Thierry Bernard, président du Cercle des
stratèges disparus, a accueilli Denis de Kergorlay en qualité de signataire
avec Pierre Dumont de l’ouvrage intitulé « Eoliennes :
chronique d’un naufrage annoncé ». L’auteur tient un propos dissonant quant
aux avantages de l’éolien communément vantés dans tous les médias. Il invite
chacun à conserver son esprit critique et à ne pas se laisser endoctriner par
un dogme vulgarisé.
Ni ingénieur,
ni haut fonctionnaire, Denis de Kergorlay qui a été vice-président de La
Demeure Historique et Président
exécutif de Europa
Nostra, et qui est président de l’association franco-américaine French
Heritage Society et du Cercle de l’Union Interalliée, se présente comme un
témoin engagé dans le combat contre la prolifération des éoliennes en France.
Il appartient au groupe des individus qui les considèrent comme nuisibles.
Notre pays a arrêté des choix cruciaux dans les années 60, note-t-il, notamment
un programme nucléaire qui avait pour vocation d’assurer l’indépendance
énergétique. Tout a été remis en question par un mouvement politique, celui des
écologistes. Le conférencier tient à livrer sa perception des raisons qui nous
ont poussés vers cette source d’énergie. Il revendique une démarche de vérité
contre l’alliance de l’argent et de l’idéologie, un combat d’envergure
planétaire.
Denis de
Kergorlay a été un écologiste de la première heure. De retour en France après
avoir vécu aux États-Unis, au début des années 70, il se sent proche du
mouvement qui prône des idées identiques à celles qu’il a appréciées chez l’oncle Sam. De 1972 à 1976, il
milite aux amis de la Terre, association présidée par Brice Lalonde. En 1974,
le groupe présente un candidat tiers-mondiste à l’élection présidentielle, René
Dumont. à l’époque, les Français
ignorent totalement le terme écologie, alors que les Allemands ont déjà
leurs Grünen. Le substrat idéologique est alors issu du Club de Rome qui
annonce un avenir catastrophique en raison des courbes de la croissance
démographique, de la croissance économique, des problèmes environnementaux, ainsi que de la
disparition des matières premières.
Pour
conjurer ce scénario, les écologistes ultras mettent en avant la théorie de la
décroissance. Parallèlement, le programme électro nucléaire de notre pays voulu
par Charles De Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, puis hérité
par François Mitterrand aboutit à la création d’un parc nucléaire conséquent.
Les écologistes de cette période se battent essentiellement contre les
centrales nucléaires. Cela relève de l’obsession. Denis de Kergorlay trouve que
les militants sont obnubilés par cette unique idée, alors qu’il existe bien
d’autres questions à traiter, comme la biodiversité ou la préservation des
espèces. Il quitte le mouvement écologiste et rejoint les actions de Médecins
sans Frontières dont il sera le Trésorier pendant dix ans.
Par la
suite, les écologistes ont augmenté leur influence politique au point
d’intégrer le gouvernement de la gauche plurielle de Lionel Jospin. Yves Cochet
y est ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement. Il a conçu
un rapport sur le développement des énergies renouvelables qui doivent se
substituer au nucléaire. Pour en stimuler le déploiement, un principe simple
est avancé, celui de payer ces sources d’énergie plus cher que les autres.
L’arrêté Cochet du 8 juin 2001 le met en pratique : obligation est donnée
à EDF d’acheter l’électricité produite par le renouvelable (principalement
l’éolien) au double du prix du marché.
Le prix du
marché du mégawatt heure se chiffre à 41 €. EDF est contrainte de débourser 82
€ auprès des opérateurs sur des contrats de quinze ans renouvelables. Les
marges considérables offertes aux fournisseurs ont effectivement généré un
énorme appel d’air qui a accéléré la prolifération des éoliennes.
Les Français
sont inexistants dans cette industrie et quelques compagnies étrangères ont
bâti des fortunes sur cette aubaine. L’idéologie a créé un business
international où les acteurs sont allemands, danois, espagnols et chinois. Les
gouvernements français successifs ont élaboré un système d’accueil formidable
pour ce marché.
Aujourd’hui,
des équipes de commerciaux sillonnent toutes les provinces de notre pays pour
démarcher les maires et les propriétaires de terres agricoles. L’argument
avancé pour un exploitant est le suivant : « vous gagnez tant par
vache, vous allez gagner quatre fois plus avec les éoliennes » ; et
pour un maire : « les dotations
disparaissent, mais avec nous, vous allez avoir de nouvelles rentrées
fiscales ». L’intervenant y voit une forme d’exploitation en abus de
faiblesse, celui d’un commerce prospère, puissant, qui convainc des individus
fragilisés. Actuellement le parc éolien français dénombre dans toutes nos
campagnes huit mille équipements qui sont implantées parfois massivement. Des
« beaux coins » ont totalement changé d’aspect. Denis de Kergorlay défend
le patrimoine. Il note que des passionnés s’investissent pour préserver des
architectures remarquables de nos régions et qu’un jour la pollution visuelle
d’un champ d’éoliennes peut venir tout ruiner.
Majoritairement,
l’opinion publique estime aujourd’hui qu’il faut sortir de l’énergie nucléaire
qui est dangereuse, et que l’énergie renouvelable constitue la voie à suivre.
Celle-ci est présentée comme propre, gratuite, écologique. La publicité s’est
d’ailleurs emparée du symbole et les éoliennes apparaissent épisodiquement dans
les spots qui exposent les mérites d’entreprises responsables. Cependant, des
sceptiques font entendre leurs critiques. Ce sont des défenseurs du patrimoine
et de l’environnement. L’impact visuel d’une construction en acier de 250
mètres de haut sur un paysage semble évident, mais ce n’est pas tout. Les
fondations en béton et en ferraille pèsent entre 1500 et 2000 tonnes pour
chaque éolienne, dont la durée de vie est de vingt ans. Au moment du démantèlement,
il est prévu un arasement de ce socle sur un mètre de profondeur. La partie au-dessous de ce
niveau restera dans le sous-sol.
Par
ailleurs, les terres rares, particulièrement difficiles à extraire, sont
indispensables à la production des aimants contenus dans les nacelles. Leur
extraction représente une véritable catastrophe environnementale et sanitaire
qui a été abondamment
dénoncée par le journaliste
Guillaume Pitron. De plus le bilan carbone d’une éolienne, entre construction
et acheminement, représente déjà au moins l’équivalent d’un an de sa capacité
de production, sur les vingt présagés. La faune paie un lourd tribut à cette
technologie, notamment les chauves-souris et les oiseaux migrateurs. Enfin, la
réglementation impose une distance minimale pour toute implantation de cinq
cents mètres avec les riverains. Les instances médicales, elles, préconisent
1500 mètres. Mais ce seuil a peu de chance d’être respecté un jour parce que
l’habitat est très parsemé en France. L’appliquer reviendrait à diminuer
drastiquement les zones d’exploitation possible et à condamner la filière.
L’arrivée d’un champ éolien dans un périmètre fait automatiquement baisser la
valeur de l’immobilier. Les riverains se plaignent de nuisances sonores et
d’infrasons qui perturbent leur sommeil. Un débat international de santé
publique sur les effets des infrasons s’est ouvert.
La Cour des
comptes a calculé que l’ensemble des contrats passés de 2000 à 2018 aboutit à
un coût de 121 milliards d’euros pour les finances publiques compensé par des
taxes type CSPE (contribution au service public de l’électricité) sur
l’électricité ou taxe carbone sur l’essence. Lorsque 75% de l’électricité française était d’origine
nucléaire, son cout restait inférieur à ceux observé à l’étranger. Mais l’augmentation
va nécessairement arriver pour financer le soutien au renouvelable.
L’épouvantail
nucléaire a été agité devant l’opinion publique pendant des années quand les
vertus de l’éolien étaient louées. La population est formatée à ce
raisonnement, cependant les médias commencent à s’interroger sur des éléments
comme la mortalité surabondante du bétail à proximité des tours ou les
problèmes de santé des habitants. L’enjeu tient donc à l’acceptabilité sociale.
Nos voisins
Allemands ont toujours été opposés au nucléaire du fait de l’influence des
Grünen. Après le tsunami de Fukushima en 2011, Angela Merkel a décidé d’arrêter
les centrales. Mais, la production des éoliennes est aléatoire, jusqu’à cinq
jours sans vent adviennent régulièrement… Lorsque cela se produit, l’Allemagne
achète de l’électricité française et se tourne vers ses centrales thermiques à
charbon. De telle sorte que le pays cité en exemple se montre en réalité
beaucoup plus pollueur que la France traitée, elle, de mauvaise élève. Dans
leur lutte acharnée anti-nucléaire, les écologistes ont fini par faire croire
que le nucléaire est mauvais pour le climat. Or le nucléaire a des défauts
soit, mais il n’émet pas de CO2. Les productions nucléaires et hydrauliques
apparaissent comme les plus admissibles en termes d’impact climatique, ce qui
n’est pas le cas de la production éolienne puisqu’au besoin on lui substitue le
thermique à l’empreinte carbone dévastatrice. D’autre part notre production
éolienne se révèle par moment excessive en fonction de la météo. Pendant ces
épisodes, nous revendons notre excédent acheté 82 € le mégawatt heure à
d’autres pays, au prix du marché, 42 € ! Les pics de consommation sont
constatés au cœur de l’hiver et de l’été. C’est-à-dire à des moments où,
souvent, il n’y a pas de vent. Cette industrie semble donc cumuler des
inconvénients et l’Allemagne a d’ailleurs commencé à lui tourner le dos. Aux États-Unis 14000
éoliennes sont d’ores et déjà en train de pourrir sur pieds sans être
démontées. Les Allemands qui ont un territoire moins vaste souhaitent procéder
à des démantèlements. Le processus s’avère cher et compliqué. Les pales sont
constituées de matériaux dangereux pour la santé. La seule solution adoptée
actuellement consiste à les enterrer, c’est-à-dire opérer comme pour les
déchets radioactifs…
Ainsi selon
Denis de Kergorlay, les problèmes liés à l’éolien concernent les finances publiques, la santé des riverains, et
l’environnement. Néanmoins, ils restent occultes et le discours commun continue
de parer cette technologie discutable de toutes les qualités.
C2M