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Santé et environnement

Santé et environnement
Publié le 06/02/2019 à 11:32

La question de la santé est le plus souvent abordée sous l’angle curatif, à telle enseigne que beaucoup considèrent que nous n’avons pas de ministère de la santé, mais plutôt un  ministère de la maladie. Pourtant, les coûts sociaux qui s’attachent au développement des pathologies lourdes (un Français sur cinq est en affection de longue durée – ALD) et qui viennent s’ajouter aux coûts humains ne peuvent que conduire à investir massivement sur la prévention. Par prévention, il ne faut pas entendre détection d’une maladie, même si nous savons tous que la détection très en amont des cancers permet beaucoup plus facilement la guérison, mais bien la recherche des causes de l’inflation des maladies neurodégénératives, des cancers, de l’autisme, etc. Cette recherche conduit bien évidemment à des progrès dans la génétique et la génomique, mais aussi à des progrès dans les connaissances des effets de certaines technologies et/ou de certains produits.


S’agissant de l’hygiène chimique ou de la santé environnementale, il y a de nouveaux domaines en plein développement. Nos connaissances sont en réalité embryonnaires en raison des modalités d’évaluation mises en place sur la base d’une approche pasteurienne inadéquate pour mesurer les effets des perturbateurs endocriniens. Le brouillard total dans lequel se trouve aujourd’hui la connaissance des « cocktails » de produits chimiques présents dans  notre corps et dans l’environnement est plus que préoccupant. Le droit, qui se situe généralement en aval des connaissances scientifiques, rencontre les plus grandes difficultés à s’adapter à cette nouvelle donne. Le présent numéro ne prétend pas traiter toutes les  questions, mais aborder quelques problématiques pour donner une illustration de l’étendue du sujet. Tout d’abord, comment évaluer les nouvelles technologies en prenant l’exemple des ondes électromagnétiques ? Ensuite, comment appliquer le principe de précaution et comment passe-t-on de la précaution à la prévention ? Quel impact la connaissance de l’hypothèse d’un risque peut-elle avoir sur la responsabilité pénale ? Quelles sont les conséquences, en termes de procédure, de l’incertitude liée au risque, et de la difficulté d’apporter une preuve certaine du lien de causalité ? Cette question se traduit bien évidemment au niveau de l’expertise comme à celle de la responsabilité civile. Ces différents sujets juridiques, particulièrement essentiels dans les sociétés contemporaines, évoluent au gré des demandes sociétales, des pressions économiques et des catastrophes sanitaires qui ne peuvent que se répéter. Nous formulons le vœu que ce numéro du Journal Spécial des Sociétés apporte quelques pistes de réponse.


 


Corinne Lepage,

CEO Huglo Lepage Avocats,

Docteur en droit,

Avocate à la Cour


 


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