« L’idée du CIP, c’est d’intervenir le plus
vite possible, le plus en amont ». William Nahum résume
ainsi l’objectif des centres d’information et de prévention des entreprises,
dont le premier fut lancé en 1999 par ses soins alors qu’il était président du conseil
régional de l’ordre des experts-comptables de Paris Île-de-France (le premier
CIP créé ne comptait que des experts-comptables). Progressivement, le concept a
été élargi à toute la France et un CIP national a été créé en 2007.
En l’espace d’un mois, deux CIP ont ouvert en
Île-de-France. Celui du 93 a été lancé le 21 septembre
dernier, à la maison de l’avocat de Seine-Saint-Denis. À cette occasion,
Valérie Grimeau, le bâtonnier, a expliqué les spécificités de son territoire et
pourquoi le barreau avait décidé de prêter ses locaux. « La
Seine-Saint-Denis, c’est 20 000 créations de TPE/PME en 2016, souvent une réponse au
chômage de masse », indique-t-elle.
Une aide s’avère donc nécessaire.
Le CIP 93, le 64e à ouvrir en France,
regroupe notamment le conseil régional de l’ordre des experts-comptables de
Paris et de l’Île-de-France, l’ordre des avocats du barreau de la
Seine-Saint-Denis, la compagnie régionale des commissaires aux comptes, la
chambre de commerce et d’industrie de la Seine-Saint-Denis, la chambre des
métiers et de l’artisanat de la Seine-Saint-Denis, le centre de gestion agréée
– CGA 93, le MEDEF 93+94, la CPME 93, le RSI IDF et, acteur incontournable de
l’aide aux entreprises dans le département, le tribunal de commerce de Bobigny.
Son président, Francis Griveau, était d’ailleurs présent. « Au TC nous
avons des cellules de prévention qui donnent lieu à des convocations. Mais le
CIP, c’est une démarche volontaire qui a lieu en amont »,
précise-t-il.
Le CIP 92
Le CIP de Nanterre sera dirigé par Francis Boucly,
juge honoraire. Très conscient des enjeux, il affirme : « La vie
d’une entreprise n’est pas un long fleuve tranquille. Elle évolue dans un
milieu en constante mutation et peut être fragilisée par de nouveaux
concurrents, l’obsolescence de ses produits et services, des problèmes sociaux,
etc. Ces changements entraînent des difficultés qu’il convient d’anticiper
avant qu’elles ne mettent l’entreprise dans une situation trop grave pour être
redressée, et procéder aux adaptations nécessaires. Mais souvent le chef
d’entreprise, notamment de PME et TPE, est dans une situation d’isolement qui
le conduit à maintenir un statu quo dévastateur, alors qu’il existe des
dispositifs pour surmonter ces difficultés et lui fournir un cadre propice à sa
relance. C’est justement le rôle du CIP ».
Les Hauts-de-Seine sont le 65e
département à profiter de ce même système. Avec, en 2016, 157 695 entreprises inscrites au
RCS, 16 653 nouvelles sociétés, 996 procédures collectives (3 100 salariés) et 78 procédures amiables, ce
CIP est l’un des plus importants de France. Il regroupe l’association des
magistrats consulaires des Hauts-de-Seine (AMC 92), le conseil régional de
l’ordre des experts-comptables de Paris Île-de-France, la compagnie régionale
des commissaires aux comptes de Versailles, l’ordre des avocats du barreau des
Hauts-de-Seine, le centre de gestion agréé PICPUS, la chambre des métiers et de
l’artisanat des Hauts-de-Seine, la chambre de commerce et d’industrie des
Hauts-de-Seine.
Les
« Entretiens du jeudi »
Les CIP fonctionnent tous de la même manière :
un dispositif central, les « Entretiens du jeudi », permet aux
chefs d’entreprises qui le désirent d’être reçus de manière confidentielle,
anonyme et gratuite par trois experts (un expert-comptable ou un commissaire
aux comptes, un avocat, un ancien juge du tribunal de commerce, et parfois un
conseiller CCI ou CMA). Après avoir écouté le dirigeant d’entreprise, ils le
dirigent vers les structures d’aide adaptées.
Un accompagnement psychologique a récemment été mis
en place grâce à un partenariat avec APESA (Aide psychologique pour les
entrepreneurs en souffrance psychologique aiguë). Lorsqu’un bénévole repère une
détresse, il propose un accompagnement avec un psychologue du réseau qui peut
intervenir dans les 24 heures.
En 2016, la Seine-Saint-Denis a connu 2 190 procédures collectives et
les Hauts-de-Seine 996. L’objectif des CIP est de faire baisser ces chiffres.
Cependant tous l’affirment, si le dispositif reste dans l’anonymat, cela ne se
fera pas.
Victor Bretonnier
Renseignements :
• Pour le CIP
92 : Les « Entretiens du jeudi » se tiennent pour l’instant tous les
15 jours au CGA PICPUS, 41, rue des trois Fontanot à Nanterre (station RER :
Nanterre Préfecture). Il suffit au chef d’entreprise de prendre rendez-vous par
téléphone pour bénéficier d’un entretien personnalisé, gratuit et confidentiel
: 01 47 25 91 21.
• Pour le CIP 93 : Les « Entretiens du jeudi » sont organisés tous les 3es
jeudis du mois à 9 h 00 à la Maison de l’avocat et du droit (ordre des avocats
du barreau de Seine-Saint-Denis). Il suffit au chef d’entreprise de prendre
rendez-vous par téléphone pour bénéficier d’un entretien personnalisé et
confidentiel.