ACTUALITÉ

Cour de cassation : faciliter l’anonymisation des décisions de justice

Cour de cassation : faciliter l’anonymisation des décisions de justice
Publié le 25/01/2019 à 11:49

Le big data des décisions de justice fait parler de lui. Visant à rendre accessibles au public les décisions de justice, cette ouverture veille toutefois à préserver la vie privée des parties, en rendant anonymes les données. Dans ce cadre, depuis janvier 2019, la Cour de cassation a accueilli, pour dix mois, deux spécialistes de l’intelligence artificielle, dont la mission première sera de développer des outils visant à mettre en place cette anonymisation de façon automatisée.





La mise à disposition des jugements voulue par le gouvernement ne se fait pas sans peine. Promise par les articles 20 et 21 de la loi numéro 2016-1321 du 7 octobre 2016 pour une République numérique, leur mise en ligne doit toutefois être encadrée. En effet, comme l’a rappelé la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, lors de la 2e édition de la Vendôme Tech en novembre dernier, « l’article 19 du projet de loi pose un principe important : les jugements sont mis à la disposition du public à titre gratuit sous forme électronique ». Jugée comme « essentielle à la démocratie », cette ouverture doit toutefois veiller à la protection de la vie privée des parties. Aussi, « les noms et prénoms des personnes physiques mentionnées dans le jugement, lorsqu’elles sont parties ou tiers, seront préalablement occultées avant la mise à disposition au public. » a précisé la garde des Sceaux. Veillant à garantir un équilibre « entre l’accès à la décision, entièrement préservé, et le respect de la vie privée et de la sécurité des personnes », celui-ci apparaît pour la ministre indispensable pour « que l’accès aux décisions de justice améliore la confiance des citoyens en la justice ».


Alors que la Cour de cassation procède elle-même à l’anonymisation des décisions de justice diffusées sur Légifrance et accessibles en open data depuis janvier 2018, celle-ci souhaite développer une technique visant à automatiser cette étape. Car en effet, les chiffres sont éloquents : 15 000 décisions judiciaires sont diffusées sur Légifrance chaque année, alors que près de 3,9 millions de décisions sont rendues, tous les ans. Aussi, pour répondre à l’anonymisation de ses décisions, la Cour de cassation a souhaité faire appel « à des techniques d’intelligence artificielle et en particulier d’apprentissage automatique » précise-t-elle. Les deux data scientists accueillis par la Cour de cassation devront alors mettre en œuvre le développement d’un outil permettant d’occulter les éléments identifiants directs (noms, adresses…) à l’aide d’un logiciel. Ils pourront, dans leur tâche, s’appuyer sur les techniques déjà existantes, mais aussi compter sur une équipe de dix annotateurs-correcteurs « qui pourront vérifier les résultats du logiciel d’anonymisation à concevoir et permettre de les améliorer », précise la plus haute juridiction de France. Les objectifs étant de transformer en profondeur la diffusion de la jurisprudence et de renforcer la cohérence des décisions rendues et la confiance des citoyens en l’autorité judiciaire.


Constance Périn


 


0 commentaire
Poster

Nos derniers articles