ÉCONOMIE

Renault au carrefour des technologies du futur et des usines historiques

Renault au carrefour des technologies du futur et des usines historiques
Publié le 20/02/2025 à 20:00

Le groupe Renault, acteur incontournable de l'industrie automobile, fait face à des défis majeurs en 2025 dans un contexte de transition énergétique, de compétition mondiale accrue et de délocalisation des productions. Le constructeur français doit mettre en œuvre de nouveaux sites de production, trouver des solutions de reclassement pour les employés des anciens. Il doit aussi se plier aux demandes de l’UE et à leur calendrier bref. Tout cela en restant compétitif.

Renault est soumis à une pression croissante venant particulièrement des constructeurs chinois, qui proposent des véhicules électriques à des prix compétitifs. En réaction, le constructeur français réduit ses coûts tout en maintenant un niveau de qualité élevé. « On a passé beaucoup de temps en Chine pour comprendre comment ils ont fait », soulignait le directeur général Luca De Meo lors de son audition devant l’Assemblée nationale, début février.

Le groupe a, par exemple, lancé la coentreprise Horse avec le géant automobile Geely pour produire et vendre des moteurs destinés aux voitures thermiques et hybrides. Geely participe également à la conception avec les équipes de Renault de la future Twingo électrique, l’une des quinze voitures françaises les plus vendues avec 17.350 ventes en 2024 pour la Twingo 3, commercialisée en version électrique depuis 2020.

L'Union européenne exige le respect de normes environnementales strictes, obligeant Renault à accélérer sa conversion aux motorisations électriques. Cette transition à marche forcée entraine des investissements colossaux pour l’approvisionnement en batteries – tel le projet mené par la société Vektor à Dunkerque – et dans les nouvelles technologies. Ces efforts financiers pèsent sur la rentabilité du groupe. Le directeur général déplore le calendrier imposé qui ne tient pas compte des réalités industrielles : « C’est vous qui l’avez voté, c’est l’Europe, pour qu’en 2035, on arrête les moteurs thermiques. » Comment se passera la suite ? Selon Luca De Meo : « On arrive à dix ans de l’échéance et on se rend compte que c’est dur. Alors même s’il faut continuer la trajectoire, peut-être que ça ne sera que 80 ou 70 % des voitures. » Pour cette mutation des fabricants, les fluctuations ou les hausses des prix des matières premières comme le lithium et le nickel compliquent la production locale de véhicules électriques abordables.

A propos de la délocalisation, le directeur général estime qu’on « construit le futur jour après jour. Nos entreprises doivent rayonner sinon on va faire comme les Américains qui se sont enfermés et qui ne produisent plus que des gros 4X4. Il faut aller à la compétition, ça stimule.» Dans une Europe en perte « de compétitivité », Renault « s’engage à faire du patriotisme économique », car selon les chiffres, le continent a perdu « 20 millions de voitures en 4/5 ans ».

Quid des anciennes usines aujourd’hui sans commande ?

Les députés s’interrogent sur la Fonderie de Bretagne, créée par Renault en 1966 et placée en redressement judiciaire en janvier 2025. Cette usine française au cœur de négociations de ventes pendant un temps a risqué de fermer faute de clients avant de reprendre une activité début février. Luca De Meo explique que le site « a perdu 50% du marché national de production automobile que Renault a essayé d’essuyer pendant quinze ans ». Il justifie la position prise par la régie dans les accords en négociation autour de la fonderie de Bretagne : « On a respecté tous nos engagements depuis 2022 à la Fonderie de Bretagne.» Le directeur général de Renault a annoncé offrir un autre poste aux licenciés. « La Fonderie et Renault, c’est une longue histoire. On a mis 35 millions pour la soutenir et 14 millions de l’État. » Dans cette démarche menant à la fin des voitures thermiques, le dirigeant affirme qu’une « personne sur deux de la filière devra changer de métier. On va avoir besoin de reconversion. »

« On n'a abandonné aucune usine dans le monde. Je trouve injuste de prendre l’exemple de la Fonderie de Bretagne pour représenter le désengagement de Renault par rapport à la France », s’insurge Luca De Meo. Il rappelle d’ailleurs avoir investi « 14 milliards d’euros » dans l’hexagone. Le constructeur cherche à renforcer son ancrage national avec des investissements dans les usines comme à Sandouville pour la production de véhicules électriques et de batteries d'ici à 2026 – une information communiquée en mars 2024. L'objectif est de développer une industrie plus autonome, c’est-à-dire moins dépendante des importations asiatiques. « On baissera les coûts, mais on va surtout voir quelle technologie va gagner entre l’électrique et l’hydrogène», conclue Luca De Meo.

Tessa Biscarrat

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