Réagissant à la nomination du nouveau premier ministre, la CPME a fait savoir que « le temps des demi-mesures » était « révolu », et appelé le chef du gouvernement à se saisir des sujets qui préoccupent les TPE-PME, notamment en matière de compétitivité, après des défaillances record.
« Même si le contexte est difficile, les entrepreneurs attendent de [François Bayrou] qu’il crée les conditions permettant de retrouver de la visibilité, de la lisibilité et de la stabilité. Sans cela, le ralentissement économique actuel risque de se transformer en véritable crise économique ».
Aussitôt nommé, ce vendredi 13 décembre - une date qui lui portera peut-être chance, alors que son prédécesseur est resté en poste trois petits mois -, le nouveau chef du gouvernement est attendu au tournant par les entreprises.
Dans un communiqué adressé dans la foulée de l’annonce de cette nomination, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) est claire : celui qui reprend le flambeau de Michel Barnier va devoir mettre les bouchées doubles. « Le temps des demi-mesures est révolu. La période qui s’ouvre doit être celle de mesures fortes qui exigent du courage ».
Test PME en suspens
Si l’adoption du budget est bien sûr au centre des préoccupations, la CPME réclame des « perspectives » s’agissant des mesures de simplification très attendues par les entrepreneurs. En particulier s’agissant du « test PME ». Prévu par le projet de loi sur la simplification de la vie économique - dont le cheminement parlementaire avait été interrompu par la dissolution, avant d’être adopté au Sénat en première lecture le 22 octobre -, le dispositif doit permettre de mesurer, avant application, l’impact potentiel de nouvelles normes s’appliquant aux entreprises.
Une première expérimentation de ce texte avait été lancée pour l’application de la directive CSRD. Michel Barnier avait annoncé fin novembre, au salon Impact PME, qu’une nouvelle tentative devrait avoir lieu pour la facturation électronique en début d’année prochaine. Un calendrier qui risque fort de ne pas tenir ses promesses, avec le remaniement ministériel qui se profile.
« Ne pas voir s’accélérer les défaillances »
Autre sujet d’inquiétude pour la Confédération : la question de la compétitivité des entreprises françaises, « dont il va falloir se saisir rapidement si l’on ne veut pas voir s’accélérer les défaillances, en particulier dans le secteur industriel », presse-t-elle le nouveau chef du gouvernement.
En effet, d’après le 17e bilan annuel de la compétitivité française de Rexecode, publié début 2024, la France n’a pas retrouvé les parts de marché à l’exportation de 2019, aussi bien dans l’industrie que dans les services. « La compétitivité-prix française reste affaiblie et la compétitivité hors-prix insuffisante, malgré la qualité reconnue des produits français », rapporte ce dernier.
Par ailleurs, 13 400 défaillances d’entreprises ont été enregistrées au 3e trimestre 2024, en hausse de 20 % selon les statistiques de l’institut Altares, atteignant un record de 66 000 défauts sur 12 mois glissés. Et si le secteur industriel visé par la CPME n’est pas le plus mal loti (derrière la construction, le commerce et les services), les activités de textile-habillement semblent toutefois dans la tourmente, de même que celles ayant trait à la transformation-conservation de la viande de boucherie, qui « dérape très vite », selon Altares : l’activité enregistre 81 défaillances, un nombre au plus haut sur au moins dix ans, en hausse de 125 %.
Fonctionnement vs investissement
La CPME attire également l’attention du nouveau Premier ministre sur la réforme de l’action publique, « corollaire du rétablissement des comptes publics », en l’exhortant à s’y atteler. « Se contenter d’augmenter les recettes en taxant davantage les entreprises ou en alourdissant encore le coût du travail serait suicidaire pour notre pays. (...) C’est bien la dépense publique qu’il faut baisser, en s’attelant avant tout au fonctionnement plutôt qu’à l’investissement ».
Pour satisfaire les quelque 160 000 TPE et PME françaises, le prochain gouvernement aura du pain sur la planche.
Bérengère Margaritelli