Justice

« Féminisation ne veut pas dire parité » : dans la magistrature, les femmes peinent toujours à s'imposer


vendredi 28 mars20 min
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L’égalité des sexes dans la magistrature en 2025 : où en est-on vraiment ? À l’occasion de la journée internationale des femmes juges, célébrée en ce mois de mars, le Journal Spécial des Sociétés s’est plongé au cœur du système judiciaire pour interroger les magistrates et sonder la profession. Entre féminisation fulgurante, avancées symboliques et inégalités persistantes, l’heure est au bilan. Enquête.

Chaque année, la question refait surface dans les tribunaux. Elle agite les prétoires, interroge les robes noires, mais reste en suspens. La magistrature se conjugue-t-elle enfin au féminin ? Pas si simple d’y répondre. Pour Anne Kostomaroff, procureure générale de Lyon, tout dépend du prisme à travers lequel on regarde. « D’un côté, la profession s’est largement féminisée, passant d’une représentation restreinte des femmes à une majorité écrasante. C’est une évolution significative et formidable ». Verre à moitié plein. « De l’autre, elles restent très sous-représentées au plus haut niveau de la hiérarchie ». Verre à moitié vide.

En effet, il aura fallu attendre 1946 pour que la magistrature ouvre enfin ses portes à la gent féminine. Depuis, le paysage judiciaire s’est métamorphosé. Les enjeux et rapports de force aussi. Déjà, dans les années 2000, elles représentaient la moitié du corps professionnel. Deux décennies plus tard, elles grimpaient à 67 %. Et la dynamique ne faiblit pas. L’année dernière, 71 % des juges en France étaient des femmes. « Ce sont des avancées notables », concède Sonya Djemni-Wagner, avocate générale à la cour de cassation et présidente de l’association Femmes de Justice. « Mais cette féminisation ne s’est pas accompagnée d’une répartition équitable des postes de responsabilités ». Et c’est ce fameux plafond de verre qui concentre aujourd’hui tous les regards. « Ce n’est pas parce qu’un corps est féminin qu’il n’y a plus d’inégalité ! La féminisation n’est pas la fin d’un processus d’égalisation, mais son début », analysent les chercheurs Yoann Demoli et Laurent Willemez.

Des inégalités d’accès aux postes de responsabilités

Aussi, plus on monte dans les échelons, plus les magistrates disparaissent des radars. Les chiffres en témoignent. D’après la dernière étude de l’association précitée, réalisée en mai dernier, seules 8 femmes occupent le poste de procureure générale sur les 37 cours d’appel françaises (dont le tribunal supérieur d’appel de Saint-Pierre-et-Miquelon). Traduction : 73 % des procureurs généraux sont des hommes. Du côté des procureurs de la République, la tendance est un peu plus équilibrée, mais pas renversante : 36 % de femmes. Sans oublier que les fonctions d’inspecteur général de la justice et procureur général près de la Cour de cassation n’ont jamais été attribuées à une magistrate.

Catherine Pautrat

De même, bien que sur le papier, un peu plus de la moitié des tribunaux judiciaires sont désormais présidés au féminin, la hiérarchie reste largement dominée par les hommes. « Si on se penche sur les douze plus gros tribunaux de France aujourd'hui, seulement un poste de direction est occupé par une juge », a souligné la magistrate Gwenola Joly-Coz au micro de Radio France, évoquant un « effet ciseau très, très fort entre la mixité et la parité ». Un constat qui saute aux yeux en regardant les cartographies dressées par l’association Femmes de Justice : dans les grandes métropoles et en Île-de-France, les postes-clés restent majoritairement aux mains des magistrats.

Selon Catherine Pautrat, première présidente de la cour d’appel de Lyon, le mouvement est bien enclenché, mais avance au ralenti. « Aujourd’hui, 13 premiers présidents de cours d’appel sont des femmes, soit près de 35 %, contre seulement 17 % en 2005. En deux décennies, le chiffre a doublé. » Encourageant, mais encore loin du compte. La preuve : parmi les plus grandes cours d’appel du pays (Paris, Aix-en-Provence, Versailles, Rennes, Douai et Lyon), elle est la seule aux commandes. « Cela montre qu’il reste encore des progrès à accomplir. D’ailleurs, ma nomination en 2022 marque un tournant, puisque jamais une magistrate n’avait occupé ce poste auparavant. ». Anne Kostomaroff complète. « À Lyon, plusieurs femmes se sont succédé à la fonction de procureur général : Sylvie Moisson (la première en 2014), Fabienne Klein-Donati et moi-même. On observe une lignée qui traduit un mouvement de fond. Seulement, il existe encore un décalage à rattraper ».

Une mobilité géographique favorable aux hommes

Pour expliquer ce déficit de parité, il existe des arguments. En cause première, une spécificité bien française : la mobilité géographique. « La nécessité de déménager, qui est bien souvent imposée pour progresser et gravir les échelons, pénalisent particulièrement les femmes parce qu’elles portent encore l’essentiel de la charge familiale et des tâches domestiques », explique Sonya Djemni-Wagner. Un impératif qui ne pèse pas de la même manière selon les genres « Les hommes règlent la question en faisant du célibat géographique. Ils partent seuls et laissent leur famille dans un lieu stable. Tandis que les femmes sont plus réticentes et ne demandent pas de mutation pour ne pas mettre en péril l’équilibre familial », précise Gwenola Joly-Coz, qui confie à Actu-Juridique avoir déménagé 17 fois au fil de sa carrière. 

Par ailleurs, une étude menée par les chercheurs Yoann Demoli et Laurent Willemez révèle qu’en 2018, les magistrates en poste avaient parcouru en moyenne 2 008 kilomètres au cours de leur carrière (avec une médiane de 788), contre 3 496 kilomètres pour leurs homologues masculins (médiane de 1 060). Tous les magistrats ne sont pas parents, en revanche, il est clair que les hommes déménagent plus que les femmes.

Anne Kostomaroff

Une mère (ou un père) doit-il mettre sa vie personnelle en parenthèse pour assouvir ses ambitions professionnelles ? Pour les femmes, Anne Kostomaroff hésite. « Peut-être bien… C’est une problématique de femmes. Elles ressentent souvent le besoin d’en faire plus pour prouver leur légitimité. Elles s’investissent intensément dans leurs fonctions, multipliant les efforts pour être à la hauteur. Mais cet engagement peut parfois se faire au détriment de leur vie familiale et de leur équilibre personnel. » Le dilemme est bien réel. Et un chiffre en dit long : en 2021, sur les 12 procureures générales en exercice, l’une d’elles a réalisé qu’elle partageait un point commun avec presque toutes ses collègues… Elles n’avaient pas d’enfants. Simple coïncidence ou preuve que, dans la magistrature, maternité et ascension professionnelle ne font pas bon ménage ?

« Les jeunes procureures ont peur de tout faire mal »

Catherine Pautrat, elle, a eu des enfants. Et la magistrate d’expérience ne cache pas que jongler entre le bureau et la maison a parfois relevé du grand écart. « Il arrive que l’on doive faire des arbitrages entre carrière et famille, et rendre la conciliation entre les deux complexe. Beaucoup de femmes optent pour un temps partiel, travaillant à 80 %, ce qui limite leur accès aux postes à hautes responsabilités ou d’encadrement. » 

Anne Kostomaroff, elle, a fait autrement. « Je n’ai pas rencontré de difficulté parce que j’étais totalement mobile et j’ai organisé ma vie différemment ». L’ancienne procureure générale de Limoges, forte d’un long bagage professionnel, sait bien que ce modèle ne colle pas à tout le monde. En discutant avec des jeunes procureures, des aspirantes et des magistrates de petites juridictions cherchant à évoluer vers de plus grandes, elle remarque que la nouvelle génération nourrit de nombreuses craintes. 

« Elles me confient avoir peur de tout faire mal. De ne pas être suffisamment présentes auprès de leurs enfants et dans leur fonction. C’est un vrai tourment pour les femmes de devoir servir à la fois leur famille et leur métier. Ce frein, qu’elles s’imposent ou qu’elles héritent, doit être surmonté, et il est essentiel de les y aider. » Leurs homologues masculins éprouvent-ils secrètement la même retenue ?

Une auto-censure des magistrates 

Un autre frein est aussi souvent pointé du doigt et sujet à débat : le manque d’audace des magistrates. « Beaucoup de femmes hésitent, doutent de leur capacité à assumer des fonctions aussi exigeantes. Ces postes sont éreintants, physiquement et psychologiquement, et s’accompagnent d’une lourde charge de responsabilités. Les hommes, eux, ne se posent pas la question : ils se considèrent naturellement à leur place. Il est temps que les femmes cessent de s’auto-limiter et de regarder leur parcours avec défiance », assène Catherine Pautrat. 

Passée par la présidence du tribunal judiciaire de Nanterre avant de devenir première présidente de la cour d’appel de Lyon, la magistrate a tracé son chemin dans des sphères historiquement masculines, notamment au sein de l’administration pénitentiaire. Son credo : oser ! « J’ai toujours suivi mes envies. Quand je voulais tenter quelque chose, j’y allais, sans me demander si j’étais "aussi compétente qu’un homme". Je savais que j’avais les capacités, alors j’ai postulé là où je me sentais légitime, sans remettre en question ma valeur. C’est cette confiance qui m’a sans doute permis de franchir toutes ces étapes, aussi variées soient-elles. À chaque fois, j’ai suivi mon ambition, en m’autorisant à y croire plutôt qu’à m’en interdire l’accès. » Preuve de l'importance de la volonté pour accéder aux responsabilités.

Anne Kostomaroff se souvient encore du moment où Jean-Claude Marin, fraîchement nommé procureur de la République de Paris, lui a proposé de prendre la tête du parquet antiterroriste. Sa première réaction ? « Le doute », naturellement. « Un réflexe typiquement féminin », pense-t-elle. Suis-je légitime ? En suis-je digne ? Ai-je les compétences ? Elle hésite, demande un temps de réflexion. À ce stade, elle n’a jamais mis les pieds au parquet : juge d’instruction, puis en poste à la Chancellerie, elle évolue dans un autre registre. « Ce doute-là, profond, instinctif, presque ancré, beaucoup de femmes le ressentent quand une opportunité se présente. » Elle finit par accepter et devient la deuxième femme à diriger la section antiterroriste du parquet de Paris.

Mais tout le monde ne partage pas cette idée de l’auto-censure féminine. Sonya Djemni-Wagner reconnaît que le phénomène existe, mais refuse d’en faire le cœur du débat. « Il est très fréquent que ce soit le premier argument avancé. Et c’est très problématique. Le discours qui consiste à dire : « Osez ! Soyez audacieuse », fait peser sur les épaules des femmes l’essentiel de la responsabilité des discriminations et de l’absence de parité. Finalement, si vous n’êtes pas nommée, c’est parce que vous n’osez pas ? » Un langage parfois tenu par les autorités elles-mêmes qui exposent leur souhait de nommer davantage de femmes mais qui manque de candidates. « Alors que ce n’est souvent pas tout à fait vrai, et cela dispense de s’interroger sur les vrais freins, ceux qui sont structurels. Or, c’est là-dessus qu’il faut agir en priorité, bien avant de parler d’auto-censure ».

Un sentiment présent dès la formation 

Pourtant, cette tendance semble bien avoir une influence déterminante sur l'évolution des carrières des magistrates, et se manifeste dès leur formation. Lucile Belda l'a notamment observé lors de ses recherches, en parcourant les couloirs de l’École Nationale de la Magistrature (ENM), en assistant aux cours et en échangeant avec différents auditeurs de justice. « Selon les promotions, entre 75 % et 80 % des élèves magistrats sont des femmes. Dans ce contexte, les rares hommes présents évoluent dans un environnement majoritairement féminin, ce qui leur confère une forme de privilège. L’habitus masculin – cette confiance en soi, cette capacité à oser prendre la parole et à faire preuve d’audace – est ici particulièrement amplifié », explique la doctorante en sociologie au sein du laboratoire Printemps de l’université Paris-Saclay.

À l’ENM, la formation passe par des simulations d’audience. Les élèves sont entrainés à juger, interroger, incarner l’autorité. Une sorte de répétition générale avant la vraie scène judiciaire. « On peut presque dire qu’ils jouent à être des juges », résume Lucile Belda. « Dans ces exercices, les quelques hommes osent davantage, vont plus loin dans leurs questions, ils se démarquent. Certains s’amusent même à jouer la carte du théâtre… À l’inverse, les femmes, dans leur grande majorité, restent plus timides, gênées, et leur confiance en elles semble bien moins affirmée. » Une dynamique à laquelle on ne pense pas spontanément, mais qui pourrait expliquer pourquoi les plus belles carrières judiciaires restent souvent masculines.

Par ailleurs, « quand on interroge les étudiants sur leurs ambitions, ils répondent sans hésiter : procureur, président de tribunal. Ils visent haut, projettent leur carrière en termes de hiérarchie, d’ascension, de postes à décrocher », précise la sociologue. « Les femmes, elles, pensent plutôt en termes de spécialisation, de ce qui les passionne dans la fonction judiciaire. Deux visions opposées qui façonnent, dès le départ, la manière dont chacun envisage son avenir. » En conséquence, il parait logique, voire souhaitable que des aspirations professionnelles divergentes aboutissent à des réalisations différentes.

Raison pour laquelle autant de magistrates sont présentes dans les affaires familiales ou la justice des mineurs. Une question à la fois de préférences, certes, mais aussi de contraintes : les horaires y sont plus souples qu’au parquet, le travail plus facilement aménageable. Et puis, surtout, ces postes sont délaissés par les hommes.

Des discriminations persistantes et des clichés à la peau dure

Trop émotives, pas assez stables, sous l’influence de leur mari… En 2025, les idées reçues d’un autre temps n’ont pas totalement disparu et participent indirectement à l’état de parité actuelle. « Les femmes magistrates sont encore perçues comme moins légitimes pour occuper des fonctions d’autorité », assure Sonya Djemni-Wagner. « Il persiste cette vieille idée selon laquelle la magistrature reposerait sur des qualités dites masculines : l’autorité, la rationalité. Ces biais existent et sont bien souvent inconscients, ce qui est difficile, c’est de les combattre. J’ai moi-même été témoin de réflexions pour le moins “étonnantes”, et plus d’une fois, j’ai été la seule femme dans des réunions stratégiques de haut niveau », confie-t-elle. La boîte mail de l’association Femmes de Justice, qu’elle préside, en est la preuve : les témoignages de magistrates confrontées à ces biais et autres difficultés persistent.


Sonya Djemni-Wagner

Catherine Pautrat, elle, se souvient des regards désapprobateurs qu’elle a croisés sur son chemin. « Quand j’étais auditrice de justice, un justiciable a refusé d’être jugé par moi, sous prétexte que j’étais une femme. Plus tard, en cabinet ministériel, on m’a “bizutée” en m’envoyant à une réunion de dernière minute, sans préparation, juste pour voir comment je me débrouillerais. Et dans l’administration pénitentiaire, j’ai eu affaire à un directeur particulièrement machiste, qui n’épargnait pas ses collaboratrices », se remémore-t-elle. Mais à chaque fois, elle a tenu bon. « Dans ces postes à responsabilités, on attend des femmes qu’elles défendent leurs convictions et fassent preuve de combativité. Alors, j’ai résisté, systématiquement. », ajoute-t-elle en précisant que si son parcours n’a pas été sans embûches, d’autres collègues ont vécu bien pire. Au demeurant, les hommes de justice sont-ils épargnés face au justiciable et face à la hiérarchie ?

« Des règles à changer »

Comment combler alors le déficit de parité dans la magistrature ? L’association Femme de Justice s’attaque au problème sur plusieurs fronts. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, elle a renouvelé une convention triennale avec le secrétariat général du ministère de la Justice pour rappeler l’importance de ses combats. Objectiver, documenter, visibiliser. « On parle beaucoup de l’inégalité hommes-femmes dans la magistrature, mais encore faut-il la quantifier. Il faut des chiffres, des études, une cartographie précise des écarts. Publier un livre blanc, c’est aussi empêcher que le sujet reste un vague ressenti », explique Sonya Djemni-Wagner.

Mais poser un constat ne suffit pas. L’association mène un travail d’influence auprès des autorités pour amener des mesures concrètes afin de changer les règles. « La mobilité, par exemple, est souvent un frein injustifié à la carrière des femmes. Pourquoi ne pas repenser le modèle ? Moins d’exil géographique, plus de mobilité fonctionnelle. Changer de poste sans devoir changer de ville, c’est aussi une preuve d’adaptabilité. »

Catherine Pautrat, elle, mise sur le mentorat. « Il faut que les cadres supérieurs prennent leurs responsabilités : encourager les magistrates, leur donner confiance, les aider à viser des postes qu’elles n’auraient peut-être pas osé briguer seules. C’est à nous de bousculer les mentalités, de créer des modèles. »

Lucile Belda s’en étonne encore : à l’ENM, ce sont les étudiants qui ont été les premiers à se mobiliser pour faire reconnaître la contrainte de la maternité, en demandant des aménagements pour les étudiantes enceintes. Un paradoxe, quand on sait qu’une fois dans la magistrature, le sujet disparaît totalement des radars. « C’est un corps de métier composé en majorité de femmes, et pourtant la grossesse, la garde d’enfants, tout ça est totalement mis de côté », déplore-t-elle. « À chaque génération, les magistrates tombent enceintes à peu près au même âge, au même moment. » Un angle mort criant, qui mériterait enfin d’être pris en compte. D’autant plus que, pour la première fois, une femme, Nathalie Roret, dirige l’ENM.

Les quotas, « un levier puissant » ?

Et si rien ne bouge, faut-il aller jusqu’à imposer des quotas, comme la loi Sauvadet de 2012 – qui, ironiquement, ne s’applique pas aux juges des tribunaux ? « Ce serait un levier puissant », affirme Sonya Djemni-Wagner. « Si les choses n’évoluent pas plus vite, il faudra y recourir », renchérit Catherine Pautrat. Mais Anne Kostomaroff, elle, reste réticente à cette idée : « Je ne crois pas que ce soit la bonne solution. Mieux vaut éviter de rigidifier encore davantage la magistrature. » 

Pour la procureure générale, l’un des vrais leviers est l’implication des hommes. Pas comme des adversaires dans cette lutte pour l’égalité, mais comme des alliés. Pour autant, toutes se montrent optimistes et tombent d’accord sur un point : le mouvement est en marche. Et la magistrature de demain devrait enfin se conjuguer au féminin et à tous les niveaux.

Enzo Maisonnat

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