« Notre justice vit-elle encore à
l’âge de pierre ? » C’est ainsi que le
barreau de Paris interpelle les candidats à l’élection présidentielle. Le 1er
février dernier, alors que le barreau prononçait ses vœux, le bâtonnier de
l’ordre Frédéric Sicard et la vice-bâtonnière Dominique Attias ont lancé
une campagne « d’alerte et d’information » détonante s’adressant aux candidats à l’élection présidentielle. Ils
ont également présenté leur « Pacte justice », construit autour de six propositions concrètes visant ainsi à
provoquer le débat.
En décembre dernier, le barreau de Paris lançait la grande consultation
en ligne « Présidentielle 2017 : la justice et ses enjeux ».
Adressée aux 28?000?avocats du barreau (1 137 avocats y ont participés),
ces derniers étaient invités à s’interroger sur la question de la justice au
travers d’une trentaine de questions regroupées en cinq grandes
thématiques : la défense des libertés publiques et individuelles, la
réforme et la modernisation de la justice, la modernisation de la profession
d’avocat, le rayonnement de Paris et de la France comme places du droit ou
encore l’accès au droit pour tous.
Le barreau de Paris s’est notamment appuyé sur les résultats de cette
réflexion pour élaborer le « Pacte justice ». Les nombreux
rapports présentés au conseil de l’ordre ces derniers mois et l’expression du
justiciable révélée par l’étude réalisée en septembre 2016 de concert avec
l’institut IFOP dénommée « Le regard des Français sur la Justice et les
avocats » (voir Journal Spécial
des Sociétés n° 50 du 22 octobre 2016) sont également venus alimenter sa
réalisation.
Construit en six chapitres, « Pacte justice » vise à
fonder les bases pour une justice « plus proche, plus humaine et plus
efficace » alors qu’elle est aujourd’hui « au bord de la
faillite » affirmait avec gravité Frédéric Sicard. Lassé des constats,
le barreau de Paris veut de l’action. La politique doit s’emparer de ce sujet,
et le plus grand barreau de France compte bien apporter ses propositions en
étant « un acteur central des débats présidentiels ayant trait à la
justice ».
« Ce pacte est pour nous l’occasion de débattre avec les candidats
non seulement sur les grands enjeux liés aux questions de justice, mais aussi
sur les réalités vécues par nos concitoyens, en attente d’une justice qui soit
davantage à leur écoute et agisse dans des délais raisonnables. Une affaire
civile engagée en 2017 ne sera
jugée qu’en 2021 ! Nous nous plaçons là dans une logique de construction
collégiale de la justice du XXIe siècle », expliquait
le bâtonnier du barreau de Paris. Le site « Pacte justice » a
d’ailleurs été crée (pacte-justice.org) et invite chacun à adhérer aux
propositions en signant le « Pacte justice 2017 ».
Une campagne
choc
Afin de
marquer les esprits et rendre compte de la situation « difficile »
dans laquelle se trouve aujourd’hui la justice en France, le barreau parisien a
choisi de détourner les cinq visages des principaux candidats à l’élection
présidentielle en les transposant à l’ère préhistorique. Sur chacun de ces
visuels, le barreau rappelle un fait précis – mais dramatique – illustrant
l’état dans lequel se situe la justice en France : les délais de jugement,
le nombre important de postes vacants, l’état de dégradation de certains
tribunaux… autant d’incohérences sur lesquelles le candidat représenté est
interpellé. « Notre justice vit à l’âge du feu. Quel engagement
prenez-vous ? », peut-on y lire par exemple. (…)
Constance Périn
Retrouvez la suite de cet article
dans le Jouranl Spécial es Sociééts n° 15 du 22 février 2017
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