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Restitution de l’étude « Directeurs juridiques à mi-carrière »

Restitution de l’étude « Directeurs juridiques à mi-carrière »
Publié le 08/07/2019 à 10:55

Le Cercle Montesquieu, en partenariat avec la practice juridique d’Oasys Consultants et l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE), ont présenté le 24 mai dernier les résultats de l’étude sur les directeurs juridiques (DJ) à mi-carrière. Celle-ci a été réalisée à partir d’une enquête menée auprès des directeurs juridiques et de leurs recruteurs. Quels sont les directeurs juridiques aujourd’hui ? Comment devient-on DJ et quelles sont les évolutions professionnelles ? Quels sont les freins au recrutement…? Autant de questions auxquelles tente de répondre l’étude élaborée par les experts.


 


« Soumise aux impératifs de la mondialisation et de la globalisation du droit, la carrière d’un directeur juridique (DJ) a profondément évolué ces dernières années. Au-delà de l’expertise technique en droit, il lui est demandé d’être un véritable business partner, c’est-à-dire de participer à la stratégie et aux évolutions profondes de l’entreprise en sécurisant et en accompagnant le développement de l’entreprise sur de nouveaux produits ou de nouveaux marchés, notamment à l’international », peut-on lire dans le préambule de cette étude. Ce constat justifie la raison dêtre de cette étude.


Face aux évolutions du métier de DJ, en effet, Oasys Consultants, le Cercle Montesquieu et l’AFJE ont décidé de mener une enquête en partenariat, afin de mettre en lumière les points clefs dans le recrutement et le parcours des DJ à travers les regards croisés des directeurs juridiques et ceux de leurs recruteurs (DG, secrétaires généraux, DAF, DRH, DJ groupe, cabinets de recrutement et de chasse de tête). Quelles sont les nouvelles compétences et expériences recherchées ? Faut-il choisir entre expertise et management ? Comment devient-on DJ et quelles évolutions professionnelles peut-on attendre ensuite ? Quels sont les parcours gagnants et les freins au recrutement… ?


Le résultat des recherches a été présenté le 24 mai dernier par Claude Mulsant, associée et directrice de la practice juridique d’Oasys Consultants. S’est ensuivie une séance d’échanges avec Renalda Harfouche, directrice juridique EMEA et directrice juridique IP and Technologies d’IPSOS – co-responsable de la Commission employabilité des DJ du Cercle Montesquieu ; Brigitte des Abbayes, co-responsable de la Commission employabilité des DJ du Cercle Montesquieu avec Renalda Harfouche ; Sarah Leroy, directrice juridique, vice-présidente de l’AFJE.


 

Les circonstances de l’enquête


Afin de réaliser cette étude, un questionnaire a tout d’abord été adressé à un panel représentatif de directeurs juridiques en exercice et directeurs généraux, directeurs administratifs et financiers, DRH… 221 réponses ont été reçues suite à l’envoi des questions.


Le questionnaire était composé de 47 questions, articulées autour de quatre principaux thèmes : formations et parcours de carrière des DJ ; pratiques de recrutement des DJ ; critères et freins majeurs aux recrutements ; poursuite de carrière.


Certaines questions n’ont d’ailleurs été envoyées qu’aux DJ et d’autres qu’à leurs recruteurs, afin de comparer leurs visions et leurs attentes.


Comme l’a indiqué Claude Mulsant, 85 % des répondants de cette étude travaillent dans des entreprises qui œuvrent à l’international, ce qui « montre une corrélation entre l’apparition du DJ dans une entreprise et l’internationalisation de celle-ci ».


74 % des directeurs juridiques interrogés habitent en Île-de-France, par conséquent, les autres régions sont en pénuries de DJ. Les chasseurs de têtes ont du mal à recruter hors IDF.


 

Devenir directeur juridique


L’étude indique qu’en plus d’être titulaires, au minimum, d’un diplôme de niveau Bac +4 en droit (obligation légale), 40 % des DJ ont une double formation : école de commerce, sciences-po, MBA, études fiscales, etc.


En outre, 98 % des directeurs juridiques ont plus de dix ans d’expérience et 52 % plus de 20 ans. En général, ils deviennent DJ entre 35 et 45 ans. 61 % des recruteurs préfèrent recruter un DJ entre 40 et 45 ans, 48 % entre 35 et 40 ans.


Seuls 7 % deviennent DJ après 45 ans, mais les DRH qui ont répondu au questionnaire sont 47 % à avoir indiqué qu’ils étaient prêts à recruter au-delà de cet âge.


Selon les résultats de l’enquête, une première expérience de management permet d’accéder à un poste de DJ.


Parmi le top 4 des expériences requises pour devenir DJ, il faut savoir gérer des dossiers généralistes en droit, des contrats, gérer les contentieux et les conflits corporate.


Enfin, 55 % des DJ en France font aussi partie du comité de direction/comité exécutif de leur entreprise. Ce qui selon Claude Mulsant reste insuffisant : « les pays anglo-saxons en ont une vision beaucoup plus dynamique et le DJ y est considéré comme un réel support du business ». Heureusement, a-t-elle ajouté, « la France évolue en faveur de cette présence ».


 

Le recrutement des DJ


L’étude révèle qu’en général, à 68 %, on devient directeur juridique suite à un recrutement interne. Ainsi, les entreprises de moins de 1 000 salariés créent souvent leur direction juridique par la promotion interne de leurs juristes, les grands groupes quant à eux favorisent la mobilité interne (à 81 %), car les candidats sont nombreux.


Dans 74 % des recrutements, les chasseurs, spécialisés ou non, sont sollicités. La cooptation est aussi une pratique courante, quant aux réseaux professionnels AFJE et Cercle Montesquieu, ils sont mis à contribution dans plus de 25 % des recrutements.


La plupart du temps, le recrutement d’un DJ est déclenché par un départ, ce qui explique le nombre assez limité des opportunités ouvertes sur le marché de l’emploi. Cependant les entreprises peuvent recruter des directeurs juridiques pour des raisons de croissance, la réorganisation du service juridique ou de l’entreprise en général.


Quels sont les critères de recrutement mis en avant par les chasseurs et les DRH ?


Les résultats de l’enquête démontrent que pour la majorité des recruteurs savoir communiquer, être un partenaire stratégique du CODIR/COMEX, détenir des compétences managériales sont des compétences aussi importantes que l’expertise technique.


S’ils doivent départager deux candidats à un poste de DJ, les recruteurs vont regarder la loyauté, l’honnêteté et l’éthique des postulants. Les capacités relationnelles et de leadership sont aussi très attendues, ainsi qu’une forte capacité d’anticipation et l’aptitude à décider dans des contextes incertains. Pour résister au stress, une bonne dose d’humour et d’optimisme sont également nécessaires, estiment les recruteurs.


En outre, la méconnaissance du métier/secteur de l’entreprise n’est pas un frein incontournable, car celle-ci peut s’acquérir ensuite.


De leur côté, les DJ considèrent qu’ils doivent avoir une bonne culture client puisqu’ils se perçoivent comme des business partner. Ils sont également d’accord sur le fait qu’ils doivent être de bons communicants et managers plutôt que de simples techniciens.


Enfin, quels sont les freins au recrutement d’un DJ ?


En général, les recruteurs s’intéressent peu aux profils trop experts, pas assez managers ni communicants. Quant au juriste pas suffisant opérationnel ou qui ne maîtrise pas assez l’anglais, il risque de ne pas être retenu.



Perspective d’avenir pour le DJ à mi-carrière ?



Globalement, les directeurs juridiques qui ont répondu au questionnaire se projettent mal dans d’autres fonctions, financières ou commerciales par exemple, ni dans des postes de DG ou de création d’entreprise. Une évolution vers les postes de DJ au périmètre élargi ou de secrétariat général est davantage envisagée.


De leur côté, les recruteurs estiment à 60 % que rester DJ avec un périmètre élargi est tout à fait envisageable pour un DJ à mi-carrière, comme devenir secrétaire général
(à 37 %), ou rester DJ mais dans un autre environnement (43 %).


Le management de transition ou la profession d’avocat peuvent aussi être envisagés comme des perspectives de carrière, pensent les recruteurs.


En outre, « 41 % demandent une présence dans les instances de direction et/ou un rattachement au DG, 17 % sont en attente d’autonomie et 12 % de pouvoir. Ces attentes sont également fortement perçues par les recruteurs qui les ont retenues à 47 % lorsqu’on leur a posé la même question » précise l’étude.


En conclusion, selon l’étude, les directeurs juridiques aujourd’hui sont globalement en attente d’évolution de carrière, de nouveauté et de challenge. Ils souhaitent également une plus grande reconnaissance salariale.


Pour y parvenir, a préconisé Claude Mulsant, « les directeurs juridiques doivent apprendre à valoriser financièrement les missions juridiques pour pouvoir justifier de budget plus élevé ».


 


Maria-Angélica Bailly


 




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