JUSTICE

L’UJA de Marseille s’indigne des propos d’une vice-présidente du TJ insinuant une collusion entre avocats et narcotrafiquants

L’UJA de Marseille s’indigne des propos d’une vice-présidente du TJ insinuant une collusion entre avocats et narcotrafiquants
L'association a dénoncé « une attaque grave » contre la profession. iStock.com/Richard Villalonun
Publié le 07/03/2024 à 18:12

Lors d’une audition au Sénat sur le sujet du narcotrafic mardi 5 mars, Isabelle Couderc avait notamment déploré « la remise en cause permanente et dilatoire des actes accomplis par une certaine défense qui n’est pas constructive », suscitant la colère de l’association représentative des jeunes avocats de la cité phocéenne.

L’Union des jeunes avocats (UJA) de Marseille a répondu, dans un communiqué publié ce jeudi 7 mars, aux propos d’Isabelle Couderc, vice-présidente du tribunal judiciaire de Marseille chargée de l’instruction à la JIRS Criminalité organisée.

Auditionnée mardi 5 mars par la commission d’enquête sénatoriale sur l’impact du narcotrafic en France, Isabelle Couderc avait eu l’occasion de lancer plusieurs charges à l’encontre des avocats.

Après avoir assuré que Marseille était « la seule ville de France gangrenée à ce point par le trafic de drogue », la magistrate avait relevé « la grande aisance financière de ces délinquants du haut du spectre […] lorsqu’ils apparaissent en capacité de rémunérer plusieurs avocats, et non des moindres, pour leur défense ».

Isabelle Couderc avait en ce sens dénoncé « la remise en cause permanente et dilatoire des actes accomplis par une certaine défense qui n’est pas constructive ». Selon elle, « les délinquants paient très cher une défense qui ne va pas se battre sur le fond du dossier, – et pour cause, il est souvent accablant –, mais sur la procédure, avec en ligne de mire la détention, en multipliant des remises en cause systématiques de certains actes d’enquête, ou bien utilisent carrément des stratagèmes pour au final obtenir des remises en liberté des délinquants ».

La vice-présidente avait également regretté la mise en ligne, en 2021 par deux avocats au barreau de Paris, du site nullitator.fr, ayant pour vocation de recenser « les motifs de nullité qui fonctionnent », selon le site internet.

« Actuellement, nous assistons à une grave remise en cause de notre fonction. Les plaintes déposées par les avocats à l’encontre des juges d’instruction traitant de cette matière dans le but de les déstabiliser ne sont plus un phénomène rare », avait-elle affirmé.

« Ces déclarations minent la confiance en notre profession »

Piquée au vif, l’UJA de Marseille a déploré « le rapprochement effectué par Madame Couderc entre les honoraires de nos confrères et le narcobanditisme, car il induit une relation insupportable entre eux ». L’association a dénoncé une « comparaison qui constitue une attaque grave contre notre profession et son indépendance, dénotant une méconnaissance du rôle essentiel des avocats dans le système judiciaire et remettant en question leur intégrité professionnelle ».

Sur le point de l’attaque des avocats sur les aspects procéduraux plutôt que sur la défense sur le fond des affaires, l’UJA de Marseille a considéré cet argument comme « une menace sérieuse pour les droits et les libertés fondamentales de tout justiciable, y compris le droit à un procès équitable et les droits de la défense ».

L’association a également rappelé « l’engagement des avocats à garantir l’accès à une justice équitable pour tous les individus, quel que soit leur statut ou leurs circonstances », regrettant en ce sens des déclarations qui « minent la confiance en notre profession ainsi que dans le respect des droits fondamentaux de chaque individu devant la justice ».

Et l’UJA de contre-attaquer, indiquant que la formulation de telles critiques envers les avocats « semble être une manière de détourner l’attention des déficiences de l’État dans ce domaine ». « Plutôt que de pointer du doigt les avocats, il est impératif que les autorités s’attaquent de front aux véritables lacunes et dysfonctionnements qui entravent l’efficacité de la lutte contre le narcotrafic », a également estimé l’UJA, proposant notamment de renforcer l’éducation et la prévention. L’association a par ailleurs appelé à « un débat responsable et respectueux entre les autorités et les acteurs de l’institution judiciaire ».

Alexis Duvauchelle

1 commentaire
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SCHOONHEERE G
- il y a 2 mois
Bonjour Madame la Juge COUDERC Isabelle ,
Engagé pour les usurpations de la Sociète CORUM ,rue Euler à Paris ..J aimerais connaître la suite de ces quantités d usurpations non élucidés depuis juin 2021 ? Les brigades financières sont a ce point incompétentes sur les IBAN de chez Olinda/Qonto fourni par des usurpateurs de cette société abusée ???
Bien à vous
UJA

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