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L’intelligence artificielle dans la filière de l’immobilier

L’intelligence artificielle dans la filière de l’immobilier
Publié le 03/04/2019 à 12:29


Le 4 mars dernier, Xerfi Precepta, leader des études économiques sectorielles, a publié une étude portant sur les enjeux et défis de l’intelligence artificielle (IA) dans la filière de l’immobilier. Alors que les nouvelles technologies pénètrent doucement le secteur immobilier, quel sera l’impact des nouvelles technologies dans le secteur ?



L’intelligence artificielle va-t-elle révolutionner la filière immobilière ? se sont interrogés les experts de Xerfi Precepta en menant une étude consacrée aux enjeux et défis de l’intelligence artificielle dans la filière de l’immobilier. Se concentrant sur les changements profonds promis par l’IA dans nombre de professions de l’industrie immobilière, cette étude de 193?pages « met en garde contre les déceptions que pourraient entraîner l’“IA washing” et analyse les impacts sur le jeu concurrentiel, notamment à travers l’arrivée de nouveaux entrants, dont les géants du numérique » souligne Vincent Desruelles, directeur d’études chez Xerfi France.


Smart building, estimation des logements et bâtiments non résidentiels, marketing et relation client, modèles transactionnels… l’IA envisage de s’engouffrer dans tous les maillons de la chaine immobilière ; la data est elle aussi de plus en plus utilisée, notamment par les grands groupes du secteur et le dynamisme des levées de fonds des start-up du secteur témoignent d’un intérêt croissant pour les offres data-driven. Aussi, les PropTech – start-up qui fournissent des produits innovants, technologiques ou des modèles nouveaux pour les marchés immobiliers – viendraient-elles perturber l’équilibre traditionnellement établi ? « Sur quelles technologies et start-up les entreprises de l’industrie immobilière doivent-elles investir pour apporter une réelle valeur ajoutée à leur offre ? Et sur quels maillons de la filière l’IA les promesses de l’IA sont-elles les plus importantes ? » se questionne Vincent Desruelles, dont l’étude va permettre d’apporter quelques éléments de réponse.



Une rupture à venir


Même si les innovations sont en train d’investir lentement le secteur immobilier, nous n’en sommes qu’à l’aune de modifications majeures à venir, soulignent les experts de Xerfi Precepta. « La plupart des applications sont en effet en phase d’introduction ou de décollage sur le marché avec, pour certaines d’entre elles, de beaux potentiels de croissance » précisent-ils. Actuellement, les principales applications concernent la gestion des bâtiments, en particulier tertiaire. Aussi, le déploiement du « bâtiment intelligent » n’est pas d’actualité. En effet, le marché du smart building ne concerne aujourd’hui que le neuf, et l’offre n’est pas encore assez structuré pour envisager un développement plus large venant tout chambouler.


Car les grands groupes l’ont compris : l’IA, et particulièrement le data, sont un « gisement de création de valeur » dont ils ne comptent pas se priver. Reste maintenant à entamer les phases de développement et d’expérimentation. Dans ce cadre, « Les relations partenariales entre l’ancien et le nouveau monde se multiplient (…) dans l’immobilier » affirment les rédacteurs de l’étude, comme l’illustre l’émergence de structures internes d’innovation, comme La Factory de Vinci Energies, lieu abritant de nouvelles technologies développées par le groupe ou par de jeunes entreprises extérieures, inaugurée en mars 2017. Ces nouveaux liens peuvent d’ailleurs venir bousculer l’équilibre traditionnel dû au « risque de dépendance des acteurs historiques à ces nouveaux fournisseurs, susceptibles d’occuper des positions de premier plan dans les écosystèmes » craignent les auteurs de l’étude.



Qui sont les acteurs de demain ?


« Compte tenu d’un ADN technologique marqué, les plateformes de petites annonces ont une longueur d’avance dans la maîtrise des solutions d’exploitation des data pour les promoteurs et agents immobiliers » assurent les experts de Xerfi Precepta. Toutefois, des entreprises comme Seloger ou Leboncoin vont assurément devoir affronter les géants du numérique investis dans le domaine. Facebook, par exemple, a lancé en 2017?Facebook Marketplace, plateforme permettant d’acheter ou vendre au sein de sa communauté, et dans ce cadre, s’est engouffré dans l’immobilier en s’associant avec des acteurs du secteur : « Facebook Marketplace a augmenté sensiblement le nombre de ses annonces dans le locatif suite aux partenariats noués avec des acteurs de l’immobilier au deuxième semestre 2018 » souligne ladite étude.


Mais nous n’en sommes qu’aux prémices d’un développement plus large, et les technologies s’appuyant sur l’IA dans ce secteur sont aujourd’hui encore assez rares. « L’ensemble des services fondés sur la data utilisent encore rarement des systèmes de machine learning ou de deep learning », est-il précisé dans ce document. En effet, ses auteurs constatent que l’ « IA washing », autrement dit la sur-communication des avancées en matière d’intelligence artificielle à des fins commerciales, peut mystifier son impact, et préfèrent adopter une posture plus réaliste.


Les solutions low tech, c’est-à-dire « ne nécessitant pas d’installations complexes et ne [faisant] pas courir de risques en matière de profilage des occupants et de nocivité des ondes » peuvent également venir bousculer les offres nées du développement de l’IA. « Enfin, des freins structurels, liés à l’accès et à la sécurité des données depuis l’entrée en vigueur du RGPD, pourraient entraver l’essor de l’intelligence artificielle dans l’immobilier » prédisent les auteurs.


Toutefois, les possibles offerts par les nouvelles technologies sont larges, et les professionnels du secteur doivent dès aujourd’hui anticiper cette mutation à venir, « en particulier en matière de ressources et de compétences à développer ou à acquérir pour travailler de façon optimale avec les systèmes d’intelligence artificielle » précisent les rédacteurs. Comme dans d’autres secteurs, l’IA, au service de l’humain, peut devenir libératrice de temps, permettant ainsi de redéfinir les tâches ; les architectes par exemple « pourront se concentrer sur ce qui relève davantage de l’intelligence humaine (comme l’innovation ou la créativité) ». « Plus globalement, l’IA permettra un redéploiement des missions vers le conseil et le service, notamment pour les agents immobiliers », est-il annoncé.



Et quel impact sur l’emploi ?


Ainsi, concernant l’emploi, l’IA ne devrait pas, dans ce secteur, provoquer un « tsunami ». En effet, considérée comme une aide, cette nouvelle technologie accompagnera plus qu’elle ne remplacera : « l’IA est avant tout une prothèse venant suppléer les déficiences de l’homme, accroître sa performance, faciliter ses tâches » précise Xerfi Precepta. Et elle pourrait même, au contraire, être source de création. En effet, de ces nouveautés vont certainement naître de nouvelles offres, de nouveaux modèles d’affaires… et pourquoi pas de nouveaux métiers ?


 


Constance Périn


 







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