Les mairies ont encore le pouvoir sur le levier
de la taxe foncière : certaines préfèrent l’actionner pour soutenir leur
budget malmené par l’inflation, d’autres s’y refusent. Conséquence, en fonction
des élus du territoire, les administrés subissent une fiscalité variable.
Cette
année, les propriétaires fonciers de propriétés bâties ou non bâties ne seront
globalement pas épargnés par la flambée de leurs impôts locaux.
Pour
rappel, le calcul de l’imposition foncière ne se base pas uniquement sur la
valeur locative cadastrale des biens. Il est aussi soumis à l’application d’un
taux voté par les représentants des collectivités territoriales, dont les
budgets sont bouleversés par le contexte économique actuel.
En
2023, la taxe foncière augmente dans toutes les villes de plus de 40 000
habitants. Sans surprise, pas de baisse prévue pour les communes franciliennes,
victimes comme partout ailleurs en France de la revalorisation des valeurs
cadastrales due au contexte inflationniste, mais aussi à la suppression de la
taxe d'habitation. Au mieux, certaines communes ont décidé de ne pas augmenter
leur taux, comme c'est le cas à Saint-Denis, Montreuil, Boulogne-Billancourt ou
encore Argenteuil, Vincennes et Versailles.
Paris,
pointée du doigt pour sa forte augmentation
Avec
une hausse totale d’environ 62 %, soit 51,9 % pour le taux et 7,1 % pour sa
valeur locative cadastrale, Paris est cette année la ville où les impôts
fonciers augmentent le plus. À noter toutefois que la capitale est suivie de
près par d’autres grandes villes françaises où le taux d'imposition foncière a fait
un bond, comme Meudon (44,7%), Grenoble (33,2 %), ou encore Bobigny (26,9%).
Face
à l'inflation et sans perdre la volonté de maintenir le confort de vie de ses
habitants, la municipalité de la capitale fait le choix, comme l'a indiqué Anne
Hidalgo, de « continuer à investir dans le logement, dans la transition
écologique, dans l'entretien et la modernisation [du] patrimoine ».
Meudon,
une ville impactée par l'inflation
Comme
toutes les communes françaises, Meudon est confrontée cette année à une
augmentation massive de son budget : énergie (+73%), restauration collective (+5,5%),
papier (+20%), etc. En conséquence, les services municipaux se sont fixé pour
objectif une économie globale de 10 % pour pallier l’inflation qui grève les
finances locales.
Historiquement
connue pour son faible taux d'impôt foncier, la ville a dû trouver un nouvel
équilibre fiscal, d'où la hausse d’impôts fonciers, rendue d'autant plus
nécessaire après la suppression de la taxe d'habitation. À l'image de Paris,
Meudon a décidé de poursuivre la transition énergétique de son parc immobilier,
résidentiel et tertiaire, et de voter un budget d'investissement de plus de 36
millions d'euros prélevés sur un budget total de 121 millions d'euros.
Ces
villes de la région Île-de-France en haut du tableau
Paris
et Meudon sont loin d'être les seules à connaître cette situation. Détrônant
Bagnolet, détentrice du record d'augmentation en 2022, Bobigny se place cette
année en tête des villes de Seine-Saint-Denis les plus taxées, malgré une
pétition lancée en début d’année par plus de 200 Balbyniens, réclamant la
suppression de la décision du conseil municipal.
Les
communes de Livry-Gargan, Courbevoie et Issy-les-Moulineaux accusent quant à
elles une augmentation de plus de 20 %, suivies de près par Corbeil-Essonnes. L'augmentation
dans les communes de Noisy-le-Sec, Antony et Nanterre se situe aux alentours
des 12 %, un taux à peine plus élevé qu'à Cergy, Maisons-Alfort ou Drancy.
Inflation,
explosion du coût de l'énergie, suppression de la taxe d'habitation pour les
résidences principales uniquement, la taxe foncière apparait comme l’ultime
ressource modifiable par les collectivités. Mais sa hausse fait grincer des
dents la majorité des propriétaires franciliens.
Laure
Declercq Delpierre