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100 000 personnes insérées en 2024 : la FEI réclame un « choc de simplification » pour continuer à booster l’insertion

100 000 personnes insérées en 2024 : la FEI réclame un « choc de simplification » pour continuer à booster l’insertion
Publié le 25/03/2024 à 15:10

Les derniers chiffres de la Fédération des entreprises d’insertion (FEI) illustrent la dynamique ascendante de cet acteur désormais majeur au sein du paysage économique français. Forte de ce succès, la FEI lance néanmoins un appel au gouvernement en lui adressant neuf propositions fortes.  

« Elles étaient 99 390 en 2023. Nous pouvons donc prédire que les entreprises d’insertion franchiront en 2024 le cap des 100 000 personnes insérées, dont un tiers de bénéficiaires du RSA et 26 % de demandeurs d’emploi de très longue durée ». Cinq ans après le lancement du Pacte d’ambition[1] pour l’Insertion par l’Activité Économique (IAE), la FEI peut se targuer de franchir un cap symbolique.

Les « entreprises d’insertion » (EI), ce sont ces structures qui favorisent la réintégration de demandeurs d’emploi de longue durée, d’allocataires de minima sociaux, de jeunes sans qualification ou encore de seniors, au marché du travail classique. Soumises aux mêmes règles fi­scales, économiques et juridiques que toute TPE/PME, bénéficiant de contributions de l’État pour leur mission d’inclusion, les EI proposent des contrats de travail de droit commun d’une durée maximale de deux ans, le but étant avant tout d’aider le salarié à retrouver la marché « classique » du travail, après un accompagnement réussi. En 2023, le secteur des entreprises d’insertion a réalisé un chiffre d’affaires de 1,7 milliards d’euros.

Des chiffres en hausse et une diversification des activités

Communiquées à l’occasion d’un point presse en ligne organisé le 21 mars dernier, les dernières statistiques mettent également en évidence que 81 % des personnes insérées ont un niveau de formation inférieur au bac.

Si les contrats qui leur sont proposés peuvent durer jusqu’à deux ans, « les CDDI [2]que nous utilisons s’arrêtent en réalité autour de 11 mois : dès que les freins à l’embauche sont levés, le salarié quitte l’entreprise d’insertion pour aller vers le monde du travail ou emprunter une autre voie. Aujourd’hui, 64 % d’entre eux connaissent une sortie positive : 47 % en CDI ou CDD et 17 % en formation ou vers un autre dispositif de l’emploi » a indiqué à cette occasion Luc de Gardelle, le président de cette fédération qui rassemble aujourd’hui plus de 800 structures[3], sur un total de 2177 entreprises d’insertion conventionnées par l’État.

En hausse de 7 % depuis 2022 et de 43 % en cinq ans, la remise à l’emploi direct des salariés illustre donc, pour la FEI, l’efficacité de cet outil, mais également les résultats du pacte d’ambition scellé en 2019. « Ces chiffres ont été rendus possibles grâce à l’investissement conjoint de l’État et des acteurs de l’IAE » a de son côté commenté Matthieu Lorphelin, délégué général. « Les entreprises d’insertion ont connu un développement sans précédent, avec 760 structures supplémentaires en cinq ans. On note aussi une diversification importante de leurs activités ».

Officiant dans les services et transports, la gestion des déchets ou le BTP, le réseau profite par ailleurs de l’impulsion d’autres secteurs témoins de la tendance actuelle, tels que l’économie circulaire ou le numérique.

De l’importance d’une simplification administrative à différentes échelles

Si elle qualifie les récents résultats « d’historiques », la FEI attire toutefois l’attention sur les faiblesses du système administratif actuel imposé aux EI. Des difficultés que Nadia Landry, sa vice-présidente, a illustrées par des exemples concrets lors du point presse : « On note une grande disparité administrative au niveau des départements. En Moselle, les dossiers de conventionnement prennent 5 pages, en Gironde, 50 ».

Réclamant une harmonisation des démarches, la vice-présidente a également rappelé le besoin urgent de dématérialisation des dossiers et la nécessité d’un interlocuteur unique dans le cadre de la formation des salariés, pour leur éviter « d’étouffer sous la lourdeur des démarches administratives ».

Plus largement, la Fédération exhorte à un « véritable choc de simplification », afin d’accélérer l’impact et le développement des entreprises du réseau. Réunies au cœur de neuf propositions, ces suggestions de simplification sont défendues par la FEI dans le cadre de la loi « Simplification de la vie des entreprises » qui doit être présentée par le Ministère de l’Economie à l’automne.

Confirmant la prise de position relative à l’emploi des réfugiés[4] de la Fédération, le dernier volet de ces préconisations appelle à simplifier l’accès des étrangers détenteurs de carte de séjour à l’IAE. « Ces personnes participent à l’effort de construction de la nation. Et quand bien même elles retourneraient dans leur pays ensuite, cette possibilité serait moins néfaste pour elles que de simplement attendre. Nous sommes aussi des sas de montées en compétences » a expliqué Luc de Gardelle.

Dans un contexte politique soumis aux restrictions budgétaires, les représentants de la Fédération ont, in fine, insisté sur l’importance de l’augmentation des contributions de l’État dans les deux prochaines années. « Chaque euro qu’il investit dans les entreprises d’insertion lui permet d’économiser à minima un euro supplémentaire en dépenses sociales. Il a donc tout intérêt à renforcer son soutien et à conventionner plus de postes chaque année » a souligné Matthieu Orphelin. En écho, Nadia Landry a insisté : « Investir dans l’IAE, c’est faire des économies ! ». 

Laurène Secondé



[1] Initié dans l’optique d’une « société et d’entreprises inclusives », le Pacte d’Ambition pour l’Insertion par l’Activité économique a été livré par le Conseil de l’Inclusion dans l’emploi en septembre 2019. Cette entité placée auprès de la ministre du travail a été fondée par Thibaut Guilly, sous l’impulsion de Muriel Pénicaud.  

[2] Contrat à Durée Déterminée d’Insertion

[3] La FEI représente trois types d’EI : les entreprises d’insertion, les entreprises de travail temporaire d’insertion et les entreprises d’insertion par le travail indépendant.

[4] La FEI s’est engagée dès juin 2022 à ouvrir des emplois aux réfugiés ukrainiens

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