Dans un récent rapport semestriel en date du 18 avril
2017, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la hausse ses prévisions
quant à la croissance économique pour l’année en
cours. L’organisme met
cependant en garde contre une éventuelle « guerre commerciale » à
venir, en raison de la montée inquiétante du protectionnisme au sein de
l’Occident.
Cette
annonce inattendue marque un changement de ton en ce qui concerne la santé
économique mondiale. Pour la première fois depuis ces deux dernières années, le
FMI entrevoit une accalmie – avec un bémol pour les États exportateurs de
produits de base - grâce à une amélioration notable, bien que modeste, des
perspectives mondiales. Amorcée à l’été 2016, l’embellie prévisionnelle de
l’expansion économique mondiale est confirmée par l’organisme international qui
annonce une croissance à hauteur de 3,5 % pour l’année 2017, contrairement
aux 3,4 % annoncés en début d’année. La reprise
dans l’industrie manufacturière et le commerce n’y est pas indifférente.
Avec 1,7 %
de croissance, la zone euro voit ainsi ses prévisions reconsidérées. Et la
France n’est pas en reste avec 1,4 %, bien que les résultats de son
activité économique ne parviennent pas à atteindre la moyenne. Plusieurs
facteurs contribuent à cette prévision de reprise : une monnaie européenne
à faible taux, une croissance américaine qui se porte bien et une politique
monétaire arrangeante de la part de la BCE avec les États européens.
Au
Royaume-Uni, malgré le scénario catastrophique annoncé
au lendemain du vote pour le Brexit, on observe une résistance de l’économie
britannique avec une possible progression de 2 % contrairement au 1,1 %
prévu en octobre 2016. Cependant, la partie n’est pas gagnée pour la situation
économique du Royaume-Uni qui devrait ressentir les premiers effets négatifs de
sa scission avec l’UE dès l’année prochaine. Le choix opéré par la Première
ministre, Theresa May, d’avancer les élections législatives devrait noircir un
peu plus le tableau, puisqu’il apportera son lot d’« incertitudes », ce qui « en général (...) n’est jamais une bonne chose » comme
l’indique Maurice Obstfeld, chef économiste du FMI. La sortie effective du
marché commun européen devrait faire plonger le taux à seulement 1,5 %.
Contrairement
à ce qui a été craint, l’arrivée
de Donald Trump dans le Bureau ovale n’a, jusqu’à présent, pas fait sombrer
l’économie du partenaire outre-Atlantique de l’Union
européenne. Bien au contraire, après un certain assouplissement,
le plan de relance préparé par l’équipe du 45e président combiné
à la confiance renouée avec les entreprises, a boosté
l’activité économique du pays qui revoit à la hausse sa croissance
prévisionnelle avec 2,3 % pour l’année 2017 et de 2,5 % pour 2018.
Quant aux
pays émergents - dont le Brésil, qui bénéficierait d’une croissance de 1,7 %
en 2018 -, ils devraient connaître une période plus agréable grâce à la
croissance chinoise qui reste forte (6,2 % en 2018 contre 6,6 % en
2017) et à la valeur des produits de base revue à la hausse.
Le tableau
n’est pas aussi rose pour l’Amérique du Sud et l’Afrique subsaharienne.
Confrontés à une perte de revenus conséquente due à la chute du cours des
matières premières, aux conditions météorologiques défavorables et aux
instabilités politiques, ils s’exposent très certainement à une période de
« famine de masse ».
Un système économique sur le déclin ?
Néanmoins,
ce progrès quasi général n’est pas sans failles. En effet, bien que porté pour
le moment par un nouvel élan économique, l’optimisme de l’institution
internationale ne peut ignorer la conjoncture mondiale et les risques qu’elle
représente.
Cette
amélioration ne peut donc s’entendre qu’à court terme. Les risques de
dégradation persistent. En effet, la croissance du produit intérieur brut est
sur le fil du rasoir. Elle aura maille à partir avec le regain de
protectionnisme constaté dans nos contrées occidentales. Ce dernier pourrait,
par ailleurs, occasionner nombre de fractures au sein du marché économique
mondial - déjà fragilisé
par la crise de 2008 qui a creusé un peu plus le fossé des inégalités - en « sapant les
relations commerciales internationales et, plus généralement, la coopération
multilatérale ». À l’occasion d’une conférence de presse à Washington, M. Obstfeld
n’a d’ailleurs pas hésité à soulever la question pour le moins épineuse de la
durabilité de cet élan sur le moyen et le long terme. Il en a conclu, pour le
moment, que ce point « reste en suspens ».
La
progression économique, notamment des pays avancés, risque bien de subir les
effets du « chamboulement » observé dans le paysage actuel des
politiques économiques, notamment en raison de la baisse des revenus, de la
problématique liée au marché du travail, de la politique de repli sur soi, de
la diminution des flux d’investissement à l’échelle internationale, du possible
relèvement anticipé des taux d’intérêt aux États-Unis - lequel aurait pour
conséquence de durcir les conditions financières au niveau mondial, que ce soit
dans les pays avancés ou émergents. (…)
Lydia Legretard
Retrouvez cet article dans le Journal Spécial des Sociétés n°38 du 13 mai 2017
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