Seize femmes aux carrières
brillantes témoignent dans le dernier ouvrage de l’avocate Juliette Mel, Femmes
de loi (Éditions Dalloz). Elles sont ou ont été avocates,
bâtonnières, ministres, ou encore magistrates, et reviennent, au travers
d’entretiens, sur leur parcours. Des parcours de femmes exemplaires qui, malgré
la féminisation du milieu, continuent à se heurter aux inégalités. Entretien.
Pour commencer, pouvez-vous revenir
sur la naissance de ce projet ?
L’idée est de mettre en valeur des parcours de femmes
qui réussissent. Comment font-elles ? Sont-elles complètement
extraordinaires ?
L’objectif du livre est double : montrer à
travers des interviews que c’est possible et accessible d’avoir un tel
parcours ; et mettre en lumière la diversité des métiers permis par les
études de droit.
À qui s’adresse votre livre ?
Pas seulement aux femmes ! Car le prisme féminin
n’en fait pas un livre féministe pour autant. L’angle de vue choisi m’a paru
intéressant d’autant que les métiers juridiques sont majoritairement féminins.
Pas seulement aux juristes non plus, dans la mesure
où les messages portés sont finalement transposables dans de nombreux domaines.
Je découvre avec vous la vocation universelle de ce
livre que je vais relire sous cet angle !
"Toutes ces femmes font preuve de déterminisme,
c’est-à-dire la volonté d’atteindre l’objectif fixé et le travail."
Vous dressez le portrait de seize
femmes, via la retranscription d’entretiens. Ministre, avocate, bâtonnière,
haute fonctionnaire… Comment les avez-vous choisies ?
Chantal Arens, Julie Coutirier, Isabelle Rome,
Nicole Belloubet… Leurs noms se sont tout de suite imposés à moi quand j’ai
commencé à dresser une liste. Ces femmes sont exceptionnelles, mais aussi
formidablement accessibles et sympathiques. Elles ont toutes adhéré
immédiatement au projet, je reconnais avoir eu beaucoup de chance.
Que retenez-vous de ces
entretiens ? Avez-vous réussi à déceler un dénominateur commun à toutes
ces femmes ?
Toutes ces femmes font preuve de déterminisme,
c’est-à-dire la volonté d’atteindre l’objectif fixé par le travail.
Elles nous montrent donc que l’adage « quand
on veut on peut » est toujours d’actualité, qu’elle que soit la
profession et quels que soient les obstacles apparents. Quel message
d’espoir !
Femmes de loi, Juliette Mel, Dalloz, 400 pages – 24 euros
En plus d’être des femmes de droit
connues, ces dernières sont également particulièrement engagées dans la lutte
contre les inégalités. Que retenez-vous de leur combat ?
Elles sont engagées dans tout ce qu’elles font. Leur
énergie crée l’engagement. Le sujet est différent mais le lien conducteur est
le même : avancer et progresser dans un cercle vertueux.
Pourtant, les inégalités femmes-hommes sont persistantes,
même dans le milieu du droit. Quelles sont, selon vous, les actions à mettre en
place pour briser le « plafond de verre » ?
Il y a encore beaucoup à faire, mais le chemin est tracé. De nombreuses
mesures ont été prises pour corriger ce qui devait l’être, et les mécanismes de
prévention et de sanction existent. J’émets toutefois des réserves sur,
pardonnez ce néologisme, le « forçage » de l’égalité. La méritocratie
me paraît bien plus adaptée, surtout lorsque les comportements déviants sont
condamnés. Mon point de vue pêche par idéalisme, je sais… et il faut parfois aussi
imposer pour corriger…
Nombreux
s’accordent à dire que les quotas sont un mal nécessaire. J’ai un point de vue
un peu différent. À mon sens, l’éducation, la prévention et surtout la sanction
devraient aboutir aux mêmes résultats.
Vous dites pourtant qu’être une femme dans le monde du
droit est un atout. Pourquoi ?
Parce que je me
sens formidablement bien dans ma peau de femme, avec ses avantages et ses
inconvénients.
Aviez-vous de votre côté un modèle féminin avant de vous
lancer dans l’avocature ?
Mon premier modèle féminin est ma mère, à qui je dédicace ce livre.
Plusieurs femmes m’ont par la suite influencée bien sûr, mais ce que ma
mère me dit prend une importance particulière. J’en comprends la portée parfois
bien plus tard, quand je vis moi-même l’expérience, ou, simplement, avec l’âge.
Cette transmission est très forte et je rêve de pouvoir la reproduire à mon
tour avec ma fille.
Pouvons-nous espérer un tome 2 ?
Je vous laisse à ce titre contacter l’éditeur Dalloz au 01.40…
Plus sérieusement, ce serait un réel plaisir !
Propos recueillis par Constance Périn