Le développement d'un vaccin n'est que la moitié du problème. Le plus
grand défi sera la distribution de 16 milliards de doses de vaccin à une
échelle inimaginable (l'équivalent de 8 000 vols tout-cargo de Boeing
747). L'aviation jouera un rôle important dans ce défi à l’échelle internationale.
Selon l'IATA, il s'agira du plus grand transport aérien d'une seule marchandise
jamais réalisé.
Plus de la moitié des doses de vaccins dans le monde devraient être
transportée par fret aérien, ne serait-ce qu'en raison de sa rapidité et de sa fiabilité.
La pandémie a causé des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement
pharmaceutique en raison des problèmes de capacité du fret aérien résultant du
verrouillage et de la suspension des vols de passagers.
Dès aujourd’hui, certaines organisations prennent des mesures pour
s'assurer que les meilleures dispositions logistiques soient mises en place
avant la certification des vaccins et leurs expéditions.
Toutefois, le défi est gigantesque et le rôle des autorités mondiales
dans le processus de coordination n’est toujours pas complètement défini.
La production du vaccin devrait commencer d'ici la fin de l'année et
atteindre son maximum au deuxième trimestre 2021. Les aéroports doivent
commencer à évaluer comment ils pourraient participer à cet exercice de
« distribution colossale ».
Une surveillance constante
Afin de renforcer la sécurité dans les aéroports des infrastructures
telles que : des clôtures de sécurité, un accès restreint aux zones
pharmaceutiques, une couverture 24h/24h et 7 jours sur 7 via la surveillance
vidéo en circuit fermé et des systèmes d'alarme anti-intrusion, devraient être
mises en place.
Outre la sécurité, les exigences en matière de température pour le
transport du vaccin sont d'une importance capitale. L’aviation est expérimentée
dans le transport de vaccins maintenus à une température entre
2°C et 8°C, cependant, les doses de vaccins nécessitent un autre niveau de refroidissement
- aussi bas que -80°C.
Il faut veiller à la préparation de la capacité de manutention des produits
pharmaceutiques et élaborer des plans pour l’augmenter en cas de besoin. Selon
le Programme alimentaire mondial, dans les aéroports internationaux il existe
12 installations de manutention pharmaceutique à température contrôlée -
Amsterdam, Barcelone, Bruxelles, Le Cap, Copenhague, Francfort, Johannesburg,
Londres, Madrid, Miami, New York JFK et Paris CDG.
Les capacités de ces installations comprennent par exemple la
possibilité de gérer des expéditions nécessitant le stockage à température
différente, la surveillance en temps réel de la température et des alarmes, des
capacités complètes de suivi et de localisation, et la manutention active de
conteneurs à température contrôlée. Comme d'autres aéroports envisagent leur
avenir commercial après COVID-19, les installations de manutention des produits
pharmaceutiques devraient inévitablement figurer sur leur liste de priorités.
Trop d'obstacles
Pour assurer la livraison rapide des vaccins, nous avons besoin de
l'aide des compagnies aériennes. Toutefois, un autre défi majeur nous attend :
le système anachronique de gestion des compagnies aériennes.
Il est évident que les obstacles règlementaires et les barrières
commerciales, souvent absurdes, mises en place par les gouvernements,
constituent l'une des principales faiblesses de l'aviation.
C'est pourquoi les mesures suivantes devraient être prises par les
gouvernements avant le passage à l’acte :
L'ensemble du secteur de l'aviation jouera sans aucun doute un rôle
important dans la vaste campagne mondiale visant à éradiquer le virus COVID-19.
Il doit donc prendre conscience des défis logistiques qui l'attendent lorsque
les vaccins seront prêts à être distribués avec qualité et fiabilité. La
distribution du vaccin va faire passer l'ensemble de l'industrie aéronautique à
un tout autre niveau.
Linus Bauer,
Managing
Director at Bauer Aviation Advisory,
Conférencier
sur le transport aérien à la « City University of London »