JUSTICE

Le Conseil d’État maintient le blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie

Le Conseil d’État maintient le blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie
Publié le 24/05/2024 à 17:26

L’institution a considéré que la situation d’urgence n’était pas caractérisée. La demande de transmission d’une question prioritaire de constitutionnalité sur une disposition de l’état d’urgence au Conseil constitutionnel a également été rejetée.

TikTok restera inaccessible en Nouvelle-Calédonie. Ainsi en a décidé le Conseil d’État jeudi 23 mai. La plus haute juridiction administrative a rejeté les quatre requêtes en référé-liberté déposées notamment par l’association La Quadrature du net et la Ligue des droits de l’homme, qui demandaient la suspension de ce blocage intervenu le 14 mai dernier. Selon elles, il existait une urgence car « la décision porte une atteinte particulièrement grave et disproportionnée à des libertés fondamentales », en l’occurrence les libertés d’expression et de communication.

Elles considéraient également que la théorie des circonstances exceptionnelles, arguée par le gouvernement pour justifier cette interdiction, « ne peut sérieusement être regardée comme prévue » par la Convention européenne des droits de l’homme. La Ligue des droits de l’homme relevait également que l’État n’a pas préalablement demandé au réseau social de supprimer les contenus incitant à la violence, et assurait que TikTok « ne présente pas plus de risques que les autres réseaux sociaux », allant même jusqu’à fustiger une mesure « contre-productive, car depuis la suspension de TikTok les contenus qui peuvent néanmoins être diffusés se sont radicalisés ».

En défense, les services du Premier ministre avaient assuré au Conseil d’État que la condition d’urgence n’était pas satisfaite et indiqué que la mesure d’interdiction serait levée dès la fin des émeutes en cours en Nouvelle-Calédonie.

« L’atteinte à une liberté fondamentale ne saurait suffire pour caractériser une situation d’urgence »

Un propos qui a visiblement convaincu la juridiction qui, dans son ordonnance, a noté que les requérants « n’apportent aucun élément permettant de caractériser l’urgence à l’intervention du juge des référés ». Ce dernier a remis cette interdiction dans un contexte de « très graves troubles à l’ordre public et d’affrontements très violents du fait de personnes armées » ayant abouti à la déclaration de l’état d’urgence dans la collectivité d’outre-mer. Et de poursuivre en expliquant que « l’atteinte à une liberté fondamentale ne saurait suffire pour caractériser une situation d’urgence ».

Le juge a par ailleurs nuancé cette atteinte supposée en rappelant que « l’ensemble des autres réseaux sociaux et moyens de communication, la presse, les télévisions et radios ne sont en rien affectés ». L’institution relaie également la parole du gouvernement qui lui a fait savoir que « le blocage de ce réseau social a contribué à la baisse des tensions ».

Le Conseil d’État a également rejeté la demande des associations de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité au sujet de la disposition insérée dans la loi en 2015 qui permet, dans le cadre de l’état d’urgence, d’interrompre un service de communication en ligne « provoquant à la commission d’actes de terrorisme ou en faisant l’apologie ».

Alexis Duvauchelle

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