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L’enfant : étymologiquement,
celui qui ne parle pas ; dont la parole ne compte pas. Il n’est donc pas étonnant
que pendant très longtemps, prenant au mot la racine, le législateur se soit désintéressé
de la notion d’écoute de l’enfant. Il faut attendre l’ordonnance de 1945 pour
une prise en compte au pénal, puis le 26 janvier 1990 pour que la France érige
l’expression de l’enfant en droit fondamental, en ratifiant la Convention
internationale des droits de l’enfant, laquelle garantit notamment à ce dernier
la possibilité d’être entendu dans toute procédure judiciaire ou administrative
le concernant. Cependant, si on a coutume de dire que la vérité sort de la
bouche des enfants, la parole libérée se manie avec précaution. « Face à un enfant
qui parle, il appartient à son interlocuteur d’ "objectiver"
ses propos, estime ainsi l’avocate Catherine de Kouchkovsky. Or, c’est
triplement difficile. Tout d’abord, pour des raisons liées à l’enfance elle-même
: les capacités linguistiques de l’enfant peuvent être limitées, et ce, d’autant
qu’il n’a pas nécessairement confiance en l’adulte qui l’écoute. Deuxièmement,
peut se poser la difficulté relative à sa mémoire. Enfin, le positionnement de
l’enfant face à l’adulte peut être problématique car il est très suggestible et
peut être également dépendant de cet adulte ». En 2013, le défenseur
des droits rendait un rapport aux termes duquel il concluait que « selon la procédure,
sa complexité, le moment de son déroulement, l’âge de l’enfant, l’attitude des
parents, le rythme des décisions, des intervenants différents sont amenés à
entourer l’enfant, à entendre sa parole et à décider de son avenir. La diversité
de ces situations implique des compétences d’écoute, d’interprétation et de
patience. Créer entre les intervenants de l’univers judiciaire, social, médical,
éducatif, policier, une culture commune sur la base d’une formation aux droits
de l’enfant et à la spécificité de son approche, favorisera la mise en pratique
de l’intérêt supérieur de l’enfant ». Répondant à cet appel, la
commission « droit de l’enfant » du barreau de l’Essonne s’est donné pour objectif d’organiser
un colloque sur le thème du recueil de la parole de l’enfant, notamment à
destination des avocats. Car, comme l’a indiqué le bâtonnier Hélène Moutardier
en introduction dudit colloque, le 2 février dernier, « pour restituer la
parole de l’enfant, l’une des missions de l’avocat d’enfant, il est essentiel
de comprendre comment elle est recueillie ».
Bérengère Margaritelli
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