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Cercle des stratèges disparus : les enjeux de l’hydrogène

Cercle des stratèges disparus : les enjeux de l’hydrogène
Publié le 25/02/2019 à 12:22

Thierry Bernard, président du Cercle des stratèges disparus, a accueilli Valérie Bouillon-Delporte, « Strategic hydrogen leader » chez Michelin et présidente d’Hydrogène Europe. La conférencière a exposé tout l’intérêt des moteurs électriques à pile à hydrogène et la position de l’industrie française sur ce secteur au potentiel prometteur.


Michelin se fixe pour mission de transporter durablement les individus et les biens. L’électrification des véhicules appartient à ses convictions et l’hydrogène y occupe une place d’avenir. Hydrogène Europe s’inscrit dans un partenariat public-privé avec la commission européenne, c’est un joint undertaking. Valérie Bouillon-Delporte préside l’association des industriels de l’hydrogène en Europe au nom de Michelin. La vision d’Hydrogène Europe est orientée vers une société zéro émission grâce à l’hydrogène. Peut-être êtes-vous déjà montés dans une voiture hydrogène sans le savoir ? À Paris, les taxis hype ont des moteurs électriques à hydrogènes. La grande majorité des véhicules électriques actuels ont une source d’énergie stockée dans des batteries qui présentent deux inconvénients : faible autonomie, temps de recharge long.


Aujourd’hui, 23 % des émissions de CO2 dans le monde sont imputables aux transports, qui fonctionnent encore aux énergies fossiles à 95 %. Elles impactent le réchauffement climatique et Bruxelles impose une réglementation qui tend vers l’électrification des véhicules. Mais le changement de paradigme prendra du temps et de l’argent. Atteindre les objectifs d’émission de CO2 commande notre politique, qui ne peut pas se contenter de la technologie des batteries. Pollution et qualité de l’air apparaissent maintenant parmi les préoccupations majeures des concitoyens. En 2050, trois terriens sur quatre vivront en ville. Symptôme de cette ère naissante, chaque jour dans le monde, des villes apportent leur lot d’interdictions contre les véhicules thermiques. Du reste, tous les constructeurs ont une perspective qui planifie la fin de leur production et de leur distribution. En France, en juin dernier, Nicolas Hulot annonçait les dernières ventes de voitures dotées d’un moteur à carburant en 2040.


La pile à hydrogène stock de l’hydrogène, et par réaction avec l’oxygène de l’air, produit suffisamment d’électricité pour faire avancer un véhicule. Elle émet de l’eau distillée. Indépendamment de la mobilité, l’hydrogène apparaît comme le vecteur de stockage d’énergie renouvelable le plus flexible. Pour respecter la feuille de route énergétique de l’Union européenne, les applications de l’hydrogène vont se répandre : bâtiment, industrie, mobilité.


En Europe, le clim energy package travaille sur tout ce qui concerne la réglementation énergétique et sur la façon d’atteindre 32 % d’énergie renouvelable dans la production d’électricité. Le mobility package tend à faire baisser les émissions de CO2 des voitures et des camions. De nos jours, l’hydrogène est fabriqué en craquant du gaz naturel. Il vient d’énergie fossile à 90 %. Les processus industriels en génèrent des quantités qui ne sont pas valorisées jusqu’à présent. L’hydrogène vert, par électrolyse à partir d’énergie renouvelable, commence à apparaître. L’Union européenne veut arriver à une production totalement propre en 2050.


Culturellement, l’hydrogène fait peur. Il évoque l’explosion. Pourtant, le réservoir d’essence d’une voiture classique est une bombe latente, mais personne n’y songe. L’automobile à hydrogène répond à une série de tests et de contrôle de sécurité qui la rende tout à fait sûre. Quant au prix, qu’il s’agisse de la fabrication ou de la consommation, ils s’annoncent équivalents à ceux de la voiture thermique, lorsque la production aura atteint les mêmes volumes. Le temps de recharge varie de 3 à 5 minutes, c’est-à-dire qu’il est similaire à celui d’un plein classique. L’autonomie actuelle autorise 500 à 600 kilomètres. Bus, train, camion, plus le véhicule est lourd, plus les batteries encombrent, et plus le choix de l’hydrogène a du sens.


En France, les stations de recharge en gaz sont en phase de déploiement pour répondre aux besoins des flottes professionnelles dans un premier temps. En effet, notre pays a mis en place une stratégie de cluster pour cette population qui permet, avec la participation des régions, d’étendre un réseau d’infrastructures moins dense et donc moins cher. Ce maillage sert de base au plan national présenté le 1er juin dernier. Celui-ci prévoit une centaine de stations hydrogène et environ 5 000 véhicules professionnels en 2023. Cette échelle permettra de passer à une phase de massification de la technologie pour proposer 400 à 1 000 stations en 2028 pour un parc d’au moins 30 000 véhicules.


En 2024, les véhicules à hydrogène auront leur catégorie aux 24 heures du Mans.


 


C2M


 


1 commentaire
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charles
- il y a 5 ans
je me demande si les véhicules à hydrogène seront finalement une bien meilleure solution écologique que les électriques, compte tenu que la fabrication et l’utilisation massive et croissante des batteries des véhicules électriques présentent des risques importants, du fait principalement des substances chimiques toxiques et corrosives (métaux lourds, acides, alcalis) qu' elles contiennent : http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=69&dossid=526?


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