L’AFITE, association professionnelle regroupant des professionnels
spécialisés dans le financement, la transmission d'entreprises et le conseil
financier aux dirigeants, vient de publier son «
Guide des bonnes pratiques en matière de cession d’entreprises ». À l’heure
où vendre son entreprise à un repreneur pourrait bien monter en flèche sous
l’effet Covid, comment organiser efficacement et sereinement cette opération ?
Le mot-clé est l’anticipation, souligne Pierre-Jean Gaudel, vice-président de
l’AFITE. Entretien.
Pouvez-vous
nous en dire plus sur l’AFITE ?
L’Association pour le Financement
et la Transmission des Entreprises (AFITE), membre du réseau CNCEF, rassemble
près de 400 professionnels spécialisés dans le conseil en levée de fonds et la
transmission d’entreprises, aussi appelés « conseils en haut de bilan ».
L’AFITE les rassemble sur la base d’exigences fortes en matière de qualité et
d’éthique. Chaque adhérent s’engage, dès son adhésion, à respecter notre code
de déontologie et nos démarches qualité. L’association propose aussi un cadre
de représentation collective permettant de promouvoir la reconnaissance de la
profession. Elle permet d’accéder à des avantages, comme une couverture
d’assurance professionnelle, l’accès à des bases de données à des conditions
privilégiées, la veille réglementaire et la mise à disposition d’outils
techniques.
Quelles
sont les raisons qui ont poussé votre association à réaliser un guide des
bonnes pratiques en matière de cession d’entreprises, et à qui s’adresse-t-il ?
Ce guide des bonnes pratiques
professionnelles complète notre dispositif qualité qui comprend :
-
une
appréciation des compétences et de l’honorabilité des candidats souhaitant
rejoindre notre association,
-
un suivi
qualité annuel, consistant par exemple à vérifier que nos adhérents sont bien
assurés et ont suivi un minimum de formations au cours de l’année écoulée,
-
une offre de
formations adaptées, que nous sommes encore en train de compléter et
d’enrichir,
-
la mise à
disposition d’outils techniques et une veille réglementaire, par notre
commission Déontologie et qualité.
Le guide s’adresse à tous nos
adhérents. Ceux qui sont nouveaux au sein de notre profession y trouveront des
recommandations pour sécuriser leurs missions et développer les bons réflexes.
Les autres y trouveront matière à réflexion, voire amélioration, de leurs
pratiques au regard des retours d’expériences partagés. Au-delà du guide, notre
objectif est que l’appartenance à notre association soit synonyme de label
qualité pour les clients qui font appel aux services de nos membres.
Ce
guide accompagne le lecteur dans toutes les étapes de la cession. Quelles sont
selon vous les étapes les plus souvent « bâclées » lors d’une telle opération,
ou les erreurs fréquemment commises, et comment le document invite-t-il à
éviter ces écueils ?
La cession d’une entreprise est évidemment
une opération importante, d’autant plus si le vendeur est aussi le dirigeant.
Les enjeux patrimoniaux, fiscaux, juridiques, financiers, sociaux, voire familiaux,
s’entremêlent, et la dimension psychologique est essentielle.
La tentation peut être de passer
rapidement sur tous ces aspects et de se focaliser trop vite sur les aspects
techniques de la cession, notamment l’appréciation du prix de cession. C’est
pourquoi notre guide insiste sur l’importance du diagnostic préalable à la
signature de la lettre de mission entre le conseil haut de bilan et son client.
Un autre point d’attention important
est le respect de la réglementation. Il faut ainsi distinguer le conseil haut de
bilan du « service de placement non garanti » (selon la terminologie de l’AMF)
et être capable de gérer les règles en matière de confidentialité et d’information
des salariés préalablement à la cession. Notre guide précise ces notions et aide
à s’y retrouver, pour éviter le risque de contentieux futur.
Quels
sont les principaux leitmotivs à retenir pour réussir la cession de son
entreprise ?
Le premier réflexe essentiel pour
réussir la cession de son entreprise est l’anticipation. Attendre l’heure de
son départ en retraite pour préparer la transmission de son entreprise place le
cédant en position délicate pour négocier sereinement. Une transmission de
prépare plusieurs années à l’avance, sur les plans fiscal, patrimonial, juridique,
voire familial. Il convient également de «
rendre belle la mariée » : l’entreprise
à vendre doit être organisée, notamment sur le plan managérial, pour séduire
les repreneurs potentiels.
Le second réflexe à avoir est de
se faire accompagner par un professionnel de confiance et expérimenté. Une
cession est une opération complexe, qui nécessite du temps, et le cédant, pour
bien négocier, doit éviter d’être en première ligne. Le choix de son conseil
est majeur : le lien de confiance entre le cédant et le conseil haut de bilan
doit être sans faille, car les deux seront amenés à échanger des informations
confidentielles et à passer beaucoup de temps ensemble, au cours de
négociations parfois éprouvantes.
Ces analyses sont bien résumées
par Monsieur François Asselin, président de la CPME, qui nous a fait l’honneur
de préfacer notre guide : « Une cession doit se préparer et s’anticiper tant
techniquement que psychologiquement. À travers le guide réalisé par l’AFITE
nous appréhendons bien ces dimensions et les lecteurs pourront y retrouver les
bonnes pratiques permettant de les guider. Il est en effet fondamental que,
dans ces moments cruciaux, le chef d’entreprise soit bien conseillé. »
Avec
la crise actuelle, le nombre de cessions pourrait bientôt exploser. Pourquoi
est-il important de bien réussir la cession de son entreprise ?
Tous les secteurs ne sont pas affectés
de la même façon par la crise actuelle, mais vous avez raison de souligner qu’elle
va certainement être source de rapprochements d’entreprises dans les secteurs
les plus fragilisés par les mesures sanitaires.
Quels que soient la conjoncture
et le secteur, les enjeux d’une cession réussie restent les mêmes.
Pour le cédant, il s’agit de
réaliser une belle opération patrimoniale et de trouver un acquéreur qui
poursuive le développement de l’entreprise à laquelle il est souvent très
attaché.
Pour l’entreprise cédée et ses
salariés, il s’agit de voir arriver un acquéreur respectueux de la culture
d’entreprise et ayant les moyens, financiers et humains, de la développer.
Enfin, pour notre pays, « la
transmission d’entreprises représente aussi un potentiel économique de première
importance. En effet, il s’agit d’éviter que des entreprises périclitent ou
cessent leur activité du fait d’un manque de repreneur ou d’une transmission
mal préparée. À l’inverse, une cession réussie est bénéfique puisqu’elle permet
de conserver les emplois dans les territoires et que les entreprises récemment
transmises connaissent des taux d’investissement, de rentabilité et de survie
élevés » (Monsieur le président François Asselin, préface précitée).
Comment
bien vivre le rachat de son entreprise ? Et côté repreneur, comment vaincre son
appréhension de racheter une entreprise ?
Pour le cédant, bien vivre la vente
de son entreprise suppose de maîtriser, et non subir, le processus de vente de son
entreprise, ce qui renvoie à nos recommandations précédentes : bien anticiper et
se faire accompagner par un professionnel de confiance.
Pour le repreneur, racheter une
entreprise signifie aussi entreprendre et investir. Or tout investissement
génère une part de risque et d’incertitude, inhérente à toute démarche de
création de valeur. Pour le repreneur aussi il est important de se préparer et
de bien se faire accompagner.
Pour toute information sur
l’AFITE ou pour l’acquisition du Guide des bonnes pratiques en matière de
cession d’entreprises (18 €), s’adresser à Véronique Herguido Lafargue
(déléguée générale), à contact@afite.fr
Propos recueillis par
Bérengère Margaritelli