À l’occasion de la 5e édition
du Prix Ilan Halimi, la première place, décernée en présence de plusieurs représentants
de la justice, a récompensé lundi à Paris le centre scolaire du quartier pour
mineurs du centre pénitentiaire de Liancourt pour son exposition interactive.
Après l’Hôtel
Matignon en 2022, c’est cette année place Vendôme, à Paris, que la 5e
édition du Prix Ilan Halimi s’est déroulée, le 13 février dernier, en présence du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, du
ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Pap Ndiaye, de la ministre
de la Culture Rima Abdul-Malak et de la ministre déléguée auprès de la Première
ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Isabelle Rome.
À cette occasion,
le Grand Prix, décerné par un jury présidé par l’autrice et la réalisatrice
Emilie Frèche, a été remporté par le centre scolaire
du quartier pour mineurs du centre pénitentiaire de Liancourt (Oise) pour son projet
« Dans leurs yeux ».
Le Prix Ilan
Halimi, qui porte le nom du jeune Français de 23 ans séquestré et torturé à
mort en janvier 2006 par un groupe d’individus se faisant appeler le « gang des
barbares », met à l’honneur l’engagement des jeunes en récompensant chaque
année un travail mobilisant au minimum cinq jeunes de moins de 25 ans ayant
mené une action visant à lutter contre les préjugés et les stéréotypes racistes
et antisémites.
Huit affiches pour un Grand
Prix
Le projet du centre
scolaire du quartier pour mineurs du centre pénitentiaire de Liancourt est né
en réponse à une série d’altercations à caractère raciste entre détenus du
quartier pour mineurs. En réponse, les jeunes détenus ont conçu une exposition
interactive de huit affiches, ainsi qu’un questionnaire et un quiz sur les
préjugés racistes et antisémites et leur origine.
La réalisation
visuelle a ensuite été confiée à une classe d’un lycée professionnel en
graphisme de l’Oise, avant d’être soumise à une classe élémentaire pour
poursuivre la sensibilisation.
Le jury a
particulièrement salué l’implication de détenus, démarche singulière, et a
notamment indiqué avoir apprécié le fait que le projet ait concerné plusieurs
publics.
Trois autres projets
distingués par le Prix du jury
Trois Prix du
jury ont également été distribués, dont l’un à cinq jeunes du centre social
Simone Veil en Essonne pour « Les xénophobes anonymes ». Le
court-métrage fictionnel inspiré du concept des Alcooliques anonymes adapté à
la xénophobie met en scène une réunion au cours de laquelle deux morceaux de
rap/slam composés par le groupe de jeunes sont interprétés. Un format « ludique
et malin » apprécié du jury.
Le deuxième Prix
du jury a quant à lui été attribué au projet « Petit musée pour la paix »
réalisé par une classe de CM1/2 de l’école Joliot-Curie dans les Hauts-de-Seine.
Situé au cœur de la cité de la Pierre Plate – là où Ilan Halimi avait été
séquestré – le musée abrite l’exposition des élèves regroupant une trentaine
d’œuvres faites par leur soin, et abordant les questions de discrimination,
d’antisémitisme et de racisme à travers l’Histoire. Les élèves ont notamment
assuré les visites auprès des parents d’élèves et habitants du quartier.
Enfin, le dernier
prix a été décerné à sept élèves de terminale du lycée Jean Guéhenno dans le
Cher pour leur projet « Autour de la mémoire d’Ilan Halimi »,
articulé autour de ce sujet et de l’histoire de la Shoah sur leur territoire.
Ces élèves ont mené plusieurs actions, en faisant notamment du porte-à-porte
dans un quartier prioritaire de la ville pour sensibiliser les habitants à
l’antisémitisme ou encore en publiant un numéro spécial sur le sujet au sein du
lycée. Ils ont également obtenu du maire de la ville la dénomination d’un
square au nom d’Ilan, inauguré en décembre 2022. Le point d’orgue du projet avant
la remise du Prix du jury.
« Il
y a 17 ans, le supplice d’Ilan Halimi, torturé et assassiné parce que juif,
avait choqué la France. Aujourd’hui, les initiatives que nous avons
récompensées sont les plus belles réponses que nous pouvons offrir aux barbares
qui ont commis cet affreux crime antisémite » a souligné le ministre
de la Justice Éric Dupond-Moretti à l’issue de la remise des prix.
Allison
Vaslin
Crédit
photo : Joachil Bertrand (ministère de la justice)