« Il fallait apaiser les
chefs d’entreprise en centralisant l’information
»
REBOND, c’est le nom d’une aide
transversale à destination des entreprises lancée par FTPA, afin de gérer les enjeux
liés à la crise sanitaire. Le cabinet d’avocats dispose d’une équipe dédiée de
spécialistes pour accompagner l’entreprise confrontée à des difficultés sociales,
financières et commerciales. Objectif : faciliter la reprise d’activité et
diminuer le risque inhérent à celle-ci. Zoom sur ce nouveau dispositif avec
Philippe Pochet et Antoine Tchekhoff.
Pouvez-vous vous présenter ?
Nous sommes tous deux co-fondateurs du cabinet FTPA : Philippe Pochet, président
du directoire, spécialiste du droit de l’audiovisuel, du marché de l’art et des
nouvelles technologies ; et Antoine Tchekhoff, président du conseil de
surveillance, spécialiste en arbitrage, contentieux et droit des contrats internationaux.
L’avocat est l’un des meilleurs alliés
du chef d’entreprise, entend-on souvent. À quels titres ?
L’avocat est un confident fidèle et discret ; un conseiller indépendant,
sans rapport hiérarchique, ce qui fait de lui un partenaire très efficace. C’est
aussi un visionnaire qui s’appuie sur ses expériences et son expertise pour
assister le chef d’entreprise. L’avocat est enfin, pour un cabinet de notre taille,
un chef d’entreprise confronté aux mêmes défis que ceux de ses clients.
De quels constats est né REBOND ?
L’expérience de la gestion de crise, aujourd’hui sanitaire, en tant que
chef d’entreprise, nécessite de prendre des décisions rapides. Aujourd’hui, il
faut adopter des comportements managériaux très forts en proposant un programme
et des modèles entrepreneuriaux plus directifs et concrets pour nos clients,
car nous sommes, nous-mêmes, confrontés aux mêmes réalités que celles des chefs
d’entreprise que nous conseillons et accompagnons. C’est de ce constat qu’il fallait lever les obstacles individuels au changement
qui s’impose désormais pour mettre en place une transversalité dans les
relations clients/ avocats et entre avocats de spécialités différentes qu’est
né le REBOND.
Quel est l’objectif de ce dispositif et
quel est son coût ?
L’objectif est d’apporter une vision pratique, synthétique et concrète de l’ordonnancement
juridique qui, depuis la crise sanitaire, s’est beaucoup complexifié. En effet,
en quelques mois, se sont succédé près de 40 ordonnances, ce qui n’a pas manqué
de perturber, encore davantage, les chefs d’entreprises. Beaucoup de chose ont
été dites. On ne conseille plus, on commente. Il fallait donc apaiser les chefs
d’entreprise en centralisant l’information et en structurant des relations plus
agiles et innovantes. Le coût de cette réflexion et du travail accompli
représente le temps de la mobilisation de nos principaux associés ; nous devions
cette contribution à nos clients. Notre démarche n’est aucunement commerciale
et notre contribution n’a pas vocation à être facturée : c’est une démarche de
proximité et de solidarité.
Qui sont les spécialistes mobilisés ? Comment
se manifeste concrètement cet accompagnement ?
Ce sont des associés qui ont, chacun dans leur domaine d’intervention
(dynamique contractuelle – entreprise en difficulté et droit social), une
expérience solide et la culture d’entreprise de FTPA qui pourrait se résumer
ainsi : FTPA ne travaille pas pour un client ou un dossier mais avec une entreprise.
Par leur disponibilité et réactivité, nos associés tentent de répondre aux inquiétudes
des entrepreneurs, qui peuvent être ponctuelles ou plus durables, et le temps
consacré dépendra des remèdes que nous aurons choisi, avec le dirigeant et les
opérationnels, d’inoculer à l’entreprise.
Pour le chef d’entreprise, solliciter de
l’aide peut sembler délicat voire, dans certains cas, impossible. Quelle est
votre approche ?
Nous ne comprenons pas l’adjectif « impossible ». Nous
pensons que tout problème trouve une solution. Même dans les pires situations
(mouvements sociaux, situation de blocage, difficultés économiques durables),
nous avons trouvé des issues de secours et des leviers juridiques. Aujourd’hui,
il faut simplement être plus créatif pour faire mieux et autrement qu’hier. En
réalité, la situation devient délicate pour un chef d’entreprise lorsqu’il
reste immobile et ne sollicite pas cette aide. Lorsque l’entreprise souffre, elle
doit consulter car nous ne démarchons aucun client. Notre site n’est pas un
site marchand mais un site d’information. Nous ne travaillons avec aucun et/ou
pour aucun intermédiaire. Notre meilleure publicité est celle faite par nos clients et nos propres
confrères sur notre expertise. Notre publicité est réputationnelle, et le
premier contact se fait généralement, comme à l’identique de tous les cabinets
d’avocats, par téléphone et prise de rendez-vous.
Antoine Tchekhoff
Les dispositifs d’aide au chef d’entreprise
ne sont pas légion en France. Comment expliquez-vous cette « réticence » ? Comment
y remédier ?
Il existe quelques dispositifs spécialisés pour aider psychologiquement les
chefs d’entreprise à surmonter un échec professionnel, généralement après une liquidation,
et à reprendre confiance en eux pour construire un nouveau projet. Nos
interventions s’inscrivent plus en amont pour éviter, justement, que l’entreprise
soit exposée à ces situations critiques, mais il arrive, parfois, que le chef
d’entreprise, qui n’a pas pris la mesure de ses difficultés, nous consulte en
situation de détresse. Contrairement aux pays nordiques où l’échec est
considéré comme formateur, en France, c’est un sujet tabou. Or, il crée un état
de souffrance qui diminue souvent la capacité du chef d’entreprise à prendre les
bonnes décisions et retarde la mise en oeuvre de solutions techniques,
financières et/ou juridiques appropriées. Notre proximité avec les chefs
entreprises nous permet de leur apporter l’assistance psychologique dont ils
ont souvent besoin pour prendre les décisions, parfois difficiles, comme des
licenciements, que la situation impose. Il existe une multitude d’aides diverses, notamment financières, pour aider
les chefs d’entreprises, mais leur foisonnement les empêche d’être lisibles et
facilement identifiables. La crise sanitaire a amplifié le phénomène mais
aussi, paradoxalement, modifié les comportements en cristallisant la nécessité
de créer de nouveaux modes de communication qui, espérons-le, lèveront la «
réticence » des chefs d’entreprise à parler, suffisamment en amont, de leur difficulté.
La crise sanitaire s’apprête à devenir économique.
Afin d’en limiter les effets, à votre avis, quel comportement doivent adopter les
entreprises et quels leviers peuvent-elles actionner ?
Il était évident que la crise sanitaire qu’Edouard Philippe avait déclarée
dans une de ses interventions télévisées « sans précédent et d’une très grande intensité » évoluerait en crise économique. Il faut d’abord que toutes les entreprises reprennent leurs activités et
augmentent leur capacité de travail et de production. Il faut ensuite que les
entreprises créent des modes de communication qui pourront, autant que faire se
peut, se substituer à la relation humaine directe. La crise est le déclencheur
de ces changements avec notamment la multiplication du télétravail, des
visioconférences… qui vont nous obliger à inventer de nouveaux codes de
communication. La crise est, à cet égard, un formidable levier digital qui va
amener les entreprises à développer de nouveaux outils de travail et être un
accélérateur de tous les process
de transition digitale. L’entreprise
va devoir réaliser en quelques semaines ce qu’elle mettait des mois à
accomplir. FTPA est depuis longtemps investi dans cette transition, notamment
avec la mise en place d’une blockchain, des signatures électroniques et l’utilisation
de plateformes de résolution amiable des litiges (en particulier celle mise en
place par le Conseil national des barreaux en 2018)
Propos recueillis par Bérengère
Margaritelli