ÉCONOMIE

À Vivatech, Elon Musk estime « probable » que « plus personne n'aura d’emploi » dans le futur

À Vivatech, Elon Musk estime « probable » que « plus personne n'aura d’emploi » dans le futur
Publié le 24/05/2024 à 18:01

De retour au salon cette année, mais à distance depuis la Californie, le patron de SpaceX, Tesla, xAI et Neuralink a partagé, lors d’une conférence, ses inquiétudes concernant l'IA générative. Il a affirmé que cette technologie ne cherche « pas forcément la vérité » et qu'elle pourrait totalement remplacer tous les métiers traditionnels.

Elon Musk était de nouveau présent au salon Vivatech ce 23 mai 2024, enfin, pas tout à fait. Après s’être déplacé en personne pour la précédente édition, cette année, le riche homme d’affaire derrière Space X ou encore Tesla a fait le choix de la visioconférence depuis la Californie en raison de la remise de diplôme de son fils, a-t-il précisé.

Pendant près d’une heure, le milliardaire s’est prêté aux questions de Maurice Lévy, patron de Publicis et modérateur pour l’occasion, ainsi qu'à celles des spectateurs présents dans le Dôme de Paris, au parc des expositions de la porte de Versailles.

Mais les participants devaient respecter une règle stricte : ils disposaient de 15 secondes maximum pour poser leurs questions, pas une de plus. Malgré un bug technique de plusieurs minutes pendant lequel Elon Musk a disparu des écrans et quelques questions volontairement éludées, l’entrepreneur a globalement réussi à convaincre le public, qui l’a régulièrement applaudi… surtout lorsque qu’il annoncé avoir des origines françaises.  

« Si vous souhaitez travailler, vous pourrez le faire comme passe-temps »

La conférence était principalement axée sur le thème de l’IA générative, un sujet qui préoccupe profondément Elon Musk. L’entrepreneur a auguré que dans un potentiel futur, il était « probable » que « plus personne n’a[ura] d’emploi ». Dans ce scénario, la mise en place d'un revenu universel élevé pour chacun serait nécessaire, selon lui. Le milliardaire évoque également une perspective où « il n'y aurait aucune pénurie de biens ou de services ».

« Je pense que tous les emplois deviendront facultatifs. Si vous souhaitez travailler, vous pourrez le faire comme passe-temps. Mais l'IA et les robots pourront vous fournir tous les biens et services dont vous avez besoin », a-t-il présagé. Reste toutefois, d’après lui, une question cruciale : « Si les robots et les ordinateurs peuvent accomplir toutes les tâches mieux que vous, quelle est la signification de la vie ? »

Des conjectures qui semblent néanmoins contredire les récentes affirmations d'Antonin Bergeaud, économiste et professeur à HEC, qui soutenait que l’IA ne constituait pas une menace pour les emplois traditionnels… du moins à court terme.

Certaines IA ne sont pas fiables, juge Elon Musk

Elon Musk en a également profité pour se montrer très critique à l'égard de la fiabilité des systèmes d’IA les plus utilisés, notamment OpenAI, ChatGPT, et l’IA de Google, Gemini, qui, d’après lui, « ne cherchent pas forcément la vérité », voire qui la déforment. Le patron de Tesla s’est notamment plu à pointer la génération « par erreur » d'images de soldats nazis ou du Premier président américain George Washington avec… la peau noire.

L’entrepreneur a également cité le cas d’un utilisateur qui aurait « testé » l'IA de Google en lui posant une question dont la réponse ne fait a priori pas débat. A priori, sauf que lorsqu’on lui a demandé quel était le pire scénario entre la survenance d’une apocalypse nucléaire ou bien le fait de « mégenrer » l’ancienne athlète olympique transgenre Caitlyn Jenner, Gemini aurait répondu que la seconde option était la pire des deux. L’IA aurait même suggéré que la solution pour éviter que cela n’arrive serait - tout simplement - de détruire tous les humains.

« Il est important que l'IA soit formée pour être honnête et non pour être politiquement correcte. Le politiquement correct est souvent tout simplement faux, et cela signifie que vous programmez l'IA pour qu'elle mente, et je pense que cela va mal tourner », a soutenu le natif de Prétoria.

xAI, une nouvelle IA qui sera « la plus précise possible »

Dans une autre mesure, le propriétaire de Tesla est lui aussi à l’initiative de propre startup d’IA, xAI. Devant son auditoire à Vivatech, il a affirmé vouloir créer une IA « la plus précise possible, même si elle est impopulaire ».

Elon Musk n’a par ailleurs pas manqué d’ajouter que bien que xAI ne soit pas encore prête à rivaliser avec les IA d’OpenAI ou de Google, elle le serait « d’ici la fin de l’année », a-t-il assuré.

Selon Bloomberg, la startup xAI serait sur le point de boucler une levée de fonds qui la valoriserait à 18 milliards de dollars, tandis que le New York Post avance une valorisation de 20 milliards de dollars.

Des vols vers la lune avec des fusées réutilisables « d'ici cinq ans »

Parmi les autres sujets évoqués lors de la conférence au salon Vivatech, Elon Musk a également fustigé au passage les effets des réseaux sociaux, décrits comme des outils conçus pour « maximiser la libération de dopamine » dans le cerveau. Le magnat qui a acquis Twitter pour le transformer en X a souligné que, selon lui, « les parents demeurent responsables des valeurs et de la morale inculquées à leurs enfants ».

Questionné en outre sur la viabilité du lanceur spatial Ariane 6, laquelle doit bientôt réaliser son premier décollage depuis la Guyane, l’entrepreneur s’est montré plus que dubitatif, affirmant sans ambages que seules les fusées réutilisables (autrement dit, telles que lui les construit) étaient compétitives. Elon Musk s’est ainsi félicité du taux de réutilisation de Falcon 9 de SpaceX, qui s'élève, lui, à environ 80 %. Le chef d’entreprise a également mentionné les « progrès » réalisés avec son lanceur Starship, qui, selon ses dires, devrait permettre aux astronautes américains de retourner sur la Lune dans un avenir proche.

Des vols vers la Lune avec des fusées réutilisables pourraient ainsi devenir une réalité « d'ici cinq ans », a ainsi certifié Elon Musk. Et l’entrepreneur ne s'est pas arrêté là : interrogé sur ses aspirations les plus ambitieuses, il a répondu en un mot : « Mars ». Revêtant un t-shirt représentant la planète rouge, le milliardaire a estimé qu'un voyage vers la quatrième planète du système solaire pourrait devenir réalisable « d’ici 10 ans, peut-être 7 ou 8 ans ». Un planning jugé compliqué par les spécialistes, dont l’astronaute Thomas Pesquet.

Romain Tardino

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