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Importation et exportation de trophées de chasse : une compagnie aérienne devance l’Assemblée nationale

Importation et exportation de trophées de chasse : une compagnie aérienne devance l’Assemblée nationale
Publié le 24/05/2024 à 14:20

Alors que le processus législatif pour faire interdire l’importation en France de trophées d’espèces protégées a été interrompu, la compagnie espagnole Volotea, soutenue par l’organisation Humane Society International, a annoncé prohiber le transport de trophées de chasse à bord de ses avions.

Plus aucun trophée de chasse d’animaux ne rentrera en France, ou en tout cas plus par le biais des vols de la compagnie aérienne espagnole Volotea.

En nouant un partenariat avec l’organisation à but non lucratif pour la protection des animaux Humane Society International - Europe, la compagnie aérienne qui comptabilise une vingtaine de bases en Europe dont neuf en France, a annoncé en début de mois avoir introduit « une interdiction complète du transport des trophées de chasse », ainsi que des « produits d’origine animale qui résultent de la chasse, y compris des parties d’animaux », indiquent les nouvelles conditions de transport dans la section « Restrictions dans les bagages ».

Cette nouvelle politique s’applique aussi bien aux bagages à main qu’aux bagages enregistrés en soute, précise également Volotea, devenue la première compagnie aérienne espagnole à imposer cette restriction.

120 villes concernées par la restriction sur les vols Volotea

La compagnie l’explique dans ses conditions, « cette politique vise à protéger la faune de l'extinction et des dommages directs, reflétant l'engagement de Volotea à minimiser l'impact environnemental et sa dévotion à des pratiques responsables ».

Il faut dire que l’industrie du transport joue un rôle important dans la lutte contre celle de la chasse aux trophées, une pratique qui constitue « une grave menace pour de nombreuses espèces en péril, dont certaines sont au bord de l’extinction » rappelle la compagnie sur LinkedIn. Au travers de cette nouvelle politique, Volotea vise ainsi à contribuer à enrayer ce fléau, à l’instar d’autres compagnie aériennes telles que Delta, American Airlines et Air Canada, qui ont instauré cette restriction quelques temps après la mort du lion Cécil au Zimbabwe, abattu et dépecé par un dentiste américain.

Au total, plus de 120 destinations dans les pays que dessert la compagnie (dont la France, la Sardaigne, l’Allemagne ou encore l’Autriche) et plusieurs milliers d’itinéraires, dont près de 340 dans l’Hexagone, se voient désormais interdire le transport de trophées de chasse.

Rien qu’en France, entre 2014 et 2018, 752 trophées de 36 espèces protégées ont été importés sur le territoire, dont des espèces figurant sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme l’éléphant d’Afrique, le rhinocéros noir et le guépard. À date, l’Hexagone se positionne comme le second exportateur de trophées en Europe, soit 19 % du total des exportations, pointe La Fondation Droit Animal éthique et sciences.

Une proposition de loi en stand-by en France

Mais alors que fait la France pour faire basculer cette triste statistique ? En 2021 déjà, l’Hexagone, alors sixième pays de l’EU le plus exportateur de trophées de chasse à ce moment-là, avait été exhortée par Humane Society International - Europe d’interdire l’importation de trophées d’espèces protégées au niveau international, et non plus seulement les trophées de lions, comme décidé en 2015 par Ségolène Royal, alors ministre de l’Écologie, après l’affaire du lion Cécil. La France a d’ailleurs été le premier pays européen à prononcer une telle décision.

Ce n’est que deux ans plus tard, en mai 2023, qu’une proposition de loi visant à l’arrêt de l’émission de permis d’importation de trophées de chasse de certaines espèces menacées avait été présentée au Sénat, qui intégrerait le Code de l’environnement.

Le mois suivant, 113 députés avaient voté pour le sous-amendement de la députée Sandra Regol afin d’interdire l’importation des trophées de chasse d’espèces protégées, la même députée qui, le 21 novembre 2023, avait déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à interdire à la fois l’importation, l’exportation et la réexportation de ces trophées de chasse d’une large partie des espèces protégées. Parmi les espèces concernées (mentionnées en annexe du règlement européen sur la CITES, traité international visant à protéger les espèces menacées d’extinction), la girafe, l’hippopotame, le cygne à col noir, le belette de Sibérie et l’ours blanc.

Mais alors que l’examen de cette proposition semblait bien engagé, le processus législatif s’est brusquement interrompu, menaçant l’avenir du texte, au grand dam des parlementaires mobilisés sur le projet et associations qui militent pour faire cesser « cette souffrance animale », selon les dires de l’organisation Convergence animaux politique (CAP), qui a d’ailleurs lancé une pétition pour qu’un vote au parlement en faveur de cette loi ait bien lieu. Le 30 janvier, Le Monde a publié une tribune d’un collectif d’associations et de scientifiques appelant à ce que la France suive l’exemple des Pays-Bas, de la Finlande ou de la Belgique qui ont déjà respectivement adopté des mesures similaires en 2016, 2023 et 2024. Un chose est sûre, le dossier n’est pas clos.

Allison Vaslin

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