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(91) La ville de Ris-Orangis condamnée pour ne pas avoir scolarisé des enfants roms dans une école

(91) La ville de Ris-Orangis condamnée pour ne pas avoir scolarisé des enfants roms dans une école
Publié le 10/02/2024 à 16:42

Dans un arrêt récent, le Conseil d’Etat a jugé que l'accueil et la scolarisation de ces enfants dans un local jouxtant un gymnase, « alors que des places étaient disponibles dans des écoles de la commune », « méconnaît le principe d'égalité de traitement des usagers du service public, quelle que soit leur origine ».

Dans un arrêt rendu plus de 11 ans après les faits, le Conseil d’État a confirmé récemment l’illégalité de la décision prise par le maire de Ris-Orangis (Essonne) de scolariser des enfants roms dans une salle de la commune en dehors d’un établissement scolaire.

12 enfants scolarisés à l’écart des autres

A l’origine de cette affaire, l’installation en 2012, sur un terrain situé à Ris-Orangis et sans autorisation, de plusieurs adultes de nationalité roumaine d'origine rom, accompagnés de leurs enfants. Après avoir refusé dans un premier temps d’inscrire les 12 enfants, âgés de 5 à 12 ans, sur la liste des enfants à scolariser, le maire de la commune les avait finalement scolarisés, en janvier de l’année suivante, dans un local attenant à un gymnase municipal, aménagé « sommaire[ment] » en salle de classe ; le tout, « à l'écart des autres enfants de la ville », résume la plus haute autorité administrative dans son arrêt du 8 décembre 2023, rendu public début février.

Si ces modalités particulières avaient pris fin le mois d’après et que les enfants avaient finalement été scolarisés, sur réquisition du préfet de l'Essonne, dans des écoles de la commune, les parents avaient demandé au tribunal administratif de Versailles d'annuler, pour excès de pouvoir, la décision de scolariser leurs enfants dans ces conditions.

Par un jugement rendu en 2017, le tribunal administratif de Versailles avait annulé cette décision, la considérant par ailleurs comme ayant été prise par le maire de Ris-Orangis au nom de la commune. Cette dernière avait fait appel – appel rejeté par la cour administrative d’appel courant 2020 –, avant de se pourvoir en cassation.

Le principe d’égalité de traitement a été méconnu

Dans son arrêt, le Conseil d’Etat juge aujourd’hui que l'accueil et la scolarisation de ces enfants dans les conditions décrites, « alors que des places étaient disponibles dans des écoles de la commune, les privant ainsi en particulier de l'accès au service de restauration scolaire et aux activités complémentaires ou périscolaires organisées au sein des écoles », « méconnaît le principe d'égalité de traitement des usagers du service public, quelle que soit leur origine », ce qui rend la décision de la commune illégale.

Toutefois, le Conseil d’Etat affirme que cette décision illégale, qui résulte « d'une étroite collaboration » entre les services de la commune de Ris-Orangis et ceux de l'Etat, est une décision prise conjointement par le maire de Ris-Orangis au nom de la commune et par l'Etat, contrairement à ce qu’avait jugé la cour administrative d’appel (et avant elle, le tribunal administratif de Versailles). Cette dernière s’est ainsi « méprise sur la nature de la décision attaquée » en estimant – à tort, donc – qu’elle « devait être regardée comme prise seulement par le maire de Ris-Orangis au nom de la commune », estime la juridiction.

Bérengère Margaritelli

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