JUSTICE

L’ancien juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke, figure de la lutte anti-corruption, est décédé

L’ancien juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke, figure de la lutte anti-corruption, est décédé
Clearstream, Kerviel, Cahuzac… le magistrat a instruit de nombreuses affaires retentissantes
Publié le 10/05/2024 à 16:15

Dans un tweet publié ce 10 mai, le ministre de la Justice a annoncé la disparition de ce « grand magistrat » à l’âge de 71 ans.

« Le juge Renaud Van Ruymbeke nous a quittés. » C’est en ces termes solennels que le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, s’est exprimé sur Twitter ce 10 mai pour annoncer le décès de l’ancien juge emblématique de la lutte contre la corruption en France.

Cinq ans après avoir pris sa retraite, le magistrat qui avait investi plusieurs affaires politico-financières a tiré sa révérence à 71 ans. Une disparition dont les détails n’ont pas encore été communiqués, mais qui n’a pas manqué de susciter de vives émotions, notamment au sein de la profession.

Si le garde des Sceaux a adressé ses condoléances à la famille et aux proches d’« un grand magistrat » et un « immense serviteur » de la Justice, le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, a de son côté déploré la perte « d’un juge d’instruction indépendant et courageux, [qui] laissera une empreinte indélébile dans l’histoire judiciaire de notre pays ».

Un magistrat « trop indépendant »

Clearstream, Kerviel, Cahuzac, Balkany ou encore la procès de la taxe carbone : en 40 ans de carrière, celui qui a été nommé juge d’instruction en 1977, avant de devenir substitut du procureur de la République à la section financière de Caen en 1983, puis d’être nommé plus tard premier vice-président chargé de l’instruction du tribunal de grande instance de Paris en 2013, a instruit de nombreuses affaires retentissantes.

En 2021, Renaud Van Ruymbeke publiait un livre autobiographique, Mémoires d’un juge trop indépendant, dans lequel il revenait sur ces procès, expliquant comment il s’était « attaqué aux sphères du pouvoir au financement illégal des partis politiques ». « J’ai traversé la Ve République et traité de nombreuses affaires ayant eu des incidences non seulement financières mais aussi politiques (…). Guidé par une volonté d’indépendance, j’ai dû franchir des obstacles et subir des blocagse (…). J’ai tenté de m’affranchir de ces entraves pour mettre au jour une vérité dissimulée, occultée, censurée », y expliquait-il.

Il était aussi connu pour être l’un des sept grands magistrats qui, en 1996, a lancé l’appel de Genève contre la malversation financière et réclamé une harmonisation fiscale et judiciaire européenne, avec la levée du secret bancaire. Une demande entendue au niveau européen plus de 20 ans après, avec la mise en place de l’échange automatique de données entre les Etats membres.

Si pour l’heure, la date de funérailles n’a pas été communiquée, les hommages à ce magistrat pugnace et intransigeant, sans doute l’un des plus connus en France, ne cessent d’affluer.

Allison Vaslin

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