DROIT

Droits des personnes détenues : un guide pour rappeler leurs droits et les faire respecter

Droits des personnes détenues : un guide pour rappeler leurs droits et les faire respecter
Publié le 19/11/2024 à 14:52

Scindé en quatre chapitres et à travers une cinquantaine de fiches pratiques, le guide du Défenseur des Droits fait le point sur les droits des personnes en détention - notamment vulnérables -, de la santé aux sanctions disciplinaires en passant par le droit au maintien des liens familiaux en prison.

Aider les personnes détenues à mieux connaitre leurs droits et les faire respecter. C’est l’objectif du Défenseur des Droits (DDD) avec la publication de son guide « Faire respecter mes droits en prison », présenté le 7 novembre dernier par Claire Hédon, lors d’un déplacement au centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis en Essonne.

En effet, « les personnes détenues restent [toujours] très éloignées de leurs droits », et ce malgré les recommandations formulées en 2013 dans le rapport L’action du Défenseur des droits auprès des personnes détenues, alors qu’en parallèle, le nombre de saisines auprès du DDD augmente. En 2023, 7 878 dossiers et plus de 8 000 appels téléphoniques de personnes détenues ont été traités, soit quatre fois plus qu’en 2022.

Le guide explique « dans un langage clair ce que dit le droit » et comment les personnes détenues peuvent être accompagnées dans leurs démarches, indique le Défenseur sur son site internet. Les fiches, au nombre de 52, sont notamment rédigées à la première personne, une façon pour les personnes détenues de se les approprier.

D’après Claire Hédon, plusieurs exemplaires du guide seront remis à chaque établissement pénitentiaire de France et mis à disposition dans les bibliothèques, à destination des quelque 79 631 personnes détenues (chiffre au 1er octobre 2024).

En prison, le secret médical doit être maintenu

Le premier des quatre grands chapitres du guide aborde les thématiques relatives au quotidien des personnes en prison et comporte la quasi majorité des fiches pratiques, au nombre de 24.

Au titre des droits fondamentaux de ces personnes, celui du maintien des liens avec leur famille. Autrement dit, leurs proches ont le droit de leur rendre visite dans le cadre de leur détention. La première fiche rappelle en ce sens que si une personne détenue n’a pas le choix de la prison où elle effectuera sa peine, le maintien de ce droit doit être « particulièrement pris en compte dans la décision de l’établissement d’affectation ». Elle précise également que dans le cadre d’une détention provisoire, une personne en attente de jugement peut demander à être transférée pour rapprochement familial, sur le fondement de l’article L. 342-1 du Code pénitentiaire.

Six fiches pratiques abordent notamment les droits relatifs à la santé, dont le droit au secret médical qui doit lui aussi être respecté en détention. De fait, si un médecin bafoue ce droit, la personne détenue peut engager la responsabilité administrative de l’hôpital dans lequel le professionnel de santé travaille, pointe la dixième fiche. Autre précision, aucun courrier adressé à un médecin et écrit par une personne détenue ne doit être lu par les surveillants pénitentiaires.

Les fiches suivantes apportent pour leur part un éclairage pour pallier différentes problématiques liées à la discrimination, à la pratique de la religion ou encore à la difficulté à obtenir une aide financière.

Des fiches sur les démarches administratives

Les quatorze fiches pratiques suivantes portent quant à elles sur les moyens de contrôle et la discipline en prison. Une personne détenue peut par exemple se renseigner sur les raisons qui peuvent conduire à une fouille corporelle (parfois intégrale) ou à la fouille de la cellule par le biais des fiches 25 et 26. Elle peut également prendre connaissance des droits qu’une personne détenue placée au quartier disciplinaire doit conserver, tels que le droit d’avoir du papier pour correspondre, de conserver ses livres, ses vêtements habituels et même ses cigarettes.

Dans la partie « La justice et les démarches administratives », composée de six fiches, la personne détenue peut notamment s’informer sur les conditions qui doivent être respectées pour faire appel d’une condamnation pénale ou des décisions du juge concernant l’exécution d’une peine, ou bien pour faire appel des décisions concernant les conditions de détention.

Côté démarches administratives, les fiches 42 à 44 se penchent sur la marche à suivre pour renouveler une pièce d’identité ou pour effectuer les démarches relatives aux cotisations pour la retraite, puisqu’une personne qui travaille en prison continue de cotiser pour sa retraite. Il est également rappelé que ces personnes ont un droit de vote et peuvent remplir leur devoir de citoyen même en prison.

Le cas des personnes en situation de vulnérabilité

Une dernière partie se consacre aux situations particulières, récapitulant notamment les droits des personnes âgées, en situation de handicap ainsi que les droits des femmes enceintes et des mères.

La fiche pratique 45 indique par exemple qu’une personne âgée a le droit de bénéficier des dispositifs d’aide pour la perte d’autonomie, et peut également demander un aménagement de peine si elle a plus de 70 ans : une libération conditionnelle est envisageable. Si son état de santé physique ou mental « est incompatible  avec la prison », une suspension de peine peut aussi être demandée.

Concernant les personnes en situation de handicap, la fiche 46 rappelle que le refus de mettre en place des aménagements nécessaires au handicap d’une personne détenue constitue une discrimination. Une personne transgenre peut quant à elle demander à être affectée dans une prison ou quartier « qui correspond à [s]on identité de genre ».

Par ailleurs, il est possible pour une personne détenues de nationalité étrangère de faire des démarches pour demander un premier titre de séjour, mais aussi renouveler un titre dans le cas où une OQTF lui est notifiée. Elle peut ainsi s’appuyer sur les fiches 49 et 50 du guide pour glaner les informations nécessaires aux démarches.

Enfin, le guide rappelle dans sa dernière fiche pratique qu’en cas de jugement d’une femme enceinte, « le procureur de la République et le juge de l’application des peines doivent prendre des mesures pour éviter [l’]incarcération [de celle-ci si elle est enceinte] de plus de douze semaines, en la repoussant à plus tard ou en modifiant la peine pour qu’elle s’exécute en milieu ouvert ». Il est également possible pour une mère ayant accouché en détention de garder son nouveau-né auprès d’elle jusqu’aux 18 mois de l’enfant.

Plus globalement, chacune de 52 fiches pratiques comporte une partie « comment le défenseur des droits peut-il intervenir », où plusieurs solutions sont proposées pour la problématique spécifique, ainsi qu’une partie « comment saisir le défenseur des droits ? ». Un éclairage supplémentaire pour accompagner les personnes détenues dans leurs démarches.

Allison Vaslin

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