La filière
juridique serait-elle en crise ? Les innombrables débats d’experts et de praticiens
qui s’interrogent sur la pratique des juristes, les publications pléthoriques sur
le sujet, sans compter les conférences et autres colloques en sont les signes,
selon le professeur Christophe Jamin. Le directeur de droit de l’I.E.P. de
Paris est intervenu le 7 décembre dernier devant le Cercle Dalloz sur le thème « Quelle formation
pour les juristes de demain ? »
Pluridisciplinarité
ou technicité ? Maintien des facultés de droit ou inclusion dans des départements
de sciences sociales ? Le professeur a questionné l’utilité même des études juridiques.
S’inspirant de celles de médecine, il a conclu en proposant au public –
largement composé de professeurs – une pédagogie à trois niveaux : l’apprentissage
du langage, c’est-à-dire des fondamentaux ; l’apprentissage expérientiel dans
et hors de la faculté ; et enfin l’approfondissement par la recherche pour tous
les étudiants.
Le professeur Jamin
était également présent quelques jours plus tôt à la première édition du
Grenelle du droit organisé par l’Association française des juristes d’entreprise
(AFJE) et le Cercle Montesquieu. Les deux institutions avaient promis, dans
leurs propositions aux candidats à l’élection présidentielle, de le mettre en
place. Stéphanie Fougou, la présidente de l’AFJE, considère cet événement comme
« un premier pas pour renforcer la filière juridique et activer ses changements
en faisant tomber les barrières et sortir des segmentations artificielles dépassées
». C’est ce qu’il ressort en effet de cette journée : la nécessité d’unir les
professions juridiques pour une plus grande compétitivité de la filière. Aux
craintes liées à la mondialisation s’ajoutent celles liées à la digitalisation.
Source de fantasmes et d’inquiétudes excessives, la transition doit néanmoins être
mise en place par les directions juridiques et interroge beaucoup. C’était d’ailleurs
le thème du 7e campus AFJE qui s’est déroulé le 24 novembre
dernier.
Lors de ces différentes
manifestations, il n’y a pas eu de solution définitive à ce qui s’apparente à
une crise ou, pour le moins, à des doutes profonds. Pourtant, il en ressort une
conclusion commune : le besoin de décloisonner, de casser le fonctionnement en
silos de la filière juridique.
Victor Bretonnier