L’étude menée par la Banque
de France, co-présentée avec la CCI Paris Île-de-France lundi 10 février,
révèle
un record de créations d’entreprises en Île-de-France. Une dynamique tempérée
par l’augmentation des défaillances d’entreprises et les défis auxquels les
exportateurs font face, dans un contexte international incertain.
Lundi 10 février 2025, la
Banque de France et la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris
Île-de-France ont tenu leur conférence conjointe annuelle sur le paysage
économique régional. À cette occasion, une enquête menée par la Banque de
France auprès de 3 700 chefs d’entreprise d’Île-de-France a été présentée.
Elle révèle que bien que
l’économie francilienne ait poursuivi sa croissance en 2024, celle-ci a connu
un ralentissement par rapport à 2023, en raison d’un contexte incertain, d’une
consommation toujours faible malgré le recul de l’inflation et d’une crise
persistante dans le secteur immobilier.
« En tant que premier
réseau d'accompagnement de l'économie réelle, nous sommes très attentifs au
quotidien des entreprises et des commerces du territoire francilien. Nous les
soutenons et les aidons à adapter leurs stratégies. Malgré un contexte national
et international incertain, notre étude montre que la croissance doit désormais
se chercher à l’export », a souligné Dominique Restino, président de la CCI
de Paris Île-de-France.
15 828 défaillances
d’entreprises
L’étude révèle un record de
créations d’entreprises en Île-de-France, avec 312 543 nouvelles
immatriculations en 2024, soit le niveau le plus élevé des cinq dernières
années. Ce chiffre dépasse largement le précédent record de 296 054 enregistré
l’année passée et s’explique en grande partie par la hausse des
micro-entreprises, dont le nombre a progressé de 6,5 %.
Cependant, cette dynamique
est tempérée par l’augmentation continue des défaillances d’entreprises. En
effet, en décembre 2019, 11 346 entreprises étaient en situation de
défaillance. Après une baisse significative liée à la pandémie, avec un creux
de 8 767 en novembre 2022, le phénomène s’est inversé. En novembre 2023, 11 892
défaillances ont été enregistrées, soit une hausse de 35,6 %, pour atteindre 12
303 en fin d’année. En 2024, un nouveau record a été franchi, avec 15 828
défaillances estimées en décembre, un niveau inédit. Les secteurs les plus
touchés sont ceux du transport et l’entreposage (41 % des défaillances), suivis
de très près par les activités immobilières (39 %) et de la construction (38
%).
L’industrie, un secteur qui
stagne
Autre information, l’industrie
a stagné en 2024, avec un chiffre d’affaires en légère hausse de 0,2 %, mais
une activité en recul de 1,9 % en volume, une fois l’inflation prise en compte.
Les investissements ont ralenti, freinés par les nombreuses incertitudes
économiques récentes liées au contexte international mais également la
situation politique française. Néanmoins, les services marchands ont mieux
résisté, enregistrant une croissance de 4,1 %, bien que moins marquée qu’en
2023, notamment dans l’hébergement-restauration et les activités juridiques,
comptables et de conseil. Mais au global, un plus grand nombre d’entreprises de
ce secteur ont constaté une baisse de leur rentabilité. La construction, pour
sa part, a subi une contraction due à la crise du logement neuf.
Peu de changements sont
attendus en 2025, bien qu’une amélioration soit espérée dans l’industrie.
L’activité des services marchands devrait poursuivre sa progression au même
rythme qu’en 2024. La construction devrait se stabiliser, tandis que
l’industrie pourrait connaître un léger rebond, porté par les équipements
électriques, électroniques et autres machines. Les industriels anticipent aussi
une reprise des investissements, avec une rentabilité dans les services qui
devrait s’améliorer.
L’étude se penche également
sur les exportations franciliennes. Les produits de la construction
aéronautique et spatiale dominent avec 11 % des exportations, suivis par la
construction automobile (10 %) et enfin le cuir, les bagages et les chaussures
(9 %). L’Allemagne est le premier pays destinataire (18 %), devant l’Italie et les
États-Unis (15 % chacun).
« La montée possible du
protectionnisme crée de l’incertitude »
Enfin, toujours sur ce volet
de l’export, une seconde enquête, celle du CROCIS, observatoire économique de
la CCI Paris Ile-de-France, menée auprès de 515 PME franciliennes, a dressé un état des lieux des entreprises exportatrices en Île-de-France
et des obstacles qu’elles rencontrent. Si 45
% des entreprises interrogées n’ont aucun chiffre d’affaires à l’export, 16 %
expriment le souhait de se tourner vers l’international.
Parmi celles qui exportent,
cette activité représente moins du quart de leur chiffre d’affaires. En cause,
les freins à l’export, relativement nombreux : 74 % des PME signalent des
difficultés, principalement liées aux réglementations douanières. Par ailleurs,
70 % des sociétés expriment un besoin d’accompagnement, notamment en matière de
conformité réglementaire et d’information sur les marchés étrangers.
Autre élément loin d’être
anodin : le contexte international, qui pèse considérablement sur
l’activité. La majorité des entreprises estiment en effet que ce dernier a un
impact négatif, l’incertitude économique étant la première source de
préoccupation.
Pour 2025, les défis
identifiés concernent la hausse du prix des matières premières, le
ralentissement de certains marchés et la compétitivité française. Malgré ces
tensions, Alain Gerbier, directeur régional Île-de-France de la Banque de
France, se veut rassurant : « La montée possible du protectionnisme crée de
l’incertitude, mais l’économie francilienne tient, et
la bataille contre l’inflation est gagnée. »
Romain
Tardino