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(94) Conseil des prud’hommes de Créteil : une pénurie de greffiers qui se fait ressentir

(94) Conseil des prud’hommes de Créteil : une pénurie de greffiers qui se fait ressentir
Publié le 26/01/2024 à 17:31

Lors de son discours de rentrée le 22 janvier, le président Daniel Dadu a fait part de sa volonté « d’affectations immédiates » de greffiers et greffières, pour « assurer un bon fonctionnement de l’institution judicaire », à l’heure le conseil accuse des retards notables des délais de mises à disposition.

Le 22 janvier, c’était au tour du conseil des prud’hommes de Créteil de faire sa rentrée solennelle, dans la salle des assises du palais de justice. Les chefs de la juridiction et des personnalités du monde civil et économique du département ont fait le déplacement pour l’occasion.

Dans son discours, le président du conseil Daniel Dadu a déploré un manque de personnel de greffe, dû à des départs qui n'ont pas donné lieu à des remplacements. Sans nouvelles arrivées, « les délais actuels pour les mises à disposition qui connaissent actuellement de sérieux retards risquent de devenir des retards catastrophiques », a-t-il prévenu. À ce titre, le président a donc été clair : « Nous souhaitons des affectations immédiates pour 2024, puis pour 2025, de greffières et greffiers et de personnel administratif pour le remplacement de celles ou ceux qui ont été mutés ou qui vont l’être, ou même partir en retraite cette année, mais surtout pour assurer un bon fonctionnement de notre institution. »

En outre, Daniel Dadu a appelé à « réduire d’une façon draconienne les mises à disposition, en remettant de suite un contrat d’objectif mensuel avec un suivi systématique pour aboutir à des délais acceptables et satisfaisants ».

Daniel Dadu a également tenu a saluer le dévouement de l’équipe du greffe « son directeur de greffe Damien Prévot et son staff dont les greffières et greffiers, ainsi que l’ensemble du personnel administratif, en soulignant leur engagement, leur motivation et leur professionnalisme, contribuant à assurer le bon fonctionnement de la juridiction malgré un sous-effectif depuis de nombreux mois et le non-remplacement d’une partie de son effectif avec des conditions de travail difficiles et souvent pénibles ».

Une baisse du nombre d’affaires nouvelles en 2023

Le vice-président du conseil, Carmelo Visconti, a quant à lui dressé un bilan « mitigé » de l’année passée, indique le barreau du Val-de-Marne sur son site Internet.

Premier constat établi : l’année 2023 enregistre une baisse sensible des affaires nouvelles, avec respectivement 2 300 affaires contre un peu plus de 2 000 l’année précédente. En outre, le vice-président a pointé un taux de conciliation « trop modeste » d’après le barreau, s’élevant à 8,5 %, là où la « section encadrement du Conseil caracole en tête avec 15,6 % ».


Le vice-président du Conseil des prud’hommes de Créteil Carmelo Visconti, et le président Daniel Dadu lors de la rentrée solennelle du Conseil le 22 janvier dernier

Autre point d’attention soulevé, le nombre d’entreprises en difficulté qui a fortement augmenté en 2023, avec une hausse de 42,9 % en un an, d’après le rapport d’activité 2023 du tribunal de commerce de Créteil, qui mentionne également que dans 87 % des ouvertures de procédures collectives, les juges ont procédé à la liquidation de l’entreprise.

À ce titre, le conseil des prud’hommes s’attend à une activité soutenue pour l’année en cours, et « de nombreuses défaillances d’entreprises sont malheureusement à prévoir », a prévu Daniel Dadu.

Réduction des délais de saisie des prud’hommes, « une violation des droits du salarié »

Bien que mitigée, 2023 marque toutefois le début d’une « réflexion sur le recours aux MARD (modes alternatifs de règlement des différends, ndlr) compte-tenu des délais de traitement des affaires », précise le barreau.

Le vice-président du conseil est aussi revenu sur le projet du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui entend réduire de deux mois le délai de contestation d’un licenciement devant les prud’hommes. Selon Carmelo Visconti, cela renforce une « insécurité juridique pour les salariés », déjà augmentée par la multiplication des réformes en matière de droit du travail depuis 2015. Une réforme « qui conduirait immanquablement certains salariés à devoir saisir la juridiction prud’homale avant la fin de leur préavis », a soutenu le vice-président.

Allison Vaslin


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