ACTUALITÉ ÎLE-DE-FRANCE

(91) Le Défenseur des droits dénonce un cas de discrimination à l’égard de deux salariés du Leroy Merlin de Sainte-Geneviève-des-Bois

(91) Le Défenseur des droits dénonce un cas de discrimination à l’égard de deux salariés du Leroy Merlin de Sainte-Geneviève-des-Bois
Publié le 12/09/2023 à 12:41

Au terme d’une enquête faisant état d’une discrimination en lien avec la situation familiale de ces salariés, le Défenseur des droits avait adressé l’an dernier à la société une série de recommandations. Faute de suite donnée à son injonction, l’AAI vient de rendre public son rapport.

Après sa dernière injonction adressée à la société Leroy-Merlin et restée « sans réponse satisfaisante », le Défenseur des droits vient de passer à la vitesse supérieure. L’autorité administrative indépendante (AAI) a décidé de publier ce mardi son rapport spécial - établi en l’absence de suivi de ses recommandations - au Journal Officiel de la République Française, et de le médiatiser de manière non anonyme, comme la loi le permet.

Dans ce document, elle précise avec été saisie d’une réclamation de la part de deux salariés d’un magasin de l’enseigne situé à Sainte-Geneviève-des-Bois, relative à des « difficultés rencontrées dans le cadre de leur emploi ».

Ces deux personnes, embauchées depuis 2018 et 2021 comme hôtes service clients, avaient vu leurs plannings modifiés dès lors que le magasin avait eu connaissance de l’existence de leur vie de couple. Leurs emplois du temps avaient soudainement été établis en décalé sans qu’ils ne puissent plus travailler ensemble, et « de telle manière à ce qu’ils n’aient jamais un jour de repos en commun ». 

Leroy Merlin n’a pas démontré « une atteinte au bon fonctionnement » du magasin

Interrogée par le Défenseur des droits, la société n’avait pas contesté le fait que la situation de famille du couple ait été à l’origine du changement de leur planning. La direction du magasin avait ainsi indiqué avoir fait application d’usages et pratiques internes : « les collaborateurs, notamment en charge de procédure d’encaissement, qui ont un lien de parenté ou qui sont en couple, ne peuvent pas travailler ensemble au service client, cela pouvant entraîner un manque de contre-pouvoir », révèle le communiqué de presse qui accompagne ce rapport.

Cependant, le Défenseur des droits avait considéré qu’une telle pratique avait eu pour effet d’opérer une distinction entre ces salariés sur le fondement de leur situation de famille. L’AAI avait notamment estimé que Leroy Merlin ne démontrait pas que le fait que ce couple travaille ensemble portait atteinte au bon fonctionnement de l’établissement, et n’apportait donc « pas de justification à cette restriction » apportée à leur vie privée et familiale.

L’AAI avait donc adressé en novembre 2022 à la société sa décision, dans laquelle elle lui recommandait de se rapprocher des réclamants afin de procéder à une juste réparation de leur préjudice, de modifier ses pratiques en matière de planification des horaires de travail de ses salariés afin de respecter le principe de non-discrimination, de sensibiliser l’ensemble des responsables à la non-discrimination, et de rendre compte des suites données à cette recommandation dans un délai de trois mois.

Si Leroy Merlin avait contesté le caractère discriminatoire de cette pratique et n’avait pas souhaité donné suite à ces recommandations, désormais, la médiatisation de cette affaire changera peut-être la donne. Le 19 avril, dans l'émission Quotidien, la Défenseure des droits Claire Hédon avait déjà menacé de rendre public son rapport. Voilà en tout cas désormais chose faite. 

 

0 commentaire
Poster