En novembre prochain, Charles-René Tandé laissera sa place à la tête du
Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables. À la veille de son dernier
congrès en tant que président – congrès 100 % numérique, Covid oblige –,
l’heure est au bilan. L’occasion de revenir sur les réformes qui ont
particulièrement marqué la profession ces dernières années, mais aussi sur la
façon dont la profession a su maintenir son activité durant la période de
confinement.
Ce sont quatre années particulièrement denses
que Charles-René Tandé a vécues à la tête du CSOEC. En effet, en lançant un bref
regard dans le rétroviseur, on s’aperçoit très vite que sa mandature a été marquée
par des chantiers importants et des réformes majeures… sans parler de la Covid,
qui a exigé un investissement sans faille de la part des experts-comptables, partenaires
privilégiés des entreprises. À l’heure de dresser un premier bilan, c’est un élan
de satisfaction qui ressort de cette mandature : « Je suis satisfait du bilan
de notre équipe », a formulé Charles-René Tandé lors d’une conférence de presse
en visioconférence le 17 septembre dernier. Ce dernier n’a pas manqué à cette
occasion d’adresser ses remerciements à celles et ceux qui l’ont accompagné tout
au long de son mandat.
FIN DE MANDATURE : UN PREMIER BILAN
Il faut dire que le représentant des experts-comptables
et son équipe, sur tous les fronts pour défendre la profession, ont été amenés ces
dernières années à accompagner des chantiers importants, avec notamment la mise
en place du prélèvement à la source (chantier réussi pour le président Tandé), la
loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises),
la loi ESSOC (État au service d’une société de confiance), mais aussi la réforme
des retraites et l’impact des manifestations des gilets jaunes sur notre économie,
et notamment la consommation en centre-ville.
Concernant la loi PACTE, réforme que le président
du CSOEC estime favorable pour la profession, celui- ci se réjouit de la publication
de la grande majorité des textes : « On attend juste un décret simple qui intègre
la passerelle des commissaires aux comptes pouvant s’inscrire au CSOEC », et
un second relatif à la reconnaissance des compétences spécialisées, a-t-il précisé.
Charles-René Tandé se félicite aussi du
rapprochement entre le Conseil supérieur et le Conseil national des
commissaires aux comptes : « Outre le regroupement des locaux, il nous
paraissait évident d’avoir un patron commun, en la personne de Jean- François
Grimaud [NDLR : nommé en juin dernier secrétaire général du CSOEC et
délégué général de la CNCC], qui assurera notamment la mise en place de
commissions communes à venir. »
Enfin, en ce qui concerne la reconnaissance
de compétences spécialisées – point sur lequel le président s’était beaucoup
battu –, il a fait savoir que la plateforme a été ouverte cet été, et que les
dépôts de dossiers ont déjà débuté.
Deux chantiers n’ont pas pu être menés
jusqu’au bout, déplore le président Tandé : le premier concerne la mise en
place de la réforme des diplômes. Alors que le chantier avait déjà bien avancé,
la réflexion a été stoppée nette en mars dernier, la Covid obligeant la
profession à se concentrer sur d’autres priorités. Toutefois, cette réforme du
cursus apparait nécessaire pour le président, « afin de mieux adapter ce diplôme
aux besoins des cabinets et à l’économie en général ». L’autre chantier
inachevé est celui de la data et la gestion des données produites par la profession.
Le président du CSOEC considère en effet qu’il est aujourd’hui indispensable que
la profession dispose de données leur permettant de livrer à leurs clients des informations
plus riches dans le but d’améliorer leur performance. « Lors du prochain
congrès, nous allons présenter ce que nous pouvons faire aujourd’hui avec la donnée
: c’est essentiel – et peut-être bientôt urgent », a déclaré le représentant
des experts-comptables lors de sa conférence de presse.
LA PROFESSION COMPTABLE FACE À LA COVID
S’adapter : voilà ce que la profession a dû
et a su faire pendant plusieurs mois. À ce titre, le président du CSOEC n’a pas
manqué de remercier tous les experts-comptables qui, pendant plusieurs mois, sont
restés au plus près des entreprises : « On sort d’une période difficile, et je
souhaiterais féliciter la profession pour sa présence », a déclaré Charles-René
Tandé. Durant ces derniers mois, les experts-comptables ont assuré la continuité
de service, « et c’était nécessaire », souligne le président, qui sait à
quel point la profession a été mobilisée. Aussi, les bulletins de paie de 8 millions
de salariés ont, durant cette période, été assurés, grâce à l’investissement de
chacun.
La Covid-19 a en effet obligé la profession à
s’adapter, à évoluer, avec notamment le déploiement du numérique, apparu comme
une solution majeure en situation de confinement : « nous avons progressé
dans l’utilisation de nouvelles techniques, et avons acquis de nouvelles
méthodes », assure Charles-René Tandé. Durant cette période, de nombreux
cabinets ont en effet eu recours au travail à distance, pratique qui pourrait
bien perdurer. « Les mentalités ont évolué, et un accroissement du
télétravail dans les cabinets est à prévoir. La pratique va changer durablement
» prévoit-il. La profession va alors être amenée à évoluer grâce à la
technologie, mais, pour le président, aucune crainte n’est à prévoir quant à
l’avenir de la profession : « L’expert-comptable va garder sa place auprès
des entreprises », a-t-il certifié.
Bien qu’un ralentissement du chiffre d’affaires
se soit fait sentir au moment de la Covid – notamment en ce qui concerne le consulting,
secteur très affecté par le confinement –, les activités traditionnelles
comptables ou audit ont au contraire connu une surcharge de travail : « Mais
pouvons-nous facturer tout l’accompagnement
? » s’interroge le président. Celui-ci laisse chaque cabinet juge en la matière.
Finalement peu impactée par la crise, la
profession risque toutefois de ressentir ses effets l’année prochaine,
s’inquiète le porte-parole des experts-comptables, avec notamment le
ralentissement des créations d’entreprise, ou même la disparition de certaines
d’entre elles. Malgré tout, la « profession est plutôt optimiste », se réjouit-il.
En effet, les premiers retours ne sont pas alarmants, et la profession ne constate
que peu de dépôts de bilan. « Pour la pérennité des entreprises, le gouvernement
a mis en place des aides qui permettent la poursuite des activités », applaudit
Charles-René Tandé. Cependant, souligne-t-il, des plans sociaux, selon les secteurs
d’activité, sont à prévoir.
Confiant dans l'avenir de la profession, le
président a malgré tout formulé quelques inquiétudes. La première concerne
l’évolution de la pandémie : les chiffres de cas positifs sont en hausse, et
personne ne peut aujourd’hui prévoir l’évolution de la propagation du virus ni
son impact sur l’économie et les entreprises. Sa seconde préoccupation
s’adresse aux étudiants : déjà reportées en mai dernier, les épreuves de DCG et
DSCG sont prévues en septembre et octobre prochains. Cependant, la crise
sanitaire risque de chambouler leur déroulement, créant des injustices entre
les étudiants, notamment auprès de ceux qui, touchés par le coronavirus ou
vivant à l’étranger, ne pourraient se rendre aux épreuves : « Ça me pose un
vrai souci, j’ai alerté le ministre de l’Enseignement supérieur, mais pas de
réponse » a-t-il conclu.
Constance Périn