Le Cabinet Arc a publié son 7e
baromètre annuel réalisé avec l’Ifop. Pour commenter cette étude, qui révèle un
regain de confiance mais aussi une explosion des retards de paiement, le
ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, était invité le 3 ocobre dernier. Il a également répondu
aux questions de Denis Le Bossé, président du Cabinet Arc, et Jean-Marc Sylvestre, journaliste spécialiste
de l’économie.
« La situation économique en France est la meilleure de ces 10 dernières années » affirme
Bruno Le Maire. Pour autant, « les délais de paiement sont encore trop
longs », ajoute-t-il.
Les chiffres du 7e baromètre le confirment : le retard de
paiement moyen pour les PME a explosé. Il est passé de 11,8 jours en 2016 à 14,5 jours cette
année. Dans le même temps, du côté des grandes entreprises il connaît une
diminution, puisqu’il est passé de 10,4 jours en
2016 à 9,6 aujourd’hui.
Plus précisément, le baromètre indique une hausse des longs retards en 2017 (11 % se situent à plus de 30 jours pour les PME, contre 4 % en
2016 ; et 20 % pour les grands comptes, contre 9 % en 2016). Les petits retards, eux, sont en recul.
Pour Denis Le Bossé « les grands groupes améliorent globalement
leur comportement de paiement, sans doute sous l’effet de la politique du name
& shame ». Or, cela n’empêche pas le rapport de force, qualifié
de « trop grand » par le ministre de l’Économie, de toujours
jouer en faveur des grandes entreprises. Pour y remédier, Bruno Le Maire s’est
dit favorable « à la baisse du plafond et à une dématérialisation plus
poussée ». Un avis partagé par 31 % des
entreprises interrogées qui estiment qu’abaisser le délai maximal de paiement à
30 jours, date de facture, est la solution la plus efficace.
La
dématérialisation des factures plébiscitée
Sans
surprise, 94 % des
dirigeants pensent que le non-respect des délais de paiement met en danger la
santé des entreprises pouvant aller jusqu’au dépôt de bilan. Ils ne sont
cependant pas fatalistes, car 56 % estiment possible de les réduire en publiant les noms des
entreprises sanctionnées pour retard de paiement, sur les bases d’informations
légales, et ils sont un point de plus à plébisciter la dématérialisation des
factures. Pour Denis Le Bossé : « Même si le name & shame mis
en place par Emmanuel Macron en 2015 s’est révélé efficace, la publication des
amendes uniquement sur le site de la DGCCRF n’apparaît plus suffisante ». Le président du cabinet Arc
pense d’ailleurs que cette « légère amélioration du comportement de
paiement des grands groupes » devrait encourager les pouvoirs publics
à renforcer les contrôles et mettre en place un véritable name & shame.
« Un duo efficace pour casser le rapport de force toujours
omniprésent ».
Cependant,
l’éternel problème des délais de paiement n’est pas l’apanage des grandes
entreprises du secteur privé. Bruno Le Maire l’a dit : « L’État
doit être exemplaire en la matière ». Or, c’est loin d’être le
cas : « 76 % des entreprises pensent que le secteur public respecte moins
bien les délais de paiement que le secteur privé et 53 % des PME refusent de répondre
aux appels d’offres émis par le secteur public par crainte de ne pas être
payées ou de subir des délais de paiement trop longs », révèle le baromètre.
D’importantes difficultés de
trésorerie
Les retards dans les délais de paiement nuisent à la trésorerie. Face
aux besoins que cela entraîne, plusieurs « solutions »
existent : ainsi, selon l’étude publiée par le Cabinet Arc et réalisée par
Ifop, 35 % des entreprises utilisent le découvert bancaire, 27 % allongent le délai de paiement fournisseur et 17 % utilisent l’affacturage. Mais Denis Le Bossé précise que les
entreprises considèrent ces « outils à leur disposition » inadéquats
et qu’elles « restent très attachées au financement bancaire ».
Seulement voilà, les banques refusent souvent les sollicitations des TPE/PME en
matière de crédit de trésorerie. Pour Bruno Le Maire « Le cœur du
problème ce ne sont pas les banques, c’est la profitabilité des entreprises
parce que les impôts et charges sont trop élevés ». Le ministre de
l’Économie en a ensuite profité pour vanter les mérites de la politique du
gouvernement sur le mode pédagogique : « Nous réinjectons des
liquidités dans l’économie. Alléger la fiscalité sur le capital alors qu’on
faisait l’inverse depuis 30 ans, cela
prend du temps à comprendre pour les Français, car ça n’a jamais été
fait ».
Victor Bretonnier
