ÉCONOMIE

Évolution du marché des assurances en 2025 : entre stabilisation et adaptation

Évolution du marché des assurances en 2025 : entre stabilisation et adaptation
Publié le 24/01/2025 à 16:00

Les assurances jouent un rôle essentiel dans l’équilibre économique et la gestion des risques des entreprises. En 2025, le secteur continue de faire face à des changements importants, liés aux bouleversements climatiques, géopolitiques et technologiques.

Après plusieurs années de hausses marquées, une tendance à la stabilisation s’observe dans certaines branches comme la responsabilité civile professionnelle, en baisse en 2023, avant de stagner en 2024. Quelques secteurs connaissent une situation différente, comme les professions réglementées ou l’industrie nucléaire, qui continuent de voir des conditions strictes et des primes élevées.

Les lignes financières et les dommages aux biens se stabilisent également, sauf en cas de sinistralité ou de mauvaises perspectives économiques. Là, des augmentations peuvent survenir. Mais, 46 % des experts interrogés dans le cadre du baromètre Allianz notent une accalmie sur ces segments.

Cette stabilisation reste inégale. Les secteurs exposés à des risques accrus comme les catastrophes naturelles ou les cyberattaques continuent de voir leurs primes augmenter. En France, par exemple, les surprimes catastrophes naturelles ont été relevées de 12 % à 20 % au 1er janvier 2025. Ces risques sont majeurs dans les entreprises, peu importe le secteur, et le numéro un reste l’incident cyber, cité par 38% des experts dans le baromètre Allianz.

L’assurance cyber, un incontournable

Les entreprises s’assurent davantage sur ce danger-là. En France, 44% des assurés s’en préoccupent. L'assurance cyber est devenue commune, mais l'élargissement des exclusions dans les contrats de dommages oblige les sociétés à repenser leur approche des risques numériques pour déployer une couverture complète et cohérente. Elles sont encouragées à revoir leur contrat pour inclure le maximum de risques. De leur côté, les assureurs investissent dans des offres plus adaptées aux nouveaux besoins numériques, des contrats couvrant à la fois les dommages matériels et les impacts cyber, comme le détaille le dossier de l’association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise (AMRAE), État du Marché & Perspectives 2025.

Par ailleurs, les interruptions d’activités liées aux perturbations de la chaîne logistique conservent leur place parmi les priorités des entreprises, notamment dans l’aviation, l’aérospatial et la défense où ce problème se classait 5e en 2024 pour devenir 2e en 2025. Moins attendu, il concerne aussi l’alimentaire, l’ingénierie ou encore l’hôtellerie. 31 % des experts le considèrent comme crucial, même si son importance diminue dans d’autres univers comme la chimie, la pharmacie et les services professionnels.

L’un des principaux dangers actuels est le changement climatique. Cyclones, inondations, sécheresse, les assurances s’adaptent, mais les catastrophes naturelles ont entrainé une augmentation des primes et des franchises dans les zones à risque pour les assurés. Certains assureurs craignent même une « inassurabilité climatique » dans certaines régions, particulièrement aux États-Unis, avec des épisodes tels que les méga feux en Californie de ce début d'année 2025.

En France, à Mayotte, après le passage du cyclone Chido, les coûts des dégâts pris en charge par les assurances dans le cadre du régime de catastrophe naturelle ont été estimés entre 650 et 800 millions d’euros par le réassureur public français, la Caisse centrale de réassurance (CCR). Du côté des particuliers, seuls 6% disposent d’une assurance habitation, a précisé la CCR.

Les assureurs s’adaptent

« L’inflation reste une source de conflits sociaux et un risque accru de mouvements populaires », indique le document de l’AMRAE. L’inflation, bien que moins importante qu’en 2023, impacte directement les coûts de reconstruction qui ont augmenté de 7 à 10 % en 2024. Elle nécessite des ajustements dans les primes et les franchises entre assureurs et assurés. Les assureurs surveillent également les conséquences économiques des tensions géopolitiques, comme en Ukraine, à Gaza ou à Taiwan. Ces terrains exclus témoignent de restrictions pour les zones sensibles. Cela augmente la difficulté d’obtenir des garanties sur quelques marchés, dont celui des énergies renouvelables.

Les projets climatiques comme les champs d’éoliennes terrestres ou offshore, l’installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments, ou encore les fermes solaires, sont perçus comme des risques émergents en raison de l’absence de données historiques suffisantes, « alors que l’assurance est une condition de leur développement ». Plus de 50 % des nouveaux projets d'énergies renouvelables subissent des évaluations renforcées pour garantir leur assurabilité.

Face à ces problématiques, la collaboration entre assureurs, réassureurs et entreprises est vitale pour maintenir la pérennité des contrats. Les gestionnaires de risques prennent de plus en plus de place dans ces relations. Ils sont responsables d’identifier, d’évaluer et de gérer les risques, financiers, opérationnels, technologiques et réglementaires auxquels les entreprises peuvent être confrontées. Ils valident que les couvertures souscrites soient adaptées aux besoins spécifiques.

Tessa Biscarrat

 

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