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Regards croisés sur le recueil de la parole de l’enfant

Regards croisés sur le recueil de la parole de l’enfant
Publié le 21/02/2018 à 10:59

L’enfant : étymologiquement, celui qui ne parle pas ; dont la parole ne compte pas. Il n’est donc pas étonnant que pendant très longtemps, prenant au mot la racine, le législateur se soit désintéressé de la notion d’écoute de l’enfant. Il faut attendre l’ordonnance de 1945 pour une prise en compte au pénal, puis le 26 janvier 1990 pour que la France érige l’expression de l’enfant en droit fondamental, en ratifiant la Convention internationale des droits de l’enfant, laquelle garantit notamment à ce dernier la possibilité d’être entendu dans toute procédure judiciaire ou administrative le concernant. Cependant, si on a coutume de dire que la vérité sort de la bouche des enfants, la parole libérée se manie avec précaution. « Face à un enfant qui parle, il appartient à son interlocuteur d’ "objectiver" ses propos, estime ainsi l’avocate Catherine de Kouchkovsky. Or, c’est triplement difficile. Tout d’abord, pour des raisons liées à l’enfance elle-même : les capacités linguistiques de l’enfant peuvent être limitées, et ce, d’autant qu’il n’a pas nécessairement confiance en l’adulte qui l’écoute. Deuxièmement, peut se poser la difficulté relative à sa mémoire. Enfin, le positionnement de l’enfant face à l’adulte peut être problématique car il est très suggestible et peut être également dépendant de cet adulte ». En 2013, le défenseur des droits rendait un rapport aux termes duquel il concluait que « selon la procédure, sa complexité, le moment de son déroulement, l’âge de l’enfant, l’attitude des parents, le rythme des décisions, des intervenants différents sont amenés à entourer l’enfant, à entendre sa parole et à décider de son avenir. La diversité de ces situations implique des compétences d’écoute, d’interprétation et de patience. Créer entre les intervenants de l’univers judiciaire, social, médical, éducatif, policier, une culture commune sur la base d’une formation aux droits de l’enfant et à la spécificité de son approche, favorisera la mise en pratique de l’intérêt supérieur de l’enfant ». Répondant à cet appel, la commission « droit de l’enfant » du barreau de l’Essonne s’est donné pour objectif d’organiser un colloque sur le thème du recueil de la parole de l’enfant, notamment à destination des avocats. Car, comme l’a indiqué le bâtonnier Hélène Moutardier en introduction dudit colloque, le 2 février dernier, « pour restituer la parole de l’enfant, l’une des missions de l’avocat d’enfant, il est essentiel de comprendre comment elle est recueillie ».


 

Bérengère Margaritelli

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