ÉCONOMIE

Le marché immobilier en Île-de-France sur le déclin

Le marché immobilier en Île-de-France sur le déclin
Publié le 03/12/2024 à 11:49

La fin de l’année marque l’heure des bilans, et celui de l’immobilier francilien est loin d’être positif. Dans un contexte économique plus qu’incertain, le marché immobilier francilien laisse planer le doute sur l’éventualité d’un retournement de la courbe en 2025.

Alors que durant l’année 2023, le secteur s’enfonçait peu à peu dans la crise, l’année 2024 a accru les préoccupations des professionnels du marché, mais également des particuliers. Les vendeurs et les acquéreurs espèrent une éclaircie. Les notaires du Grand Paris ont présenté leur dernière note sur la conjoncture immobilière fin novembre, avec une analyse détaillée et un état des lieux précis de l’évolution des prix, des transactions et des dynamiques.

« Seulement 75 000 ventes d’appartements franciliens en 12 mois »

L’année 2024 est marquée par une baisse considérable du nombre de ventes immobilières. Plusieurs raisons expliquent cette chute sur les transactions : la conjoncture économique, la hausse des taux d’intérêts des prêts immobiliers, des acquéreurs de moins en moins solvables, et des conditions de plus en plus strictes pour l’octroi d’un prêt bancaire. Aux difficultés de financement, s’ajoutent les incertitudes urbanistiques. Elles plongent les acquéreurs dans un climat d’inquiétude, qui érode leurs ambitions de concrétiser des projets immobiliers.

Élodie Frémont, notaire à Paris et présidente de la commission statistiques immobilières des notaires du grand Paris, annonce que l’Ile-de-France compte « seulement 75 000 ventes d’appartements en Île-de-France en 12 mois ». La régression de volume de la demande immobilière dans la région s’explique principalement par les problèmes des acquéreurs à obtenir le soutien d’une banque. Le marché immobilier francilien sombre peu à peu, avec une baisse moyenne de 10,3% des prix au mètre carré.

À Paris, les 12e et 19e arrondissements sont les plus touchés par ce recul du prix du mètre carré (-7,7% et -7,6%). Tandis que les 7e et 9e arrondissements ne connaissent eux, qu’une faible baisse des prix (-0,6% et 2,7%). Ce sont en effet, les quartiers les moins chers de Paris qui affichent les baisses de prix les plus conséquentes sur les douze derniers mois. Les notaires du Grand Paris prévoient un ralentissement en 2025 du phénomène qui concerne tant les appartements que les maisons en Île-de-France.

Du côté des établissements bancaires, les conditions d’octroi des prêts immobiliers semblent s’assouplir. Élodie Frémont note que la façon d’aborder les dossiers est désormais plus favorable, avec un nombre en diminution des refus aux demandes de financement des acheteurs auprès de leurs banques. Toutefois, les acquéreurs ne doivent pas s’attendre à retrouver les taux d’intérêts qui étaient accordés en 2022 (autour de 1%). La notaire précise qu'entre « janvier 2022 et janvier 2025, la mensualité a augmenté de 8,7% pour les appartements et de 10,5% pour les maisons. Par exemple, si vous pouviez acheter un appartement de 65 mètres carrés en janvier 2022, pour le même coût d'emprunt total et compte tenu de l'évolution des taux d'intérêts, vous pourriez acheter 59,8 mètres carrés en janvier 2025. Et si vous pouviez acheter une maison de 100 mètres carrés en janvier 2022, vous pourriez acheter 90,5 mètres carrés en janvier 2025. » Fin 2024, le taux d’intérêt moyen pour un prêt immobilier en Île-de-France tourne autour de 3,8 % et 4,2 %, selon la durée du prêt et le profil de l'emprunteur.

La crise est encore plus forte pour l’immobilier de bureau

Du côté de l’immobilier de bureau, la crise est encore plus sévère avec un taux de vacances en forte croissance depuis 2019. Christian De Kerangal, directeur général de l’IEIF (Institut de l’épargne immobilière et foncière) explique cette crise par les difficultés des entreprises à se refinancer. « Les entreprises ont besoin de moins de bureaux et rationalisent leur occupation de bureaux », précise le directeur. La généralisation du télétravail dans les entreprises et le ralentissement de la tertiarisation de l’emploi en Île-de-France sont les causes principales de la réduction de la surface prise dans l’immobilier de bureau. On estime qu'en moyenne, 2,5 jours de télétravail par semaine entraînent une augmentation annuelle de 0,8 % du taux de vacances des bureaux, affectant environ 448 200 mètres carrés de surfaces de bureaux.

Pour contrer la crise, le directeur général de l’IEIF avance des pistes d’amélioration comme proposer des bureaux plus qualitatifs et plus attractifs. « La qualité de vie au travail est aujourd’hui centrale […] les quartiers monofonctionnels n’attirent plus ». Redynamiser le marché est donc une nécessité pour éviter une vacance trop longue des immeubles qui risquent à terme d’être la cible de squatteurs. Christian De Kerangal l’affirme, la baisse des loyers des bureaux est principalement due à la baisse de la demande : « Les loyers baissent, on enregistre plus de 30 % de remise sur les prix des loyers en périphérie ouest de Paris ».

Du point de vue économique, on peut espérer une stabilisation de la crise de l’immobilier de bureau dans les mois à venir, selon le directeur. « Après une hausse historiquement rapide, les taux directeurs commencent à baisser ».

Mélanie Pautrel

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