développé quatre éléments de sa politique en 2018.
Premier point, face au constat de l’abondance de logements insalubres dans les
départements franciliens, le parquet général de Paris s’est engagé dans la
lutte contre les marchands de sommeil. Il invite les juges, notamment en matière
civile, à se montrer perspicaces et fermes. Deuxième point, concernant le «proxénétisme des cités» via Internet et les hôtels bon marché, le cadre éducatif
doit agir de toutes parts : famille, enseignement, association spécialisée, mais
également justice. Troisième point, la cadence des procès pour terrorisme s’intensifie.
Le rythme prévu d’ici deux ans appelle l’attribution de renforts humains.
Dernier point, les parquets du ressort se sont pleinement mobilisés contre la
fraude fiscale et le détournement de fonds publics, générant un recouvrement
conséquent pour le fisc. Pour finir, Catherine Champrenault s’est réjouie de la
réinstallation plus fonctionnelle de la Cour, en 2019, et avec plus d’aisance,
grâce à l’espace laissé vacant par le tribunal de Paris.
C2M