Le 25 octobre dernier, Journée européenne de
la justice, était célébrée l’édition 2018 de la Journée européenne des avocats.
Consacrée cette année à « L’importance des avocats
: la défense des défenseurs de l’État de droit », le Conseil des barreaux européens (le CCBE,
qui représente les barreaux de 45 pays), mais aussi le Conseil national des
barreaux (CNB) n’ont pas manqué de placer l’avocat et ses missions de défense –
mais aussi les dangers associés à l’exercice de cette profession – au cœur de cette journée spéciale.
La journée européenne des avocats célèbre chaque année
la contribution des avocats au système judiciaire et leur rôle dans la défense
et la promotion de l’État de droit à travers l’Europe.
Alors qu’en 2017, le programme de cette journée s’était
construit autour du numérique, « Les avocats en e-volution :
comment la transformation numérique peut renforcer la relation entre le
justiciable et l’avocat ? », c’est le rôle défensif de l’avocat,
garant de l’État de droit, que le CCBE – présidé par Antonín Mokrý – a choisi
de mettre en avant. « La Journée européenne des avocats célèbre le rôle
des avocats dans la défense de l’État de droit et des intérêts des
citoyens » déclare l’organisation.
le cnb met à l’honneur la
profession
Célébrant la Journée européenne des avocats, l’organe
représentatif des barreaux français, le CNB, n’a pas manqué de marquer son
engagement en organisant, ce même jour, un colloque consacrée à l’avocat
européen. Rappelant le contexte, la présidente Christiane Féral-Schuhl a ouvert
cette manifestation en appelant les avocats à être acteurs de leur
avenir : « Nous devons être prêts, agir et prendre des décisions
car le brexit et les élections européennes vont scander le début de 2019 »
déclarait-elle.
Le bâtonnier de l’Ordre des avocats du barreau de Paris Marie-Aimée
Peyron, également présente, a à son tour pris la parole : « Cette
Journée européenne des Avocats se tiendra tant que nous aurons des difficultés
à défendre la défense », a-t-elle gravement prédit.
Organisé autour de deux axes, la première partie de ce rendez-vous était
consacrée à « La défense de la défense : état des lieux en Europe
et dans le monde ». Le vice-bâtonnier du barreau de Paris Basile Ader
a, dans ce cadre, insisté sur l’instinct défensif qui réunit la
profession : « Les avocats sont sur le terrain. Ce qui est
formidable dans notre profession est l’universalité de la défense. Nous avons
un ADN commun qui nous pousse à la révolte » a-t-il déclaré. Richard
Sédillot, membre du CNB et vice-président de la commission des Affaires
européennes et internationales en charge des droits de l’homme a également
apporté son expertise. Enfin, un membre de la « Arrested lawyers
initiative », groupe d’avocats turcs réfugiés en Europe, est
intervenu.
Des membres de la « Arrested lawyers initiative », groupe
d’avocats turcs réfugiés en Europe,
livrant leurs témoignages, ont par ailleurs pointé les dangers liés à
l’exercice de leur profession en Turquie, où plus de 500 avocats sont détenus
pour exercer leur métier.
La seconde partie de la matinée était quant à elle construite autour du
« Projet de Convention européenne des avocats : vers un
renforcement des standards internationaux pour protéger tous les avocats ».
Le CCBE l’a déclaré, il « soutient le travail du conseil de l’Europe
relatif à une Convention sur la profession d’avocats », estimant « qu’un
tel instrument s’avère indispensable afin de répondre aux attaques à l’encontre
du rôle des avocats, lesquelles s’amplifient ces dernières années ».
Plus que des mots, la présidente du CNB veut des actes : « L’Observatoire
international des avocats en danger lancé par le CNB et ses confrères italiens
doit aller plus loin en 2019 : nous devons lui obtenir une reconnaissance
institutionnelle par l’UE ». Dans le prolongement, celle-ci a ainsi
annoncé que se tiendrait début 2019 à Strasbourg
une assemblée générale décentralisée du CNB, visant à faire connaître les
positions de la profession aux institutions européennes. Laurent Pettiti,
membre du CNB, vice-président de la CAEI en charge des questions européennes et
président du groupe de travail sur la Convention européenne des avocats du
CCBE ; Sabien Lahaye-Battheu, membre de l’Assemblée parlementaire du
Conseil de l’Europe et rapporteure du projet de Convention européenne des
avocats et Vincent Nioré, délégué du bâtonnier de Paris aux contestations des
perquisitions chez l’avocat, ont, dans ce cadre, également apporté leurs
expertises. Cette matinée s’est conclue par des échanges avec la salle.
Et en belgique
Outre en France, des barreaux de toute l’Europe ont
célébré les avocats européens en préparant conférences, débats et tables
rondes, comme à Bruxelles, où l’Ordre des barreaux francophones et germanophone
(OBFG) a organisé un événement. Aussi, Maître Jean-Pierre Buyle, président de
l’OBFG, mais aussi Olivia Venet, Présidente de la ligue des droits de l’homme,
Maître Michel Forges, bâtonnier de l’ordre français, Maître Peter Callens,
bâtonnier de l’Ordre néerlandais de Bruxelles et Messieurs Abdelmonim Hendriks
et Francesco Lubaki (faculté de droit de l’ULB) ont débattu autour de la
question suivante : « La défense est-elle libre en Belgique ? ».
Visant « à mettre en lumière les attaques
croissantes, institutionnelles ou privées, à l’encontre de la profession »,
cette édition a également rappelé le rôle de l’avocat, car pour reprendre les
mots de Robert Follie, responsable de la pratique énergie mondiale du cabinet HFW et candidat avec Isabelle
Armand à l’élection du Conseil de l’Ordre du barreau de Paris, partagés sur Twitter,
« L’Avocat reste un rempart au basculement d’une Société ».
Constance Périn